Après une édition du siècle qui courait sur deux week-ends (7 jours de concerts), il allait être difficile de proposer plus. Pourtant cette 16ème édition n’a pas à rougir de sa grande sœur, avec des têtes d’affiche toutes plus incontournables les unes que les autres et parfois même des doubles headliners ! C’est une formule à 4 jours qui a été choisie cette année et il semble que cette formule deviendra pérenne, puisqu’à l’heure où nous écrivons ce texte les dates de la prochaine édition sont déjà dévoilées (du 27 au 30 juin 2024). Mais revenons à cette année pour parler de ce qui change. La Valley prend l’air en face de la Warzone pour gagner en place et en respirabilité pour proposer le merch du fest en dehors de la circulation, une très bonne idée. Quelques éléments de décoration ont changé également mais pour le reste on retrouve nos marques.
Comme d’habitude, on démarre par une petite journée à 16h mais ce soir c’est la grosse fiesta avec Kiss. Alors on n’a pas de photos parce qu’il fallait des accréditations spéciales pour la tête d’affiche, mais on va quand même vous en parler un peu. Comme l’année dernière nous sommes plusieurs rédacteurs et nous avons tenté de couvrir un maximum de groupe.
CODE ORANGE par Vassago (Photos V.Photographie)
Première découverte du festival, Code Orange est un groupe de Punk Hardcore qui aurait aussi pu avoir sa place du côté de la Warzone. Mais aujourd’hui ils ont l’honneur d’ouvrir le festival sur la Mainstage 2. Musicalement on est proche d’un groupe comme Black Flag qui justement est aussi à l’affiche de cette édition mais sur la Warzone. Sur scène, le groupe bastonne plutôt fort. Malgré un public encore un peu clairsemé, l’accueil est très positif.
BLACKBRAID par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Les premiers furieux s’agglutinent sur la Temple en ouverture de ce Hellfest sous toile. La double tente est quasi pleine en ce début d’après-midi. Quant aux gars de Blackbraid, comme à leur habitude, ils arborent des peintures grossièrement folkloriques. Le son des instrus est assez rond et homogène permettant de bien entendre le growl de Sgah’gahsowah (oui, oui, c’est bien son nom) agrémenté d’une bonne réverbe. Au final, même si l’on cherche un peu l’aspect Amérindien dans le son, le Black est très identifiable dans son essence de base.
COHEED AND CAMBRIA par Vassago (Photo V.Photographie)
Coheed And Cambria prend le relais sur la Main 1. Il propose un Rock Metal Progressif plus sage et fin. Pour le moment le public est plutôt amorphe mais attentif, ça ne saute pas partout, le groupe fait un magnifique set le temps de faire monter en pression le festival. Les gens boivent tranquillement leur bière au soleil en mode détente. On est à la cool.
AEPHANEMER par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
L’ouverture de l’Altar se fait avec les Français d’Aephanemer. Sur une intro classique, pour le genre mélodique, apparaissent un à un l’équipe. Si le visuel est simple, on apprécie un son particulièrement propre et précis dans les aigus, rendant honneur au riffs mélodiques en support du growl (en majorité) et quelques rares envolées lyriques. Un son de clavier très présent virtuellement mériterait une interprétation physique. La foule, de son côté déjà bien épaisse en amont du set, a vu le peloton du Temple faire la transition quitte à déborder sur l’extérieur.
KAMIZOL-K par Vassago (Photos V.Photographie)
Cette année, la Warzone accueille pas mal de Punk old school, mais Kamizol-K est là justement pour faire mentir cette première affirmation avec du bon vieux Hardcore bien agressif. Le groupe doit sa place sur l’affiche à la suite d’un concours : le Voice of Hell Contest qu’il a remporté. Le chanteur et la chanteuse sont très actifs sur scène et le public est déjà bien chaud, pourtant c’est le premier concert sur cette scène. La réputation de la Warzone n’est plus à faire, c’est du sérieux d’entrée de jeu.
I PREVAIL par Vassago (Photos V.Photographie)
Une belle découverte avec I Prevail et son Metalcore porté par deux chanteurs. Le show est court et nerveux, le temps de convaincre le parterre de spectateurs qui commencent à enfler gentiment devant les mainstages. On en redemanderait bien un peu en rab, mais nous ne sommes qu’en début de journée.
IMPERIAL TRIUMPHANT par Clément (Photos Clément Coupin)
N’ayant malheureusement assisté qu’au dernier morceau de la setlist, le groupe Imperial Triumphant ne reste pas moins (comme son nom l’indique) grandiose. Son ambiance majestueuse et planante colle parfaitement aux personnages incarnés par les membres du groupe de Metal expérimental, vêtus de grandes toges noires et de masques dorés inspirés des masques vénitiens. Une claque visuelle et une expérience à découvrir.
GENERATION SEX par Vassago (Photos V.Photographie)
Generation Sex ce sont un peu les Sex Pistols mais avec Billy Idol comme chanteur. Pas étonnant donc que le groupe chante les titres qui ont fait le succès de Sex Pistols et de Generation X. Hélas le spectacle offert ici sur la mainstage est un peu tiède, Billy Idol est collé à son prompteur, le reste du groupe semble jouer sans réelle conviction. Bref, on est très loin de la hargne et du son brut des créateurs du Punk. On se consolera avec la nostalgie pour les plus vieux d’entre nous à l’écoute de God Save the Queen, quant aux plus jeunes la plupart sont partis voir les autres scènes.
NIGHTFALL par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
De retour sous les tentes jumelles, les têtes ne changent pas. Visiblement, certains ne verront pas beaucoup le soleil en ce 1er jour. Le Death Metal grec a encore de beaux moments devant lui avec de telles prestations. Ça gratte vite, très vite et le son très gras du chant apporte une sorte de liant dans cette rythmique intense. Les mouvements de transit entre les scènes sont maintenant plus difficiles tellement le public est dense entre l’Altar et la Temple. Des jonctions sont même bien présentes avec les bars les plus proches…
IN FLAMES par Pierre-Luc (Photos V.Photographie)
Ce sont maintenant les Suédois de In Flames et leur Death Mélodique qui se chargent de l’ambiance. Ayant posé les bases du genre, ils le réinventent depuis plus de 30 ans avec leurs 14 albums, dont le dernier, Forgone, vient de sortir.
L’intro sur riff acoustique met tout le monde au diapason. Dès les premières notes, la différence d’acoustique saute à la gueule. La voix d’Anders Fridén, à la fois grasse et craquante, y est sans doute pour quelque chose. L’instru n’est pas en reste, prouvant tout de suite que le groupe a encore de belles et nombreuses années à passer au sommet du genre. In Flames, loin de s’éteindre après une carrière aussi longue joue les increvables en bastonnant les oreilles. Incompréhensible de ne pas les avoir plus haut sur l’affiche tant ils sont redoutables d’efficacité.
HOLLYWOOD VAMPIRES par Vassago (Photos V.Photographie)
Ce n’est quand même pas tous les jours qu’on a l’occasion de croiser la route d’une star internationale sur scène en France. Mais si en plus Johnny Deep est accompagné par deux monstres sacrés du Hard Rock en la personne d’Alice Cooper et Joe Perry, difficile de ne pas rester scotché devant Hollywood Vampires. Et c’est une très bonne chose car le groupe gagne à être connu en live plutôt que sur album. Malgré un petit temps mort sur un titre chanté par Deep, la set list proposée fait plutôt bien taper du pied. Un show qui ne sera pas des plus énergiques, mais où la coolitude déborde par tous les conduits auditifs. Un concours d’attitude remporté haut la main par l’acteur pirate.
HARAKIRI FOR THE SKY par Shatenewton (Photos Shatenewton)
Place aux autrichiens d’Harakiri for the Sky. L’atmosphère musicale sombre et lourde laisse clairement entrevoir les penchants post et black du groupe. L’ensemble est propre et bien réalisé, en harmonie avec l’expérience et la renommée qui leur est connue. Le public, présent en grand nombre, est entraîné par un son puissant mais dans un élan qui reste quand même bien calme. Les têtes headbang, mais ce n’est clairement pas ici que l’on attend pogo, wall of death et autres fioritures mouvementées…
LUDWIG VON 88 par Shatenewton (Photos Shatenewton)
Nous voilà dans un changement radical côté Warzone. Ludwig von 88 est bien présent pour amener un peu de légèreté avec un rock punk qui se joue dans une ambiance fun et parodique. Malgré leurs 40 années d’existence, le public est toujours aussi nombreux et au rendez-vous tout en ayant réussi à se renouveler. Nul doute que le côté Alice au pays des merveilles qui nous jette des paillettes (ou des confettis…) aux yeux fasse encore sourire et bouger pour longtemps !
DARK FUNERAL par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
On repart sur du Black Metal Old School tant par le visuel que par la musique.
Petite intro funèbre au son des percussions pour Dark Funeral. Et non, les premiers à jouer maquillés de blanc et de noir ne seront pas sur la mainstage mais à la Temple. Au milieu des flammes et de la fumée, la noirceur bruyante grandit. Beaucoup de saturation et un mouvement de poignet indistinguable sont les principaux ingrédients de ce son quasi tangible. Ajoutez à ça une voix qui prend le dessus avec toute la puissance et la longueur que des cordes vocales peuvent fournir (voir même plus). Vous obtenez la prestation la plus dense à ce stade du Hellfest.
ARCHITECTS par Vassago (Photos V.Photographie)
On avait eu la chance de les voir en première partie du second concert au Stade de France de Metallica, mais Architects est un groupe qu’il est bon de voir sur un show et surtout une scène plus classique que la scène centrale des Metz. Ce soir, ils auront fait très forte impression sur un public massivement agglutiné pour en découdre au pied de la Mainstage 2. Soufflant le show sans jeter de froid, le groupe va s’imposer comme une co-tête d’affiche non déclarée ce soir au Hellfest. Architects est un groupe qui monte et si les étoiles sont bien alignées on devrait encore les voir s’imposer toujours plus haut sur les affiches des festivals les plus importants !
HYPOCRISY par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Death Metal mélodique made in Sweden partie 2 avec les historiques d’Hypocrisy. On retrouve nos vieux briscards quelques mois après leur belle prestation à la machine du moulin rouge.
Si l’écrin était sans doute un peu petit (bien qu’intimiste) la dernière fois, on voit qu’un Altar leur sied à merveille côté ambiance et scénographie. Côté audio, c’est du tout bon pour ce que les chapiteaux peuvent offrir. Les screams et growls s’enchaînent avec une propreté peu commune. L’équilibre est très juste pour les cordes et enfin la batterie claque également particulièrement bien. Une manière quasi parfaite de clôturer sa journée de Death.
KISS par Vassago
Ce n’est pas sans une petite pointe au cœur qu’on verra Kiss ce soir nous faire peut-être son dernier passage au Hellfest. En effet, le groupe est en pleine tournée d’adieu. Alors on le sait, souvent les groupes annoncent leur départ et on les retrouve encore en concert 10 ans plus tard, mais à un moment donné c’est vraiment la dernière et les membres du groupe, notamment Gene et Paul commencent à accuser le poids des années. On aurait pu avoir un spectacle poussif joué par des musiciens rincés par une vie d’excès ce soir. Mais Kiss reste une énorme machine à fiesta. Le groupe nous aura gratifié d’un show parfaitement exécuté et sans playback contrairement à ce que racontent les mauvaises langues. Gene aura craché le feu et le sang, Tommy lancé des fusées avec sa guitare et Eric chanter Beth (cependant on doute qu’il ait réellement joué du piano…) et fait son solo démo classique. Seul Paul n’aura pas volé au-dessus de la foule vers sa plateforme comme il a l’habitude de le faire (le format festival impose des adaptations). En revanche il aura beaucoup parlé au public et joué avec la caméra, il aura également chanté parfaitement, même s’il ne peut plus pousser aussi haut sur I Was Made For Loving You, pour un homme de plus de 70 ans, ça reste impressionnant. Il fracassera sa guitare comme il a l’habitude de le faire, elle ne tiendra qu’un seul coup, le bonhomme en a encore sous le coude ! Pour son End Of The Road Tour, Kiss démontre qu’il est possible de partir en beauté avec dignité. Melolive n’a malheureusement pas été accrédité pour faire des photos sur ce concert, mais vous retrouverez quelques clichés sur la page instagram et Facebook de Vassago qui a pu les immortaliser pour Guitare Xtrême Magazine.
BEHEMOTH par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Après le Death, c’est au Black de terminer son 1er jour. Là encore, pourquoi se priver des pointures incontestées du genre, Behemoth. Ces derniers démarrent sur un drap blanc et le public en transit risque bien de ne pas passer sous le chapiteau avant même le début du set. Petit jeu d’ombre chinoise pour une entrée bien crescendo. La pyrotechnie ne tarde pas à se montrer dès le 1er titre. Si Dark Funeral mettait la barre haute dans la densité audio quelques heures plus tôt, Behemoth apporte à cela une rythmique encore plus variée, des voix plus homogènes et bien évidemment une scénographie iconique qu’on leur connaît depuis longtemps. Ajoutez à cela une foule à qui l’on offre, pour la majorité, enfin le groupe qu’ils attendent depuis le début de journée et vous obtenez la plus grosse ambiance de la journée sous les tentes.
PARKWAY DRIVE par Vassago (Photo V.Photographie)
Quand Parkway Drive débarque sur la mainstage 2 il a la lourde tâche de succéder à la tête d’affiche de la soirée et de son show très haut en couleur. Ils prennent le contrepied avec une entrée en scène très solennelle façon messe noire du plus bel effet. C’est ensuite un show extrêmement énergique qui va se dérouler avec jeux de flamme et lumière stroboscopique plutôt blanche. Le chanteur lui-même en blanc en impose alors que les musiciens tiennent leur place plus discrètement pour le soutenir. Côté public c’est l’éclate, circles pit, slams et pogos seront de la parti tout au long du concert.
FISHBONE par Vassago (Photos V.Photographie)
Ça commençait à faire un sacré bout de temps qu’on n’avait pas eu l’occasion de voir Fishbone sur scène en France. Groupe très présent dans les années 90 avec sa Fusion Rock particulière, nous renouons avec ces musiciens cultes grâce à la Warzone dont ils sont la tête d’affiche et le dernier concert de la journée. Le public ne s’y trompe pas et répond présent en masse, c’est une Warzone assez calme mais très investie qui se retrouve. Beaucoup de ceux qui ont apprécié Kiss juste avant préfèrent venir voir ce vieux de la vieille pendant que la génération plus jeune s’encanaille devant Parkway Drive.
Voilà une première petite journée en guise de warm up deluxe qui s’achève tranquillement. On rentre se coucher rapidement car une grosse journée nous attend dès le lendemain avec quasiment deux fois plus de groupes.
Rédaction par Pierre-Luc Perrin, Shatenewton et Vassago
Photos par Shatenewton, Clément Coupin et V.Photographie