Avec ce second jour, on rentre dans le dur du festival. En effet ,si hier la journée commence tardivement aujourd’hui un gros programme nous attend avec beaucoup de groupes incontournables parmi lesquels il va falloir choisir. Ce soir c’est Mötley Crüe qui joue la tête d’affiche, mais nous avons aussi Def Leppard sur le pont. Machine Gun Kelly nous le verrons ne fera pas forcément l’unanimité.
ESCAPE THE FATE par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Il ne fallait pas être en retard pour Escape The Fate tant pour l’heure que la durée du set. On retrouve principalement dans la fosse les plus frais de la veille. L’ambiance est encore paisible avec quelques jumps pour l’échauffement. Après un démarrage dans les graves un peu timoré, la voix de Craig Mabbitt décolle enfin. Passé 2 titres au clair, le set se montre plus intense. L’instru prend aussi de l’épaisseur et cela réveille bien le pit. La note finale sur The Guillotine II : This War is Our marque bien l’ambiance de cette nouvelle journée : aujourd’hui ça va être la guerre sur la Main 2 !
MOD SUN par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
On reste sur les mains en ce début de deuxième journée avec Derek Ryan Smith plus connu sous Mod Sun. Bien que son existence soit très récente comparée aux références du punk Californien, il parle avec nostalgie aux nombreux fans du genre en ce jour. Pas mal de feat dans son répertoire, le premier laissera la foule un peu frustrée car malgré sa présence plus tard dans la soirée, Machine Gun Kelly ne sera qu’une voix enregistrée. Première bonne surprise du fest personnellement, ils font un taf plus que fou. Un petit moment hors du temps où un courageux festivalier fait sa demande (et heureusement elle dira oui), super bien accueillie par le groupe qui fait monter les futurs mariés sur la scène avant, qu’à son tour, Derek se prenne un bain de foule.
BRITISH LION par Vassago (Photos V.Photographie)
Derrière ce nom se cache le projet récréation de Steve Harris duquel on peut également trouvé les fils au poste de chanteur. Comme attendu c’est quand même surtout le papa qu’on veut tous voir et les nombreux photographes dans le PIT n’auront d’yeux que pour lui ou presque. C’est dommage car le chanteur se défend plutôt bien vocalement mais on est loin du charisme familial, il paraît presque effacé derrière son micro. Ce n’est pas lui la star. Nous on pense que le fiston à tout intérêt à s’émanciper rapidement de l’encombrant héritage de son nom pour se faire un prénom dans un British Lion sans Steve et pourquoi pas même essayer de moderniser un peu le propos musical afin de finir de se démarquer de Maiden. Egoïstement, on reste tous très heureux d’avoir pu prendre Steve Harris sous toutes les coutures.
NOTHING MORE par Vassago (Photos V.Photographie)
Aussi bien visuellement que musicalement Nothing More aura mis tout le monde d’accord dès le premier titre. Quel look les amis, ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas émerveillé par un maquillage (les autres étant tellement peu originaux en la matière la plupart du temps). Mais surtout quel chanteur charismatique, toujours le regard fiché sur le public comme s’il s’adressait directement à eux dans les yeux. C’est un set un poil trop court du coup pour un groupe de ce calibre. On espère les avoir plus longuement sur une scène parisienne à l’occasion.
AKIAVEL par Pierre-Luc (Photos Shatenewton et Clément)
Début en intérieur à la Temple avec les frenchies d’Akiavel et leur Death mélodique. Les tentes sont déjà prises d’assaut par rapport à la première journée. Comme la veille, la différence d’acoustique se fait bien sentir et la grosse caisse nous transperce à chaque frappe. Les saturations font surtout le jeu de la guitare. Et que dire de la “douce” voix d’Auré qui pourrait couper le sifflet à une bonne partie de la population masculine au chant Death.
DER WEG EINER FREIHEIT par Pierre-Luc (Photos Shatenewton et Clément)
On reste sous les tentes avec Der Weg Einer Freiheit et leur Black Metal multi-inspiré qui approche tout juste les 15 ans d’existence, fait un peu rare dans le line up des Altar/Temple cette année côté Death et Black. Pour le coup, ce n’est pas la scéno qui va les faire transpirer. Pour autant, ça taffe dur de la main droite (j’ai vérifié, ils sont tous droitiers !). Le son est assez propre et rond, Black oblige, pour accompagner Nikita Kamprad au chant, qui fera au passage un très bon boulot. Dans l’ensemble, on est sur du Black classique certes mais efficace avec des mecs qui se donnent bien pour une publique qui déborde déjà de la Temple.
SKID ROW par Vassago (Photos V.Photographie et Clément)
Depuis la séparation d’avec Sebastian Bach Skid Row n’était plus que l’ombre de lui-même avec leur second chanteur. On avait déjà constaté que le remplacement de ce dernier par Erik Grönwall sur album marquait une sorte de renaissance et nous avons pu confirmer sur scène que c’est un retour gagnant pour le groupe. Skid Row a littéralement pris en otage le Hellfest. Irréprochable aussi bien scéniquement que musicalement, on mesure à quel point les classiques nous avait manqué et surtout que le nouveau matériel ne dénote pas au milieu. S’il continue sur sa lancée, il ne fait aucun doute que Skid Row sera bientôt beaucoup plus haut sur l’affiche lorsqu’ils reviendront nous voir à Clisson.
UNEARTH par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
On enchaîne direct avec les Américains d’Unearth et leur metalcore métissé. On leur prête des sons Deathcore ou même Hardcore. Les transits inter-chapiteau se font plus compliqués avec les campeurs qui se font de plus en plus nombreux, faisant gentiment déborder la foule en intérieur et extérieur. L’intro funk sur « The Power of love » chauffe gentiment les gorges du public (s’il en avait encore besoin…) avant de trancher brutalement avec un gros growl et un solo en tapping à en casser le manche. La puissance qu’on leur connaît prend le relais pour un set maîtrisé tant côté instru (rythmique et solo) qu’au chant, le tout avec la qualité sonore qu’on connaît désormais sous ces toiles.
MOTIONLESS IN WHITE par Clément (Photos Clément et V.Photographie)
Voilà un groupe qui compte 6 albums au compteur et que nous connaissons malgré tout assez peu en France. Le Hellfest c’est aussi l’occasion de découvrir des groupes vers lesquels on ne serait pas allé directement. Et dans ce cas précis, il aurait été dommage de passer à côté du metalcore très visuel de Motionless In White. Même s’il s’inscrit dans une scène déjà bien représenté, le groupe apporte sa couleur et son look pour se démarquer un peu. On va creuser l’histoire pour tenter d’en savoir plus sur les Américains.
ABORTED par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Place au voisin Belges d’Aborted et leur Brutal Death Métal. Premier représentant du genre dans cette 16eme édition du Hellfest, on touche au gratin européen. En 30 ans d’existence et 11 albums, ils ont su garder le même cap et profiter de leur approche du genre. En ce début de set, il est clairement visible que l’Aborted Army a répondu présente. Et il fallait bien ça parce que le monsieur est très énervé en rentrant sur scène.
ALTER BRIDGE par Vassago (Photos V.Photographie et Clément)
Le groupe démarre son set avec un souci technique du côté de Mark Tremonti. Ainsi c’est Myles Kennedy qui va s’occuper des guitares jusqu’au solo que Mark pourra jouer in extremis. Mais c’est là qu’on voit qu’un groupe assure, Mark entre malgré tout rapidement dans le show et prend sa place comme si tout était normal, il ne semble même pas agacé et Myles, comme le reste du groupe, reste zen. Au final, on est à peu près certain que les gens qui se trouvent un peu loin de la scène n’ont rien perçu du problème. L’année dernière, on avait trouvé Myles un peu ennuyeux avec son projet solo, comme quelqu’un qui fait de la musique en s’excusant d’être là. Mais avec Alter Bridge il semble plus à l’aise, comme si le soutien de ses comparses lui donnait une légitimité à ses propres yeux. Certes, il ne saute toujours pas partout et n’en fait pas des tonnes, mais il sourit, il envoie le bois et campe solidement ses deux pieds au sol. Ça fait plaisir à voir. Le set du groupe sera très efficace comme d’habitude avec un son nettement plus maitrisé que lorsqu’on les avait vus au Dôme de Paris.
PAPA ROACH par Pierre-Luc (Photo Lydie, Clément et V.Photographie)
Retour sur la main stage pour Papa Roach. On ne les présente plus tellement l’historique de 30 ans parle pour eux. Un genre ? Classé comme Metal alternatif, ils sont surtout bons dans tout ce qu’ils font. Du Néo ok, plus du rock, pas de soucis, ça passe toujours. Le show se lance sous pyro enflammant les quelques rares frileux musicaux restants (s’il en existe encore à ce stade). Le nostalgique dira que tout est encore intact malgré la durée, l’auditeur objectif dira… ben la même chose. Ça bouge dans tous les sens, la voix de Jacoby Shaddix est tellement proche du son studio, c’est juste nickel (moi pas objectif… jamais avec le Néo Metal). À coup sûr, un grand moment de cette édition, en témoigne la foule hallucinante concentrée sur la scène.
BELPHEGOR par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Retour sous les tentes avec Belphegor, représentant leur belle Autriche que trop rarement mise sous les feux des scènes Métal. Jusqu’à présent, il y avait le Death d’un côté et Black de l’autre sous ces toiles, il est temps d’unir les deux dans une messe noire. L’intro sur Sarabande mêlée à la grosse caisse qui claque et l’entrée des artistes peinturlurés marquera les néophytes à coup sûr. Côté visuel, les images parlent d’elles-mêmes, on est en plein rite sur fond de Black un cran moins intense qu’à l’accoutumé mais permettant ainsi d’apprécier les mélodies lugubres. La reverb (naturelle ou non) dans le growl d’Helmuth apporte une sensation de chorale plus proche du démon que de l’humain. S’ils n’étaient pas encore inscrits dans votre chair, c’est le moment de se scarifier pour une bonne raison.
DEF LEPPARD par Vassago (Photos V.Photographie)
Aujourd’hui, c’est un peu le père noël des boomers au Hellfest. Avec Mötley Crüe en tête d’affiche on était déjà aux anges, mais si en plus on ajoute un autre groupe qui ne passe pas très souvent en France à l’affiche, on ne touche plus terre. Def Leppard est plutôt en forme ce soir, le groupe a la patate et les sourires témoignent de la joie qu’ils ont à passer ce moment avec nous. Musicalement, toute la disco ou presque est visitée et le son est juste d’une rare propreté.
GORGOROTH par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Il est temps d’en terminer avec le Black pour aujourd’hui. Après Behemoth hier, nouvelle très grosse pointure du genre ce soir avec Gorgoroth. Place forte du Black Norvégien et mondial, son passé n’est pas des moins tumultueux et sa périclitation aurait pu être réalité à de nombreuses reprises, entre les guerres juridiques d’anciens membres ou encore la mort qui passe par là. Particularité d’un concert, les premiers morceaux sont des exclusivités entraînant l’interdiction de vidéo pro, les photographes s’en réjouissent.
MACHINE GUN KELLY par Vassago (photos V.Photographie)
Lorsque Machine Gun Kelly entre en scène on découvre un décor plutôt grandiloquent, on apprécie la mise en scène et l’effort mis sur l’esthétique. La lumière est exclusivement sur le chanteur laissant la plupart du temps le reste du groupe dans le noir s’assurant ainsi les faveurs des photographes accrédités. Côté public, on est plutôt froid en début de show. Ceux qui sont bien devant la scène semblent apprécier, mais ceux qui attendent Mötley Crüe trouvent le temps long. A la fin du show, lorsque Machine Gun Kelly diffusera un clip en guise de conclusion, un truc vaguement Rap/Punk, le public le huera avec force. C’est la première fois qu’on voit un artiste se faire huer de la sorte par le public du Hellfest qui habituellement est plutôt ouvert. On peut donc parler d’une performance. Il faut dire que le chanteur fait tout pour jouer les têtes à claque, regards hautains, poses provoquantes et attitude pédante, le tout quelque peu surjoué. Un groupe comme Slipknot a aussi ce type d’attitude qui ne plaisait pas à tout le monde en début de carrière, mais ce dernier avait pour lui d’être cohérent musicalement en proposant un show brutal.
BLOODBATH par Pierre-Luc (Photos Shatenewton)
Fin de journée inverse par rapport à la veille avec du Death en dernier par le groupe Bloodbath. Composé de beau monde, il rassemble des membres de grands noms tels qu’Opeth pour la batterie, Katatonia pour les cordes et Paradise Lost pour le chant. Leurs compétences ne sont plus à démontrer, mais on parle de Death ce soir. Que les sceptiques n’essaient même pas de l’ouvrir, le travail est plus que bien fait. En même temps, 20 ans ça ne se fait pas par chance. Les instrus sont propres, le virage Doom vers Death n’étant pas si important quand on y pense, alors que l’on redécouvre d’une certaine manière la voix de Nick Holmes.
MOTLEY CRUE par Vassago (Photos V.Photographie)
Lorsque Mötley Crüe monte sur scène on retient son souffle. Ça fait tellement longtemps qu’ils ne sont pas venus tourner en France qu’on ne sait même plus quand c’était la dernière fois. Et il est fort possible que la future tournée des stades ne passe pas par la France car le groupe remplirait difficilement un stade par chez nous. C’est donc surement la seule et unique fois qu’on aura l’occasion de les voir avant longtemps. Alors ok c’est John 5 qu’on aura à la place de Mick Mars, et il sera difficile à prendre en défaut dans son rôle, il fait le job même si on aurait apprécié qu’il se démaquille et colle un peu plus au reste du groupe visuellement. Là on dirait qu’il joue avec Rob Zombie. Vince Neil chante juste ! Il est certes noyé dans la reverb, il ne monte pas autant qu’il devrait sur certains titres, mais il est juste et ce n’est pas du playback. Nikky Six est toujours ce rock charismatique sur scène et Tommy Lee le batteur le plus visible du monde du rock. C’est donc un vrai show à la Mötley avec danseuses, décors et statues gonflables géantes. On aurait juste adoré voir Tommy Lee faire un solo en apesanteur, mais festival oblige on passera à côté. Machine Gun Kelly et son batteur viendront faire une apparition sur scène, ils se feront huer de fort belle manière. Il est clair que le public de Mötley Crüe n’est pas très ouvert au style du jeune chanteur.
SUM 41 par Pierre-Luc (Photo Shatenewton et V.Photographie)
On termine cette deuxième journée aux main-stages avec les incontournables Sum 41. Avec leur retraite annoncée pour l’année prochaine, c’est déjà un morceau d’histoire qui se joue ce soir. Certes ils sont encore jeunes comparés à d’autres dinosaures de la musique, mais ils ont sans aucune mesure marqué leur époque et leur mouvement. Les grands classiques sont de sortie, In Too Deep, Hell Song ou encore Pieces, c’est du petit-lait pour le peuple. Ajoutez à cela des covers qui fonctionnent plus que bien comme Sleep Now in the Fire (RATM) ou We Will Rock You (Queen), l’annonce d’une ultime date en France pour novembre 2024 et vous avez une heure de concert qui restera gravé dans la mémoire de tous.
Ce second jour aura été plutôt fait la part belle aux groupes quelques peu old school. Comme toujours le Hellfest essaye de proposer un ensemble cohérent sur les mainstages. Les autres scènes se chargent de la diversité pour ceux qui serait réfractaires au thème du jour. Pas mal de groupes qu’on ne voit pas souvent ou qui vont bientôt s’arrêter auront défilé ce jour.
Rédaction par Pierre-Luc Perrin, Shatenewton et Vassago
Photos par Shatenewton, Clément Coupin et V.Photographie