Créatrice d’une musique électro-pop sophistiquée, influencée par Christine and the Queens, Imogen Heap, Stromae et Mylène Farmer, la chanteuse canadienne Amay Laoni continue de briller et promet un avenir des plus radieux. L’artiste québécoise vient tout juste de sortir un nouvel EP Jouer pour jouer. Découvrons ensemble cette artiste remplie d’amour et d’humanité. 

Bonjour Amay, comment vas-tu?
Ça va vraiment, vraiment bien ! Je reviens d’un beau voyage à Vancouver. Je suis allée faire un concert là-bas vendredi soir. C’était magique! C’était à l’occasion du festival d’été francophone de Vancouver. En plus, ce matin, je viens d’annoncer que je serai en première partie de Christophe Willem le 28 septembre dans le cadre du festival l’Estival au théâtre de Poissy. C’est vraiment une belle journée !

Peux-tu te  présenter (d’où tu viens, quel âge as-tu…) ?
Mon nom d’artiste est Amay Laoni, je suis une canadienne. Ça fait plusieurs années que je fais de la musique. Je suis maman et ça fait des années que je suis avec le papa de ma fille, Etienne Chagnon. J’aime beaucoup en parler parce qu’on est vraiment un binôme dans la création. Ensemble, on a créé notre propre maison de disques, notre propre label depuis plus de cinq ans. On est artistes entrepreneurs, c’est pas toujours évident, c’est pas tous les jours facile mais ça nous permet vraiment d’avoir une liberté de création, une liberté de décision, de chemin dans lequel on a envie de passer. Tu vois, pendant plusieurs années, j’ai toujours fait ma propre musique. Pendant toutes ces années, j’ai mis beaucoup plus de place pour la collaboration donc j’ai écrit et composé pour plusieurs artistes, un peu comme des Christophe Willem mais version québécois. Donc des artistes de variété. J’ai écrit énormément de chansons pour des artistes qui passent énormément à la radio, ici au Québec. J’étais l’artiste de l’ombre pendant très longtemps et depuis maintenant quelques années je mets beaucoup de force dans ce projet là, le projet Amay Laoni parce que j’ai envie de rentrer en contact avec les gens, il y a quelque chose de tellement précieux qu’on vit sur une scène que l’on ne peut pas vivre quand on fait juste de la création derrière. Donc depuis quelques années, je plonge.

 

Ça fait combien de temps que tu t’es lancée dans la musique ?
Depuis que je suis toute petite, j’ai toujours voulu chanter. Je savais que je voulais chanter. Je ne savais pas si je voulais composer mes chansons. Par contre, j’ai un souvenir de moi qui est toujours en train de composer des chansons dans ma tête. J’invente des chansons et je me souviens même que quand j’étais un petit peu plus vieille j’écoutais beaucoup de chansons d’interprète. Il y avait beaucoup d’interprètes qui m’inspiraient et je me suis même dis « ah, ouais ok interpréter des chansons… » on dirait que pour moi il manquait un côté création justement. Après ça, ici au Québec, on appelle ça le cégep, c’est après le high school, c’est après les études. Quand tu as entre 18-19 ans, que tu rentres dans des études supérieures, c’est avant l’université. Je suis allée étudier en musique. Donc pour moi c’était sûr que je voulais faire de la musique. Mais encore là, c’était de l’interprétation et le fait d’avoir interprété beaucoup de chansons ça a été très formateur pour moi parce que ça m’a permis d’analyser les textes des chansons, de comprendre ce que j’aimais dans ces chansons-là et de pouvoir les interpréter. Après les études de musique, j’ai rencontré mon copain, Etienne, c’est vraiment lui qui m’a poussée. Etienne, c’est un musicien qui a joué avec beaucoup de grands artistes au Québec, qui a fait les grandes salles. Et quand on s’est rencontrés, à un moment donné il fallait faire une chanson thème, je me souviens pour un concours ici au Québec. Etienne était  le directeur musical et il m’a demandé de faire cette chanson-là. Je lui ai dit que je ne composais pas de chanson. Et il me dit que c’est le moment de t’exercer et de sauter. Donc j’ai commencé à écrire. Et à partir de là, j’ai vraiment eu la piqûre d’écrire pour moi. Au début, j’écrivais des chansons pour moi et a un moment donné il y a eu le décès de ma grand-mère et comme toute bonne famille on demande à la chanteuse de la famille de chanter pour les funérailles. J’ai accepté mais je me suis dit, non seulement je vais chanter pour elle mais je vais écrire une chanson, et là j’ai écrit une chanson qui parle de ma grand-mère, de son départ… Je me souviens d’être très fière de cette chanson-là, je la trouvais vraiment belle mais je me disais « je ne peux pas faire ça pour moi » ça n’avait pas de lien avec la musique que je faisais à ce moment-là mais je me suis dit que certainement cette chanson-là pouvait avoir un écho pour un autre interprète. Je pense que ma grand-mère travaillait d’en haut pour me faire un chemin là-dessus parce qu’il y a une artiste ici qui s’appelle Annie Blanchard qui a été connue à la Star Academy et puis qui m’écrit pour me dire, parce que j’avais déjà sorti un premier album de mes chansons originales qui étaient vraiment sur mon nom à moi Amélie Larocque, « j’aime beaucoup ce que tu fais et je voulais savoir si tu n’avais pas un texte pour moi ». Et j’avais su que Annie avait également perdu son grand-père dans les même mois que moi. Et je lui dis  » Non seulement j’ai un texte pour toi mais j’ai une chanson pour toi », elle a écouté la chanson et ça l’a vraiment touchée et ça featait super bien avec elle, c’était un match parfait avec ce qu’elle faisait comme musique. Puis elle m’a dit qu’elle voulait vraiment cette chanson, ça m’a donné l’envie d’en écrire une autre qui était dans un style country, qui n’était pas du tout dans le même style que je faisais. Et là, m’est venu une espèce  » attends, je peux écrire des textes pour les autres, je peux aussi me mettre dans un autre univers que le mien ». Donc de là, les collaborations ont commencé. Ce que j’ai pas dit aussi c’est que quand ma grand-mère est décédée, j’étais enceinte de ma fille donc j’avais ralenti le rythme des concerts, ça me permettait de pouvoir travailler de la maison puis de faire mes choses. Quand ma fille est née, j’ai vraiment commencé a travailler beaucoup la collaboration, le fait d’être plus à la maison ça m’a vraiment poussé à essayer d’écrire pour d’autres. C’est magnifique, quand on collabore pour les autres, la chanson elle vit sans qu’on ait besoin de faire de la promotion, de faire des interviews et autres, pourtant j’adore ça mais ça reste énormément d’énergie. Le fait de faire vivre une chanson dans la voix de quelqu’un d’autre et que ce soit d’autres personnes qui s’occupe de la promotion, ça a vraiment grossi et je me suis mise à collaborer avec des grands artistes dont un qui s’appelle Marc Dupré, qui est vraiment notre Christophe Willem, on peut dire ça comme ça. Ensemble, on a gagné la chanson de l’année au gala de l’ADISQ qui s’apparente aux Victoires de la musique en France. On a gagné en 2016, ça fait un petit bout de temps maintenant, avec sa chanson Ton départ, j’avais le texte de cette chanson. J’ai également écrit pour un autre groupe qui s’appelle 2Frères qui sont très connus ici et qui sont plutôt folkloriques avec un langage très québécois. J’ai beaucoup écrit pour eux, on a fait des numéros un. J’avais toujours le projet Amay Laonie, qui s’appelait pas comme ça à ce moment-là, dans un coin de la tête et ces dernières années j’ai senti le besoin de mettre plus d’énergie là-dessus parce que ce que je fais comme musique, comme chanson, ça ne s’apparente pas du tout à ce que j’écris pour les autres. Donc j’avais besoin de cette espace-là pour faire vivre ces créations-là, sans filtres, et puis comme je te dis c’est vraiment le contact avec le public, j’avais besoin de retrouver ça.

Alors justement, le 6 février dernier, tu étais à la Cigale pour la première partie de Chien Noir, comment s’est passé cette collaboration et que retires-tu de cette expérience  ?
C’était MAGIQUE ! En fait, la rencontre avec Chien noir était vraiment spéciale parce que j’avais déjà prévu une grande tournée à l’automne 2023, je partais pour un peu plus d’un mois. Avant même d’aller faire le Mama festival, sur les réseaux sociaux je suis énormément, je follow beaucoup d’artistes français évidement parce que j’aime beaucoup votre culture. J’ai découvert Chien noir par l’artiste Clou, une chanteuse que j’adore, j’aime beaucoup ses chansons. J’ai vu qu’elle avait fait un feat avec lui sur l’album de Chien noir mais je ne le connaissais pas du tout. Je like cette publication, puis j’écoute ensuite ce qu’il fait et je décide de le follow sur Instagram. Environ 1 heure après je vois qu’il me follow back et il m’écrit et m’envoie ma dernière chanson, j’avais sorti ma chanson démesuré. Il me dit qu’il adore, ça lui faisait penser à des références anglophones. On se met donc à discuter, on s’envoie des messages vocaux, puis il me dit qu’il faudrait qu’on fasse quelque chose ensemble. Je lui dis que j’arrive en France pour un peu plus d’un mois « est-ce qu’il y a moyen de se rencontrer ? » Selon ses dates de spectacle, on s’est rencontrés dans un café, avec Etienne, on s’assoit, ça a tout de suite connecté. Et puis, il me dit d’aller le voir dans deux semaines, qu’il sera chez lui dans son appartement. On se retrouve alors avec Etienne et ma fille Arielle, c’est super drôle, on arrive chez Chien noir, super accueil. Il prête un jeu vidéo à ma fille Arielle, il lui donne un morceau de tablette, c’était vraiment un super accueil. On se met à discuter et tout naturellement on est assis dans sa cuisine et c’est comme si j’avais senti ce qu’il allait me dire, c’était vraiment spécial, vraiment magique comme moment. Il me dit « tiens je pensais à ça, ça vous dirait de faire ma première partie le 6 février prochain à la Cigale ? ». Et ça c’est fait comme ça ! Et on a dit  » Mais oui avec plaisir ! ». Après ça on a gardé contact, on a planifié tout ça avec les équipes puis on s’est arrangé pour revenir en France en février pour faire sa première partie. Il y a une expression qui dit  » Ça prend toute une vie pour que du jour au lendemain il y a quelque chose qui arrive » , je trouve ça tellement vrai parce que si on n’avait pas été là, si on n’avait pas fait tout ce travail pour être là pendant ce mois là, à faire des concerts, j’aurais jamais rencontré Chien, rien de tout ça ne se serait passé. Il faut bénir ces choses magiques qui nous arrivent, ça n’arrive pas tous les jours.

Le 10 mai dernier tu sortais ton EP « Jouer pour Jouer » suivi d’un clip, de quoi parle cet EP et quelles ont été tes inspirations ?J’ai fait un recul par rapport à cet EP et je me suis rendu compte que c’est un peu l’histoire de la dernière année, de l’année 2023, autour de la France, de tout les allers-retours entre le Canada et la France que j’ai pu faire, les différents partages que j’ai eus avec les artistes français. Quoique, il n’y a pas de collaboration, enfin si avec Terrier sur la chanson Démesuré , on l’a co-écrite ensemble. Même un peu avant 2023, c’est un événement que j’ai vécu qui s’appelle la traversée que j’ai vécu à la fin de l’année 2022. C’est un échange avec des artistes canadiens et français, ça a vraiment été le début de cette collaboration, de ce désir-là d’aller à la rencontre avec les français. Ça fait longtemps que j’ai ce souhait-là mais c’est quelque chose qui se fait doucement parce que c’est beaucoup d’investissement, c’est beaucoup d’énergie. J’ai l’impression qu’en écoutant ces chansons il y a beaucoup de cette histoire-là avec la France qui se dessine. Je te dirais que cet EP c ‘est un peu ça, c’est le récit de mes rencontres, de mes introspections, de mon parcours. Ce qui est beau c’est que cet EP c’est comme le début de quelque chose qui va sortir en 2025. Le but en 2025 est de consolider de ce qui est déjà sorti et d’en faire un album, pour fermer la boucle.

Quelle est ta chanson préférée de cet EP et pourquoi ?
Définitivement, c’est la chanson Jouer pour jouer  parce qu’elle a été très importante. En fait, elle a été écrite bien avant de savoir qu’elle allait être aussi importante dans ma vie. j’ai vécu de grands changement dans ma vie récemment, des changement d’équipe, des changement qui ont été nécessaires mais très difficiles à faire parce qu’il a fallu que je me choisisse. C’est spécial car le parcours que nous faisons pour nous rendre à nos objectifs, tout ça ça a l’air beau sur les réseaux sociaux mais il y a beaucoup de travail avec énormément de « contractions », de moment de désaccords avec les gens qui nous entourent, il y a beaucoup d’adversité pour pleins de raisons. Dès fois c’est pas juste avec les gens de notre équipe, des fois c’est juste on veut un certain résultat parce qu’on est tellement investi et que finalement on n’a pas le résultat que l’on souhaite. On a énormément de comptes à se rendre. Et à un moment donné, il faut se rappeler de la raison de pourquoi on fait ce métier-là. Et moi, Jouer pour jouer c’était ça .Et au départ, quand on a écrit ce titre, c’était avec mon amie Gaelle qui est une artiste québécoise mais aussi française, ça fait entre 20-25 ans quelle est au Québec mais elle est native de la France donc elle connait les deux réalités. Il y a quelque chose de très beau dans cette co-création, Gaelle qui est une autrice-compositrice et interprète incroyable qui a collaboré avec beaucoup d’artiste au Québec, c’est une artiste de l’ombre tout comme moi. Quand on a écrit cette chanson là on voulait s’adresser à quelqu’un qui n’éprouve pas de plaisir dans la vie, qui est toujours trop concentré. Dans le refrain, ça dit  » est-ce qu’il reste du temps? accroche-toi à mon bras, t’as pas besoin de mille ans pour ça. Viens jouer pour jouer t’as tout à gagner » ça dit de lâcher son mental et de vivre cette expérience. J’étais bien au dessus de tout ça, je pensais parler à une amie mais en réalité dans cette chanson là je me parle à moi-même. Je ne savais juste pas quand je l’ai écrite. Je pense que cette chanson m’a sauvée en quelque sorte d’un état qui était tellement lourd pour ce que c’était, on se laisse prendre au mauvais jeu dans cette industrie-là. C’est une industrie qui est très dure, il y a tellement peu de place pour tellement de propositions. Au bout d’un moment il faut revenir à l’essentiel et se dire que ce métier est incroyable, il faut s’accrocher à la richesse de ce métier-là, à la rareté, à la beauté, à la chance de pouvoir être sur une scène et de pouvoir partager ça avec des gens. Des fois, à travers ce parcours là, j’ai oublié, j’ai oublié cette chance-là. J’étais juste dans les mauvaises expériences, les coups dans le dos. C’est un métier difficile, alors oui clairement Jouer pour jouer, pour moi c’est comme ma prière. Cette chanson me rappelle le pourquoi je fais ce métier. Il faut que ça revienne toujours à ça.

Quel est ton processus de création ? 
Anciennement, j’avais presqu’une méthode, j’écrivais la musique et les paroles en même temps, c’était comme ça. Depuis que je fais de la collaboration, j’ai appris à recevoir une musique avec une mélodie déjà pré-établie et avoir à écrire des mots. Il fallait pas qu’il y ait une syllabe de plus qui dépasse. Je vais aller plus loin que ça, dans un de mes plus grands succès, une chanson avec Marc Duprè, Marc c’est quelqu’un qui fait du « yaourt » , c’est comme une ligne mélodique mais qui ne veut rien dire. Mais Marc faisait rythmer ces lignes mélodiques qui ne voulaient rien dire en anglais. Il est allé à me demander que ce soit les mêmes rimes parce qu’il les avaient dans la tête. Il fallait vraiment que je m’adapte .Ça a été hyper formateur et depuis ce temps-là, j’aime vraiment beaucoup varier les méthodes de création car je trouve que ça emmène des idées différentes et notamment en collaboration. Il faut s’adapter constamment. La seule chose que je ne fais pas, c’est d’écrire un texte comme ça dans les airs, c’est très difficile pour moi. Avec Etienne, on crée 95% des chansons ensemble, ça peut arriver que de mon coté, je réalise une petite prod pour comprendre l’idée puis Etienne remet bien en forme ce que j’ai voulu réaliser en mettant les accords, prendre le refrain et peut être le placer ailleurs dans la chanson. Ensemble, on va vraiment travailler la forme de la chanson et des arrangements. Des fois, c’est lui qui a déjà une prod à me proposer mais sans aucune mélodie, c’est à moi de la créer. J’aime beaucoup varier les différents processus de création, ça a un coté challengeant qui nous fait sortir de notre zone de confort et de notre routine, chaque processus donne sensiblement le même résultat donc c’est important de se challenger.

Cet été, tu feras plusieurs dates en France, quelle est ta relation avec la France et les français ?
Oh là là.. JE VOUS AIME !! Sérieusement, j’ai toujours senti que j’avais une histoire à écrire avec la France et elle ne fait que de commencer. J’ai vraiment ce sentiment-là, c’est sûr qu’on se voit toujours dans des grands stades ou grandes salles et ça je vais laisser l’univers décider de ce qu’est ma destinée et mon histoire à écrire. Je pense que l’univers voulait que justement il y avait une histoire à écrire donc ça me donne toute les forces possibles pour déployer les énergies, le temps…Pour créer ce pont-là entre vous et moi parce que je sens qu’il y a quelque chose d’important à accomplir, il y a une histoire à vivre , après comme je te dis la hauteur de l’histoire c’est la destinée qui va le décider . Tout le monde me dit que je dois aller en France, il y a vraiment quelque chose avec la couleur dans ma façon d’écrire, dans ma façon de m’exprimer qui colle vraiment avec ce que vous faites chez vous. L’exemple que je peux te donner c’est que la chanson, la catégorie chanson n’existe pas. Donc chez nous on peut dire de la Pop, de la Folk, Indie pop , Electro pop…Mais de la chanson, on ne nomme pas ça comme ça. Ça te donne une idée de l’importance qu’on en fait ici. Ce n’est pas qu’il n’y a pas de grandes chansons qui s’écrivent ici bien au contraire, c’est juste qu’on y trouve d’autres termes et chez nous la chanson c’est très piano-voix, très acoustique alors si on ajoute un peu d’Electro un peu de Pop ça devient de la Pop, on ne parle pas de chanson. Le fait qu’il y ait une catégorie chez vous qui ressemble à ce que je fais, ça en dit long sur mon appartenance à ce qui ce passe chez vous de par votre culture. Depuis que je suis jeune, je vous écoute je suis fan de Zazie depuis des années, je suis fan de beaucoup d’artistes de chez vous.

Justement, en parlant de Zazie, je trouve que dans ta voix il y a des tonalités à la Zazie.
C’est beaucoup des commentaires que je reçois voire des fois des reproches que je reçoie par rapport à ça. Mais je chante comme ça. Je n’ai jamais voulu limiter, moi, mon histoire avec les notes aiguës au lieu de les pousser très fort à la Céline Dion je les mets en voix  » de tête », c’est un terme de chanteur, et c’est par défaut que je me suis mise à chanter comme ça. Depuis que je suis toute petite, ici on a des chanteurs à voix, très forts et puissants et je voulais avoir atteindre ces notes puissantes dans les aigus mais je n’étais pas capable de la faire. J’ai tout essayé, cours de chant entre autres mais je pense qu’au niveau de mon anatomie qui fait que quand je pousse les notes je trouve pas que ça sonne bien dans ma voix. Avec le temps, j’ai développé beaucoup plus ma voix mixte et c’est là qu’on va coller avec ce qui ce passe avec Zazie. Tu vois ici au Québec les gens disent qu’il y a personne comme moi qui chante comme ça ici. Mais en France, il y a Zazie et puis je l’adore ! Dernièrement, un tourneur radio nous a dit que ça ressemblait trop à Zazie et je me suis dis  » bon bah ok » puis en même temps Zazie fait de la chanson, on a une écriture humaine, on est des âmes sœurs puis c’est comme ça. J’assume que j’ai certainement des ressemblances avec Zazie, pour moi c’est un énorme compliment même si; à certains moment; ça bloque. Je pense que n’importe quel artiste fait face à ce type de blocage là mais pour moi ça reste un énorme compliment.

Quels sont tes rêves/ objectifs pour les années à suivre ?
Au niveau de la carrière, c’est sûr que c’est beaucoup focus sur la France. J’aurais aimé que ça lève un peu plus ici au Canada mais étant donné que mon style est très collé sur la France bah il y a un peu moins de résonance ici. Depuis que j’ai un peu lâché prise, le fameux lâcher prise, sur les résultats canadiens et bien là il y a pleins de résultats canadiens qui arrivent et c’est génial ! Ce que je souhaite, c’est de me connecter avec de plus en plus de gens, de créer de plus en plus de communion sur des scènes, en musique sur des radios, de rencontrer des gens comme toi et que cette fréquence-là augmente dans tous les sens du mot. Je me vois sur des grandes scènes mais pour vivre cette communion-là. C’est drôle parce qu’il y a des gens qui me parlent beaucoup de l’exposition que peut avoir un artiste. C’est qu’il faut être bien avec ça, quand on est un artiste mais ce que les gens comprennent pas c’est que le plus beau show, le plus beau concert c’est moi qui l’ai ! Parce que je vois tout ces gens là qui sont à l’unisson, qui sont ensemble pendant un moment, ils ont peut-être des opinions politiques humaines différentes mais pendant un moment on est tous ensemble au même moment puis il y une grande communion qui se passe. C’est le plus beau des spectacles. Ça me donne espoir en l’humanité, de voir l’humain avec le coeur ouvert dans un concert. Je me souhaite beaucoup de moment comme ça, de moment de communion. Le concert qui m’a le plus touché dans ma vie c’est celui de Coldplay. Il s’est passé un moment de communion IN-CROY-ABLE le chanteur est tellement généreux avec son public, c’est beau à voir. Il a terminé son concert, il s’est agenouillé puis a embrassé la scène, je regardais de chaque coté et tout le monde était debout dans un moment d’extase incroyable et c’est ça la force de la musique. C’est un privilège d’être là. Donc, je me souhaite d’avoir ces privilèges-là et d’être très humble par rapport à ces privilèges-là et de servir à quelque chose de plus grand.

Avec quel artiste rêverais-tu de collaborer que ce soit au niveau de la chanson ou de la production ?
Moi, mon plus grand fantasme de collaboration, c’est Stromae.Tu vois, parce qu’en fait, non seulement je connecte à ce qu’il fait comme musique, lui, il m’a ouvert vraiment la voie, avec son album Racine Carré, il m’a ouvert la voie sur un potentiel de coller de la musique dansante avec un message. Ouais. Ça, là, ça a été vraiment comme ce match-là, en fait. Cet album Racine Carré, je pense que c’est l’un des meilleurs albums que j’ai écoutés dans ma vie. Tu vois, il y a Le Fil de Camille, il y a Racine Carré, il y a Totem de Zazie. Pour moi, c’est des chefs-d’œuvre. C’est des albums qui vont rester pour toujours. Et Stromae, non seulement il me touche en tant qu’artiste, mais il me touche en tant qu’humain. Et ça, pour moi, c’est hyper important. Je suis fan de son écriture, je suis fan de sa musique, je suis fan de ses vidéoclips. Je suis fan de tout ce qu’il crée. Donc je me dis, peut-être qu’un jour j’aurai la chance de collaborer avec lui, je sais pas de quelle manière.

Je te le souhaite!
Merci! Tu vois, même avec ce qu’il a vécu, ça montre à quel point c’est un humain incroyable. Le choix qu’il a fait par rapport à ses problèmes de santé et tout ça, ça montre à quel point c’est quelqu’un de connecté et c’est quelqu’un qui veut rester connecté. Donc, il fait les choix pour rester connecté. Ça, c’est beau.

Je peux pas m’empêcher de te demander, en pensant à Stromae, nous en France, on a une artiste québécoise, je pense que tout le monde adore, qui fait beaucoup parler en ce moment, c’est Céline Dion. Qu’est-ce qui t’inspire? Par exemple, tu parlais de Stromae qui est un artiste belge. Est-ce qu’elle, en tant qu’artiste québécoise, t’inspire?
C’est clair ! En fait, il n’y a pas une chanteuse québécoise qui n’a pas été impactée par cette femme. C’est surtout de ma génération, mais même aujourd’hui, les plus jeunes aujourd’hui, c’est une icône. Je m’efforce de la faire connaître à ma fille, qui est fan de musique. Céline a tracé la voix dans tous les sens du mot. Elle a été tellement elle-même. Ce qui me frappe, par rapport à sa relation avec Renée, son amour avec Renée Angélie, elle a tracé la voix de tellement de choses. C’est intense ce qu’elle vit, mais même de la façon qu’elle vit en ce moment sa maladie, c’est tellement Céline. C’est tellement intègre et entier. Elle est intense. C’est une femme intense. Donc oui, j’en ai tellement chanté des chansons de Céline depuis que je suis jeune. La première émission de télévision que j’ai faite, j’avais 12 ans. Après ça, je n’en ai pas refait avant l’âge adulte. Là, on s’entend, mais j’avais 12 ans. C’était une émission qui s’appelait Decibel. C’était une émission de jeunes talents. C’est une chanson de télévision que j’ai chantée. Ça s’appelle Je chanterai. C’est pas une chanson très connue de Céline. Elle a marqué plus qu’une génération. C’est une athlète. C’est comme si elle avait développé tous les pans qu’un artiste doit avoir pour le succès. Donc, sa voix, sa bête. C’est une bête de scène. Elle est incroyable en entrevue. Elle est humaine. Les gens s’attachent à elle. Elle est drôle. On dirait qu’elle a tout. Elle a le package pour être où elle est en ce moment. C’est incroyable quand tu penses à ça. C’est unique. C’est vrai.

Si tu avais l’opportunité de changer des choses, au moins une chose dans ce monde, qu’est- ce que tu ferais et pourquoi?
La paix ! La paix dans le monde. Oui, sans hésiter. C’est terrible. Moi, je suis abonnée à plein de trucs de croissance personnelle. En fait, mes chansons sont toutes en lien avec la croissance, la conscience, la connaissance de soi, l’introspection. Parce que je pense sincèrement que je ne peux pas devenir une bonne citoyenne si je ne suis pas une bonne humaine au départ. C’est ce que je nous souhaite. La paix. Et j’écoutais justement une vidéo de croissance personnelle. Il y a un gars qui disait sur les 7,5 milliards de personnes qu’on est, il donnait des pourcentages. Combien de pourcentages de gens ont accès à l’eau potable? Combien de gens ont accès ont un toit sur la tête? Pas propriétaire, mais un toit sur la tête. Combien de personnes mangent à leur faim et tout ça. Il regroupait des gens. Ceux qui ont justement un toit sur la tête, qui ont accès à Internet, à l’électricité, qui ont de l’eau, qui sont dans une place… Et c’est 7% des 7,5 milliards. C’est fou quand même quand tu y penses. Quand on se met à être dans notre dualité et dans nos petites histoires de « je me suis fait avoir… » Mes petites bibittes, là, on se compare avec des 7%. C’est fou. Je pense que la paix, en fait, c’est la première… C’est la première chose sur le top. Puis après ça, justement, quand on est en paix, on a envie d’être bienveillants pour les autres. Puis on a envie de donner accès à… C’est utopique, mon affaire. Moi, c’est la paix, l’accès à la nourriture, l’eau pour tout le monde. Accès à des écoles. La chance, la même chance pour tout le monde. C’est utopique. Je suis comme ça. Je suis utopique.

Merci !
Merci à toi, Maxime !

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