Les éditions s’enchainent et la nouvelle politique d’ouverture du Hellfest continue d’être le sujet dont tout le Metal français voire européen parle tout au long de l’année. Par spéculation dans un 1er temps, puis à coup de débats plus ou moins fondés sur la légitimité de tel ou tel groupe à être tête d’affiche, voir tout simplement présent à Clisson. Cette année, la palme va bien sûr à la présence des Britanniques de Muse, qui plus est en tête d’affiche. L’auditeur non averti peut également être très surpris de voir les gars de Cypress Hill, alors qu’ils ont un pied discret dans le Metal depuis presque le début. Les prestations live de cette année pourraient bien mettre un terme définitif à ce nouveau débat, tellement l’encre aura coulé en amont de cette semaine.
SKINDRED [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Tête d’affiche du Warm-up de cette année, Skindred ouvre donc logiquement ce cru 2025. Unique représentant du genre Ragga Metal sur cette édition, on attaque déjà avec un groupe leader incontesté de son genre. Tout juste 2 ans après la sortie de l’excellent Smile, un neuvième album devrait sortir en fin d’année.
Les mains sont déjà full pour cette ouverture (sur BO Stars Wars) en plein après-midi de cagnard. La température monte en chacun de nous à la vue de Benji et son foutu manteau de fourrure… La foule est particulièrement efficace sur ces rythmes Ragga. Sa tenue évoluera tout au long du set…. Et premier couac technique forcément sur Nobody. Pas de souci, le pit est à capella.
DISCONNECTED [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Derniers appelés de cette année en remplacement de Walkways pour des raisons malheureusement évidentes, Disconnected a la lourde tâche d’ouvrir ce Hellfest 2025 sous les tentes. Leur Metal Moderne devrait rassembler pas mal de monde en quête de leurs premiers frissons de ce millésime.
Il est déjà compliqué d’entrer sous les tentes en ce jeudi AM mais même s’il fait chaud, tous apprécient ce moment presque imprévu qui s’offre à eux. Les Troyens font le job et profitent de chaque instant. Ivan raconte sa soirée de dimanche où il a appris leur passage au Hellfest et rend forcément hommage à Walkways.
SEVEN HOURS AFTER VIOLET [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Tout nouveau projet (2024) de Shavo Odadjian, bassiste du légendaire groupe de Nu Metal System Of A Down, c’est aux manettes de Seven Hours After Violet, une formation au style plus moderne, qu’on le retrouve ce WE. Au menu, Metalcore, Deathcore ou même Post Rock avec des sonorités Electro Indus bien placées.
Sans doute que le nom ne parle pas encore à beaucoup de monde, du coup le pit s’allège. Certains reconnaîtront Shavo avec surprise et prendront le temps de découvrir. Mais cette ligne de basse… ça sent tellement bon le SOAD…
MISTHYRMING [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Changement de genre avec les Islandais de Misþyrming et leur Black Metal Brutal. Réputés d’une approche crue et primitive du genre, ils se présentent en tant que piliers dans leur pays. 7 ans après leur 1er passage à Clisson, ils reviennent avec un album de plus et sa facette atmosphérique.
Lancement donc du Black sous la Temple. Nos nordiques ont déjà très chaud et le public craintif du soleil ne semble pas mécontent d’être là encore une fois. Les premières vibrations internes se font sentir dans cette intensité sonore.
MENTAL CRUELTY [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
On reste sous les tentes avec un léger gap artistique, passant d’un Black à l’approche pure à un Deathcore Blackned plus moderne et épuré avec Mental Cruelty. Partis d’une base de Brutal Deathcore, la formation allemande incorpore des éléments Black dans leur 2 derniers albums sortis respectivement en 2021 et 2023.
Ça s’échauffe discrètos avec un p’tit Blast pour jauger tout le monde avec succès avant l’ouverture symphonique. Ça part en sucette et visiblement tout le monde ne s’attendait pas à ça. Ils “fuient” la puissance du truc même si les énormes breaks cassent quelques nuques au passage.
APOCALYPTICA [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Changement drastique d’atmosphère en revenant vers les Mainstages avec la formation iconique Finlandaise d’Apocalyptica et leurs fameux violoncelles. Nous les avions déjà beaucoup appréciés dans un Zénith plein à craquer en 2023 ( petit lien ici). Grand moment instrumental à venir.
Le temps de rejoindre les scènes principales et nous tombons sur notre trio de violoncelliste sur un Enter Sandman qui s’abstient sans forcer de parole. Entre l’énergie des mecs et cette chaleur accablante, la colophane va fondre à vue d’œil.
THY CATAFALQUE [Texte : Pierre-Luc ]
Retour sur la Temple avec le projet Thy Catafalque. Qualifié d’avant-gardiste, la formation hongroise est surtout l’occasion d’expérimenter des mélanges peu répandus comme l’Électro et le Folk sur des bases assumées de Black. Bien que leur présence n’en soit pas une, ils pourraient bien faire partie des belles surprises de ce Hellfest.
La temple déborde désormais sur sa voisine et ce n’est plus une question de température. L’alternance des genres déroute un peu, mais quelque chose nous retient. Le trio vocal fait également office de liant entre les titres et on oublie régulièrement ce qu’on vient de voir avant.
KIM DRACULA [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
On poursuit les mélanges des genres avec Kim Dracula. Pure produit des réseaux sociaux, il se fait connaître sur TikTok avec son mélange de Nu Metal, Trap Metal ou encore Metal Alternatif aux couleurs Pop Gothiques et une instru bien Electro. Musique très produite, cette première scène française sera une épreuve importante pour le jeune Australien.
Tous de costard vêtus, on voit débouler l’équipe. Les non initiés partant des mains font en grande partie demi-tour au première note mi Jazz, mi Electro et re mi Nu Metal. Les reprises à sa sauce font également mouche. Contrat rempli.
AIRBOURNE [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Retour au classique du Hard Rock avec les enfants direct d’AC/DC, Airbourne. Après une tournée européenne très réussie pour Glory Or Nothing (Chronique top ici ou report de la date de Lyon là) nos amis australiens passent aujourd’hui par Clisson sans n’avoir plus grand chose à prouver.
Démarrage de set sur le thème Terminator, un simple riff de quelques notes et tous savent ce qui va suivre. Retour à l’âge d’or du Hard Rock sauce 2025. La transition intergénérationnelle est en marche entre parfois 3 générations. On imagine Joel O’Keeffe en tenu d’écolier à casquette à chaque solo.
FIT FOR AN AUTOPSY [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
On retrouve ensuite les Américains de Fit For An Autopsy et leur Deathcore efficace sur l’Altar. Ils reviennent en France pour la première fois depuis leur tournée promotionnelle de The Nothing That Is (Super Chronique ici) sorti fin 2024.
En courant et en jouant des coudes sans éclater les têtes au sol, on arrive de justesse pour le lancement. Et il ne fallait pas être en retard, ça remue de violence d’entrée. La rythmique dense et hachée casse des nuques et … ouah quelle magnifique nuque longue M. Badolato Les premières vagues de slammeurs sont déjà là.
IMMINENCE [Texte : Pierre-Luc]
On reste sur les mainstages avec les suédois d’Imminence et leur Metalcore Mélodique. Particularité ici dans le genre, le frontman (et co-fondateur) Eddi Berg est équipé d’un violon. Apportant une couleur unique à leur musique et leur conférant une identité assez marquée, au point d’avoir une étiquette de “Violincore”.
C’est clair et net, le fan d’Hard Rock n’est pas forcément ouvert au Metal moderne. Pourtant le violon apporte un aspect quasi sympho sur les rythmiques désormais bien assimilées du Metalcore.
IHSAHN [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Passé l’année dernière avec Emperor en tête d’affiche de la Temple, nous retrouvons cette année Ihsahn, de son vrai nom Vegard Sverre Tveitan, avec son projet solo. Bien évidemment, le Black Metal sera de mise, mais de loin pas le seul. Au programme des fusions de genre, Metal Progressif, Classique, Jazz ou encore Electro devraient nous faire voyager au fil de ses 8 albums, chacun basés sur une approche conceptuelle différente.
Dès les balances, c’est clair que le gars a une certaine aura malgré sa tête à la SCH (très sympa au passage). Pourtant, là encore avec tous ces projets solo, l’auditeur non avertis qui quitte les tentes va louper un grand moment musical et avec le temps qui devient raisonnable, c’est une petite Temple qui profite du set.
TILL LINDEMANN [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
On reste dans les projets solo avec du très lourd en la personne de Till Lindemann. Si le rapprochement avec Rammstein est quasi obligatoire avec la dominante Industriel de ses musiques, une approche plus expérimentale peut être observée sur son unique album Zunge (sous cette version du projet), là où les productions de Lindemann (phase du groupe en partenariat avec Peter Tägtgren d’Hypocrisy de 2014 à 2020) piochait dans un univers plus sombre et macabre.
Il faut désormais s’y prendre à l’avance pour atteindre des places décentes pour les mains. Sinon on poursuit dans les mecs qui en imposent légèrement avec le taulier et son armada de “demoiselles”. Un pied de nez à ses détracteurs ?
JINJER [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
1ère tête d’affiche du week-end, on retrouve les Ukrainiens de Jinjer et leur Metalcore sous influence Groove et Djent. Et bien évidemment notre chère Tatiana Shmayluk et sa technique vocale qui a retourné l’internet des Youtuber Réactions avec le titre Pisces. Tout juste sortis d’une tournée en Asie et Australie pour leur dernier album Duél, ils présentent aujourd’hui un aspect Progressif bien assumé.
L’état de l’Altar pour nos amis ukrainiens nous rappelle un peu un certain soir de 2024 à la Temple avec The Hu. Grande renommée pour un endroit un peu petit. Ça se réchauffe malgré l’heure avancée. L’apparition du nom sur le screen flag enflamme tout ce petit monde. Avec une montée progressive à chaque arrivée. Et puis Tatiana arrive… Le brouhaha du pit couvre tout son.
RISE OF THE NORTHSTAR [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Qui pour remplacer une institution comme Ultra Vomit à moins de 3 semaines du jour J sans y perdre au change en tant que headline française sur les Mainstages ? LA réponse de l’orga, Rise of the Northstar (ROTN pour les intimes). Plus de parodie ici, on rentre dans le monde violent des Bōsōzoku sauce Paname avec leur mélange Hardcore, Rap Metal et Crossover Thrash. Quelques articles pour se rassurer de la prestation de secours la plus attendue de cette édition (ici, là et là également).
Même s’ils jouent le rôle de remplaçants de luxe cette année, leur cause est acquise. On retrouve un Vithia au visage rarement autant affiché. Peut être que le genre peut ne pas plaire au grand nombre mais le chauvinisme est plus fort. Le peuple français est fier de sa tête d’affiche.
THE HELLACOPTERS [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Premier passage de cette édition sur la Warzone pour un réel morceau d’histoire du Rock Scandinave. Pourtant projet secondaire de Nicke Andersson alors qu’il était batteur du groupe de Death Metal Entombed, The Hellacopters a marqué de son empreinte le Garage Rock et la mouvance de retour du Hard Rock des années 70. Entre séparation, album enregistré en un temps record et retour fracassant, leur présence aujourd’hui confirme le renouveau du groupe avec 2 albums en trois ans.
Le retour de Dregen en tant que guitare lead est super à voir tant le binôme qu’il forme depuis toujours avec Nicke Andersson génère un show de folie. Une fois en place, difficile d’imaginer une autre fin de soirée que celle-ci. A coup sûr, un des grands qui resteront de cette édition.
SUNN O))) [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
De retour sous les bâches, on change drastiquement d’ambiance avec le Drone de Sunn o))). Genre peu représenté en ces lieux, ces américains représentent cependant ce qui se fait de mieux actuellement. Composé à la base du duo Stephen O’Malley et Greg Anderson aux guitares et à la composition, ils sont beaucoup entourés dans les phases d’enregistrement.
Les tentes se vident sévèrement entre épuisement après Jinjer et incompréhension du Drone sans doute. Les photographes aventureux qui sont là risquent d’en vouloir à notre duo américain tant la fumée bloque toute observation (On pourrait presque dire que le monsieur au fog est également un membre live). Pour le côté musical, on est sur du Drone hein. Pas réellement de rythme, de légère variation de note, une gestuelle toute en retenue et les stroboscopes achevant les derniers espoirs de visibilité tout en apportant un certain rythme. (ShateNewton « Côté photo, l’aventure est hasardeuse. On se retrouve dans un espace temps intangible tant par l’épais brouillard omniprésent, que par le tempo extrêmement lent de chaque note essuyée. C’est dans le pit que l’expérience est la plus complète avec une proximité certaine avec les musiciens et ce mur d’ampli qui enveloppe le tout. La sortie est rude, combien de temps s’est écoulé entre l’entrée et la sortie du lieu ? Nul ne sait le dire, mais l’expérience déroutante mérite de saluer l’essai qui laisse tout de même perplexe. Heureusement, la prestation sera saluée chaleureusement par l’audience. »)
KORN [Texte : Pierre-Luc]
On y est, 1er très très gros morceau du Hellfest avec Korn. S’il fallait encore les présenter aujourd’hui en 2025, ils sont tout simplement l’origine du Nu-Metal. Si les dernières actualités sont calmes, beaucoup de leurs albums sont pierres angulaires du mouvement et chaque nouvelle sortie attendue avec un engouement rare (en voici la preuve).
Malheureusement, pas de présent sur la liste ce coup-ci… il faudra se contenter des mots qui auront également de la sueur et d…. de la sueur en fait, on est tous copains ici ! A bouger partout pour tout faire, avant la fin de ROTN il faut maintenant se contenter des écrans pour voir Jonathan Davis et sa bande.
WHITECHAPEL [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
Dernière session sur l’Altar avec Whitechapel. Déjà parmi les patrons du Metalcore depuis de nombreuses années, leur dernière galette a mis tout le monde d’accord. Ils incarnent une vision agressive et technique du mouvement. Ils peuvent également se targuer d’être, à une exception près, tous là depuis le début de la formation. Chose de plus en plus rare il faut bien le reconnaître.
L’ambiance fumeuse déborde sur l’Altar pour sa clôture. Les dernières onces d’énergie sont jetées sans regret dans la fosse dès le premier break. On est clairement sur l’option de fin soirée la plus violente. Les Blast s’entrecroisent avec des breaks à faire l’autruche et Phil Bozeman est toujours au top pour nous susurrer de doux mots.
ORANGE GOBLIN [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Il aura fallu attendre la fin de la 1ère journée, mais nous sommes enfin dans la Valley et quitte à se déplacer autant le faire pour la tête d’affiche, Orange Goblin. Grand nom du Stoner actuel, ils sont les fervents défenseurs d’une branche plus Metal que les autres pionniers du genre. Si la formation souffle ses 30 bougies cette année, ce seront aussi les dernières car les britanniques ont annoncé leur séparation pour la fin de l’année et une dernière tournée britannique. Pour faire simple, c’est aujourd’hui la dernière occasion de les voir en France.
Et une chose est sûre, ce n’est pas un rendez-vous manqué. Le public est présent en nombre pour rendre cet ultime hommage français à ces grands messieurs. Et ces derniers font largement honneur à cet accueil avec une prestation très appréciable, devant un public conquis.
ELECTRIC CALLBOY [Texte : Pierre-Luc – Photos : Vassago]
Fin de journée de cette première étape aux mains, on retrouve Electric Callboy et leur Metalcore Electro Danse plein de bonnes ondes. Très actifs sur scène, ils enchaînent tournées et festivals non-stop depuis plus de 3 ans et leur retour sous leur nouveau patronyme. Leur passage de 2023 avait fait sensation en début de soirée.
Bien qu’étant dans la catégorie des groupes de Metal qu’on adore détester, la foule est toujours présente pour cette fin de journée. Entre une vidéo d’intro de qualité et une mise en scène utilisant énormément les lights et la fumée, ils exploitent à merveille leur passage en nocturne. Le public est ultra réceptif en cette fin de première journée et l’ambiance en est dantesque.
ALCEST [Texte : Pierre-Luc – Photos : Shatenewton]
On clôture la journée sous les chapiteaux avec l’autre sommité française du jour, Alcest, et son Blackgaze, mélange subtil de Black Metal et de Shoegaze. Fondé en 2000 par Neige, qui reste le principal créateur, il est épaulé depuis 2009 par Winterhalter à la batterie. Le projet de Stéphane Paut est régulièrement considéré comme l’origine du genre avec l’EP Le Secret de 2005. Ils sont actuellement entre 2 tournées pour leur dernière production.
Cette fin aux genres en courant alternatif s’achève avec une dernière zone full. Le Blackgaze semblant être plus apprécié ou à minima mieux compris que le Drone. On rentre de plein fouet dans leur monde. La prestation ressemble à un apaisement nous félicitant d’avoir tenu jusque là. Le parfait degré d’énergie pour nous garder avec eux tout en nous cajolant les esgourdes quelques peu déjà malmenées en ce premier jour de fest.
Ainsi s’achève cette première journée d’échauffement. Principalement présent dans les mains et les tentes, elle aura oscillé entre mainstream de toutes notoriété, styles à la violence sur confirmée et genre calme underground.