L’édition 2024 continue le projet d’ouverture du Hellfest vers les groupes issus du Rock. L’année dernière il s’agissait de Machine Gun Kelly, cette année ce sont les Foo Fighters et Shaka Ponk qui représentent cet élargissement. Les vieux de la vieille crient au scandale, le public veste à patch campe sur ses positions, le Hellfest doit être Metal, mais on sent bien que cette ouverture d’esprit colle déjà bien plus au public plus jeune. En ouvrant ainsi son affiche à des groupes plus mainstream, le Hellfest ne fait que suivre la tendance de son public de plus en plus à même d’apprécier les vieilles gloires qui trustent toujours le haut de l’affiche tout en laissant la place à ses groupes qui gardent un pieds dans le Rock pendant que l’autre se pose sur le Metal. Et puis il faut aussi se rendre à l’évidence, les groupes de pure Metal qui peuvent prétendre à jouer en tête d’affiche en attirant 60 000 festivaliers tend à se raréfier et le sang neuf n’est clairement pas à la hauteur en termes de notoriété. La faute aux nouveaux modes de consommation qui pousse plus à picorer partout plutôt qu’à miser gros sur un seul artiste. La preuve en est que deux groupes en tête d’affiche de cette année font débat parmi le public malgré leurs indéniables qualités. Machine Head qui aura parfaitement rempli le contrat reste un groupe pourtant plutôt second couteau dans le Thrash des 90’s et Avenged Sevenfold n’est pas le genre de groupe qui remplit des stades en France. Leur place sur l’affiche ne pourrait se justifier sous leur seule bannière et ils profitent indéniablement de l’aura du Hellesft et du reste de la programmation pour remplir. En tout cas c’est une programmation très musclée et bien Metal qui nous attend sur ce premier jour. Melolive aura réussi à couvrir une grande partie de l’affiche en espérant que notre article vous fera vivre ou revivre ce Hellfest.
WORMROT [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton]
L’ouverture de cette première journée se fait avec le Grindcore de Wormrot en provenance d’une contrée bien peu fournie en groupe de Metal, Singapour. Approchant gentiment leur deuxième décennie, ils sortent en 2022 leur 4ème album avant une petite révolution avec le départ du chanteur et membre fondateur Arif Suhaimi.
Sans être les uns sur les autres, l’Altar s’ouvre avec un PIT fournis. Les arrivés de dernières minutes seront surpris de voir un petit bout de femme hurler à la mort. L’absence de basse se fait peut-être un peu sentir, mais le duo de voix aiguës claire et growl lourd faitt un très gros taf. Une petite pensée post fest pour les fans car le groupe vient d’annoncer le 07/07 le split des 2 membres fondateurs restant.
ASINHELL [Texte : Silverluchot – Photos : Vassago]
On enchaîne déjà avec le tout jeune groupe de Death Metal Asinhell, enfin jeune en apparence seulement. En observant un peu plus le line-up, on y croise un certain Michael Poulsen (Volbeat), Morten Toft Hansen à la batterie et Marc Grewe au chant (actuellement dans Insidious Disease, ex-Morgoth). Le groupe jouera l’intégralité de son premier EP sorti en 2023.
Le démarrage à 16h30 aidant sans doute, ils sont nombreux à transpirer sur une Main qui s’est vue affublée cette année d’une avancée de scène dans le public. Le Marc envoie toujours autant malgré les années et l’instru, bien lourde, bouge un publique encore à l’échauffement.
KOMODRAG & THE MOUNODOR [Texte & Photos : Vassago]
Pour le tout premier concert du tout premier jour sur la Valley, le choix de Komodrag & The Mounodor était plutôt intéressant et on s’y est précipité très vite. Le groupe issue de la fusion de Moundrag et de Komodor propose un Rock teinté 70’s en allant jusqu’au bout de l’idée en reproduisant tous les codes de l’époque. Les bretons vont littéralement plier le game devant un public venu en masse pour les découvrir en live. La Valley est aussi pleine que si nous étions devant sa tête d’affiche alors que nous ne sommes qu’en milieu de journée et que c’est le premier concert. Un groupe à suivre !
BLEED FROM WITHIN [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton]
On enchaîne de retour sur la Mainstage avec les Écossais de Bleed From Within et leur Metalcore basé sur des racines Deathcore encore palpable malgré le virage musical et leurs 6 albums. Dans le sciage de monstres tels que Bring Me The Horizon ou Bullet For My Valentine, leur évolution pourrait se situer entre les deux.
Le passage du Death Old School d’Asinhell au Metalcore n’engendre aucun turn over et le public apprécie de griller au soleil. Pourquoi ne pas ajouter quelques effets pyrotechniques pour finir la cuisson. Côté musical, on est sur une représentation assez lourde il faut dire. Le chant clair s’installe progressivement au cours du set, laissant une place importante au growl et scream de Scott Kenedy.
THROWN [Texte & Photos : Vassago]
Pour notre première visite du côté de la Warzone nous avons choisi de venir jouer les curieux auprès du groupe Suédois Thrown qui va régaler la foule avec son Hardcore sans concession. Particularité intéressante de cette formation ? Il n’y a pas de bassiste et curieusement ça ne s’entend pas trop. Comme pour la Valley, la Warzone est déjà full, les festivaliers font honneurs aux groupes qui démarrent cette journée. Surement un petit effet d’aubaine de commencer en milieu de journée, mais on gage que la qualité des groupes n’est pas étrangère à cet engouement.
SLAUGHTER TO PREVAIL [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
Gros phénomène de la dernière décennie dans le monde du Deathcore et même de la grande famille du Metal dans son entièreté, Alex Terrible mène Slaughter To Prevail avec sa voix désormais iconique. Leur Deathcore brutale en profondeur, s’agrémentant de quelques touches Nu-Metal bienvenues, aura l’honneur de défendre ce genre trop peu représenté sur les Mains.
Le set est sur le point de commencer mais le public est présent en masse pour l’heure. Vrais fans, curieux ou détracteurs, les petits russes rassemblent. Arrivés avec leurs masques plus qu’identifiables, ils déroulent gentiment (pour leur répertoire), Alex se chauffe encore. Ça abuse aussi pas mal du pad basse. Arrive forcément Demolisher et une petite réaction du public. Annoncé sur les réseaux, arrive ensuite une petite requête, faire le plus gros Wall of death afin de battre le record installé par Dagoba. Le public est difficile à bouger et cela prend une bonne dizaine de minute et l’implication directe d’Alex dans le pit (déjà que le mec s’est ouvert la gueule en se fracassant le micro à X reprises quelques instants avant). Le résultat n’est pas à la hauteur des attentes et ce wall of death fera pshitt. On salue néanmoins le groupe de démontrer que la performance de Dagoba en son temps n’était pas anodine.
IMMOLATION [Texte & Photos : Sartemys]
Notre attrait palpable du genre nous a poussé à retourner sous l’ombre des toiles de tentes avec un grand nom du Death Metal : Immolation ! La journée était donc mouvementée à la Altar et c’est par ce quatuor sur les planches depuis la fin des années 80 qu’elle finit presque immolée – notez une approche subtile et silencieuse pour une saisie de proie extrêmement véloce et violente à base d’une torture musicale tranchante mais qui happe, le risque est là ! Scénographie simple, alternant entre du bleu et surtout du rouge, mais parfaite pour capturer et mettre correctement en valeur les protagonistes du massacre. Le public, ou plutôt, les voyeurs en redemandaient et c’était compréhensible, notamment lorsque les bourreaux savent bel et bien manier la faux !
ICE NINE KILLS [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
On commencerait presque à bien se sentir aux abords de ces grandes scènes principales. 4/4 de la programmation avec les coreux d’Ice Nine Kills. Membres de cette énorme famille du Metalcore américain, ils proposent une approche du genre très visuelle, principalement empruntée au thriller Psychose, chef d’œuvre d’Hichcock mais qui fait la part belle au cinéma gore de la fin des années 80.
Ce soir, on parle American psycho, Resident Evil, Silence des Agneaux, Saws et autres Massacres à la tronçonneuse. Le tout sur fond de Metalcore sous screamo bien rythmé. C’est précis et en même temps juste un peu gras comme il faut. On regrettera de ne pas avoir Sarah Mudle pour jouer les victimes sexy sur scène. Elle a repris ses quartier en Australie et attend un heureux évènement !
KERRY KING [Texte & Photos : Vassago]
On s’accroche comme une moule à son rocher sur les Mainstages pour retrouver Kerry King le guitariste qui pratique le Thrash sans concession depuis que ce style existe ! Slayer étant en pause retraite (avant qu’ils décident de remettre ça), c’est en solo que le roi s’impose à ce Hellfest venu en masse pour le saluer. Pour ce faire il est accompagné par Mark Osegueda pour le chant (Deaht Angel), par Kyle Sanders à la basse, Phil Demmel (Ex-Machine Head) et Paul Bostaph qu’on ne présente plus.
L’album solo du guitariste a été mainte fois salué par la presse spécialisé et le passage du live confirme son efficacité. Kerry a l’intelligence de ne pas chercher à prendre toute la place en laissant ses comparses jouer leur rôle, ce qui fait qu’on a un vrai groupe devant nous. Et les fans ne s’y trompe pas, c’est le succès d’autant plus que trois reprises de Slayer s’ajouteront au matériel de King.
BRUJERIA [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
Groupe formé au détour d’une fête, on lui prête des faits d’armes rocambolesque comme une prise d’otage de membres d’un studio pour enregistrer (démenti depuis, dommage c’est juste con comme il fallait). Brujeria tente le jeu de l’anonymat dans un premier temps, mais de beaux noms seront rapidement trouvés au fil des années.
Ça ouvre sur une ambiance mariachi qui sens bon le farniente sauf que ce qui suit est tout sauf reposant. Ça sonne assez Old School voir proche d’un hardcore ricain sous amphétamines. Ça fout le bordel dans le public et sur scène avant un recadrage en douceur.
BABYMETAL [Texte : Silverluchot]
Encore et toujours sur les Mains en ce 1er jour de fest, on change du tout au tout, que ce soit en termes de visuel ou même de genre avec les jeunes japonaises de Babymetal. Outre l’aspect très clivant de ce fricotage entre le Metal et le monde obscure des idoles japonaises, on se doit d’être admiratif de l’explosion et de la durée de vie de ce produit musical ultra marketing.
Malgré notre absence sur la liste pour de belles photos qui n’existeront donc pas, on peut dire que le public a répondu présent. Là encore, pour de bonne raison ou pour casser du sucre sur leur dos, les festivaliers resteront jusqu’au bout. Peut-être même que le concept de light stick aurait pu prendre ce soir au Hellfest.
CRISTAL LAKE [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
Retour sur la Warzone. On reste toutefois côté Nippon avec les gars de Crystal Lake et leur Metalcore s’approchant régulièrement du Deathcore ou encore du Metal Prog.
Comme régulièrement, la Warzone est facile d’accès en amont du prochain groupe. On n’est pas vraiment tassés mais en même temps, les festivaliers cherchent un peu la bonne pioche. Visiblement ils l’ont trouvée. C’est précis tout en étant énergique. Le mélange est assez homogène et on trouve un son pour nous satisfaire. Juste les coupures son d’une moitié (forcément le mien) ont tout de même bien agacé le public lointain.
MEGADETH [Texte & Photos : Vassago]
On les avait couverts lors de leur passage au Zenith de Paris peu de temps avant le Hellfest et ils avaient fait très forte impression. Cette fois encore Megadeth va faire mouche sur le public. Connaisseur ou découvreur de passage, tout le monde semble unanime sur la qualité de la prestation de la bande de Dave Mustain. Il faut dire que le monsieur sait s’entourer. Seule la voix est un peu limite par moment, mais Dave n’est pas connu pour ses qualités de chanteurs, ce n’est donc pas une surprise et on lui pardonne sans problème.
GRAVEYARD [Texte & Photos : Sartemys]
Retour dans la Valley avec un groupe de Heavy Blues Psychédélique suédois, Graveyard ! L’envie d’un retour au 60’s se faisait entendre avec ces airs d’un nouveau monde loin des terres clissonnaises. Un timbre de voix aux échos reconnaissables, des notes bluesy fortement agréables et un retour aux sources d’un Rock où tout commença… Mais évitons une nostalgie rébarbative pour nous concentrer sur ce groupe qui a réussi, à l’aune de notre siècle, à rassembler la gloire d’un passé idéalisé avec l’exigence technique de notre belle époque. Un cimetière bien vivant ! Et une vraie claque pour nous – avec surplus cheveux au vent et bandana fièrement arboré, assurément.
DARK TRANQUILLITY [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
Changement de lieu pour l’Altar. On y retrouve les Suédois de Dark Tranquillity et leur Death Mélodique, combo gagnant qui perdurent depuis plus de 35 ans avec à la clef bientôt 13 albums dont le dernier, Endtime Signals, est prévu pour le 16 août prochain avec notamment une équipe rythmique Basse/Batterie renouvelée pour l’occasion. Ainsi, en 2024, Mikael Stanne, (Voix et Guitar rythmique) est le seul rescapé du line-up originel.
C’est officiel, les tentes débordent clairement maintenant. L’extraction en cours de set pour enchaîné est clairement une mauvaise idée. Le public n’est plus là par hasard. Le show est très propre. Les parties mélodiques ressortent facilement sans pour autant couvrir le growl caverneux de Mikael.
AVENGED SEVENFOLD [Texte : Silverluchot – Photos : Vassago]
On termine la journée aux Mainstages avec la tête d’affiche Avenged Sevenfold qui s’arrête au Hellfest, seule date française, pour fêter avec nous leur quart de siècle. Pas simple d’identifier un genre unique chez eux, Metalcore, Hard Rock, Metal Alternatif, leur style aura bien divagué au travers de leurs 9 albums. Leur dernière galette, Life Is but a Dream…, vient tout juste de souffler sa 1ère bougie.
La tête d’affiche du soir s’inscrit parfaitement dans une prog plus tôt éclectique. Son large champ musical est vraiment fédérateur comme on pouvait s’y attendre. M. Shadows ouvre la soirée encagoulée en mode Moscow Death Brigade ou qui sait, peut-être un hommage pour Solitaris. Sa voix plus que reconnaissable est tout aussi efficace et grinçante que sur les enregistrements. À noter que l’on peut observer un concept capillaire une fois sa tête découverte. En attendant les photos, imaginez un croisement des franges à la russe et une coupe mulet… magique. Côté stylisme le reste du groupe n’est pas en reste avec des fringues qui sortent des canons du genre, il y’a une certaine forme de sophistication dans leur démarche vestimentaire. Scéniquement le groupe délivre une performance correct, mais ça ne sent pas la sueur. On a la froideur d’un show très pro, mais pas de chaleur ou de connivence avec le public. Comme un exercice imposé. Pire les deux guitaristes ont l’air de se faire chier. Ce ne sont pas des sœurs sourires, ils font le job mais c’est sans passion et ça se ressent. Dommage car Avenged Sevenfold a l’expérience pour lui, mais il lui manque un petit truc pour se hisser à la place des plus grands dont ils se sont inspirés pour construire leur identité. Ce petit quelque chose c’est sans doute l’envie.
SODOM [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
A nouveau sous les bâches pour clôturer la programmation de l’Altar avec un classique du Thrash, Sodom, membre du “Big Three of Teutonic Thrash Metal”. Regroupant la crème du genre en Allemagne et plus largement en Europe. En quelques chiffres, 43 ans d’existence, 17 albums ou encore 3ème programmation au Hellfest (dont un passage en 2015 qui aura marqué les esprits).
On sent un peu que la nuit arrive sous les tentes, ça déborde un peu moins tout en étant aussi présent que possible. On reste quand même sur des pointures européennes. Le son est plutôt précis au vu de l’intensité du set. Les mecs ne semblent même pas forcer pour avoir ce résultat.
CRADLE OF FILTH [Texte : Silverluchot – Photos : Shatenewton/Vassago]
Dernier concert de la journée avec du lourd dans le domaine du Black Symphonique par les Britanniques de Cradle of Filth. Si vos oreilles commencent à siffler à ce stade, gare au scream strident de Dani Filth. Vous êtes toujours là et il vous manque maintenant l’ouïe, qu’à cela de ne tienne, Cradle ça se regarde aussi très bien avec leur mise en scène soignée et diabolique, menée par leur démon de poche.
Fin de journée sur les tentes vraiment au complet cette fois. Avant le début du show, on peut voir une file d’attente de photographe sortir de la Temple, preuve de l’engouement démesuré du groupe, peut-être trop pour les tentes. À quand du Black d’envergure sur les mains. L’instru fait un gros taf, que ce soit technique ou harmonique, mais passe souvent au 2nd plan derrière le charisme compressé dans ce gnome démoniste de Dani Filth et sa voix perçante.
Cette première journée nous aura offert une bonne mise en jambe sur cette session raccourcie du jeudi. De l’éclectisme mainstream plutôt que de l’ultra underground pour ne pas faire fuir les néophytes, ça paye. Les virages de genre à 180° des Mains n’auront pas effrayé un public accroché aux pavés. Les ambiances étant plus homogènes côté tente ou côté Warezone/Valley.