L’esprit kornien 2.0 à l’ère du Covid
Sorti le 4 février 2022, Requiem est le premier album post-Covid du célèbre quintet américain et pilier du Nu Metal depuis les années 1990, Korn. Gardant leur savoir-faire habituel et cette folie incandescente caractéristique des élans de guitare de Brian Welch et de James Shaffer mêlés au chant particulier de Jonathan Davis, Korn semble sortir de deux ans de pandémie avec un album mûri et quelque peu plus calme qu’à l’accoutumée mais toujours aussi fort en symbolique.
En effet, l’album débute par Forgotten, un titre répétitif laissant place au chant et aux rythmiques lourdes tout en restant dans une évolution progressive du son et de l’ajout des instruments. Ce n’est que le début d’une traversée inquiétante pour celui qui l’écoute avant d’arriver à sa destination. Mais laquelle ? Celle d’une quête intérieure où l’homme, dès ses premiers pas sur terre, cherchera continuellement à en comprendre le sens avant de mourir. Cette recherche insatiable de réponses le menant à ses heures les plus sombres et qui ne peut que se résumer par sa finitude semble être le leitmotiv de ce 15ème album. Ainsi, et ce tout au long du requiem, de cette composition musicale normalement réalisée pendant une cérémonie liturgique pour les défunts, alors composé de 9 morceaux et faisant 32 minutes, la balade qui y est proposée promet d’être courte mais intéressante car dénonciatrice.
Chaque titre commence par une introduction travaillée différemment. Dans Lost In The Grandeur, celle-ci interpelle par ses à-coups entre la batterie et les guitares quand celle de Hopeless And Beaten surprend par ses sonorités Black/Death. Par ailleurs, et pour continuer dans un esprit dérangé et surprenant, Let The Dark Do The Rest conserve cette impression de folie grâce à un début en deux tons mais avec plus de rythmique, un refrain intéressant, des jeux de voix aiguës et graves qui s’entremêlent timidement sur fond de guitares envoûtant.
Puis, à partir des 3ème et 4ème titres, nous arrivons au milieu de notre traversée. Start The Healing et Lost In The Grandeur ont toutes deux la même énergie. Entre de bonnes voix rauques hurlantes, une mélodie entraînante et une introduction saccadée et incisive, la guérison semble commencer mais paraît longue et fastidieuse voire presque impossible. Et c’est ce que nous montre Disconnect, titre plus calme et très chanté avec un fond instrumental pesant, ainsi que le reste des morceaux, notamment Penance To Sorrow dans cette pente indubitablement descendante. Enfin, cela se termine par My Confession où Davis s’avère chanter et chuchoter, comme s’il le confessait sur le monde, sur l’échec de l’espèce humaine bien trop occupée à parfaire son égo. Comme s’il espérait mettre un terme à cette mascarade dénoncée tout au long de l’album avec Worst Is On Its Way qui traduit le pire à venir en chacun de nous avec un retour plus marqué au Korn originel et venant conclure cette ode calme et pessimiste.
Quoi qu’il en soit, et comme l’a très bien représenté l’artiste Johnson Tsang sur la pochette de l’album, nous sommes et seront toujours déterminés, dès notre naissance, à finir écraser, réduit à néant par la mort qui viendra nous chercher, consumés par la folie ou non. Dès lors, et je n’ai qu’une chose à vous dire, vivez ! Mais faites le bien ! Requiem, loin de vouloir nous imposer une quelconque morale, tente de dénoncer une réalité de fait exacerbée après la pandémie que l’on ne peut esquiver grâce à sa structure dualiste innovante et imprégnée de la patte du Korn des premiers jours.
14/20
Morceau(x) le(s) plus représentatif(s) de l’album : Start The Healing, Disconnect, Penance To Sorrow
Morceau(x) sortant du lot : Lost In The Grandeur, Hopeless And Beaten
Morceau(x) dont on peut se passer : Forgotten