Jour 2 – 18/06/2022
On était déjà fatigués par la chaude journée de vendredi. La météo nous propose une journée avec 4 degrés de plus. Toute la journée les points d’eau seront pris d’assaut, les coins d’ombre seront surbookés, la bière coulera toutefois encore à flot mais surement moins que prévu… mais l’implacable machine qu’est le Hellfest aura fait le job avec des shows à l’heure, un son d’une rare qualité en festival et des équipes de secours sur le pied de guerre (plus de 840 interventions !)
Quoi de mieux pour entamer la journée qu’un concert de black metal tout en paradoxes et nuances, grâce au groupe norvégien Helheim ? “Nuances”, ce n’est peut-être pas ce qui vient spontanément à l’esprit lorsqu’il est question de black metal, et pourtant il se dégage à la fois de la puissance et une sérénité certaine des compositions de ce groupe, qui mêle habilement harmonie et voix gutturale. Il y a quelque chose d’assez flottant qui émane du flux continu de la musique du quatuor, un équilibre précis entre tension et apaisement, qui fait d’Helheim un élément vraiment très intéressant de la scène black metal actuelle – et une mise en jambes particulièrement bienvenue pour la suite des réjouissances.
On reprend les bases : c’est un projet de Nergal qui n’a rien à voir avec Behemoth. Mais encore ? Comme pour beaucoup de festivaliers, le passage de Me and that Man sur la Valley a été l’occasion d’en savoir un peu plus. Pas totalement un OVNI mais presque, le groupe détonne avec la programmation du festival, et même avec celle de la Valley. Qu’est-ce que ceci ? Du Blues ? Du Rock’n’roll classique posé ? Oui. Tantôt mélancolique, tantôt entraînante, la performance de Me And That Man est vraiment une belle expérience qui malheureusement ne trouve pas totalement sa place à l’heure où le festival commence à accélérer et se remplir. C’est un set qui aurait eu toute sa place en clôture de journée mais qu’on a du mal à totalement apprécier à ce moment. A refaire dans d’autres conditions, clairement.
Set List :
Under the spell
Got your tongue
My Church is black
Nightride
On the road
Surrender
Coming home
Love & Death
Burning churches
Losing my blues
Blues & cocaine
On avait hâte de voir Soen, et à l’instar d’Opeth la veille c’est une fois encore un concert de metal progressif se déroulant en pleine journée sous des rayons brûlants qui nous est offert, et non une réunion underground dans un refuge cryptique comme on pourrait s’y attendre en visualisant l’atmosphère idéale pour le groupe. Le chanteur Joel Ekelöf aux faux airs de vampire a d’ailleurs interprété tous ses titres cachés derrière une paire de lunettes de soleil, devant un public lessivé et majoritairement assis sur la pelouse, pas loin de la liquéfaction. La douceur mélancolique rehaussée de refrains impétueux se prêtant malgré tout plutôt bien à une écoute statique et attentive plutôt qu’à des pogos, le concert de Soen fut un moment très agréable et qualitatif pour un nombre conséquent de spectateurs.
Parfois on passe dans un tunnel. Ce groupe existe depuis 1996 et celui de chez nous qui a couvert leur passage n’en avait jamais entendu parler ! L’occasion pour lui de rattraper son retard. Skillet nous a livré son metal alternatif avec un son puissant et propre. Amusant lorsque la batteuse vient jouer la front woman sur un titre, ça nous rappelle Les 3 Fromages qui changent d’instrument sans arrêt. Le show est efficace et le public l’accueil plutôt bien malgré la chaleur accablante.
Set List :
Whispers in the Dark
Rise
Surviving the Game
Legendary
Awake and Alive
Hero
Monster
Nouvelle découverte sur la Temple Stage : le “North Heavy Metal” d’Einherjer, soit un Black légèrement teinté de folk avec un excellent équilibre entre la puissance des riffs et la légèreté des envolées instrumentales. Un excellent moment, d’autant plus que la Temple ne déçoit décidément jamais au niveau de la qualité du son. Le public ne s’y trompe pas et le set est un moment de partage entre la scène et la fosse. Einherjer est un nom à retenir qui fera le bonheur des amateurs du genre quelle que soit la taille de la scène où on les verra.
Avec The Darkness on était à peu près sûrs d’avoir du spectacle. Autant dans l’accoutrement que dans le déhanché, le groupe ne nous a pas déçus. Toute moustache en avant, le chanteur frontman a su envoyer ses titres les plus reconnus devant un public conquis d’avance. The Darkness est assurément un groupe de scène avec des titres mélodiques très efficaces et un leader charismatique, de quoi raviver de bons souvenirs de collège ou de lycée et mettre une ambiance joyeuse aisément.
Le temps d’un morceau ils ont été rejoints par Michael Starr, chanteur de Steel Panther qui a détonné aussi bien avec son style habituel qu’avec The Darkness en déboulant en short et claquettes.
Set List :
Growing on Me
One Way Ticket
Motorheart
Givin’ Up
(Unknown)
Love Is Only a Feeling
Japanese Prisoner of Love
Get Your Hands Off My Woman
I Believe in a Thing Called Love
On ne présente plus la troupe de Stéphane Buriez qui écume la France et le monde depuis des décennies. Véritables références du metal français, ils ont naturellement attiré un public nombreux qui débordait de la zone de l’Altar. Et voilà que pendant 45 minutes ils nous ont mis des claques et des pains comme ils savent si bien le faire. L’ambiance était folle et la foule couverte de slammeurs déjantés. Loudblast ne déçoit jamais et cette participation au Hellfest n’a sûrement pas dérogé à la règle.
On est venus pour le nom (et parce qu’on nous avait dit que c’était cool), on est restés pour la musique (et parce que c’était effectivement cool, on ne nous avait pas menti). Pelican est une formation américaine instrumentale de post-metal, alliant les styles stoner, doom et post-rock avec brio dans des titres à rallonge et s’enchaînant sans que l’on voie le temps passer. Le résultat est introspectif, personnel, carré, très stylé, une découverte totalement validée.
Encore un groupe shooté sur le chemin pour aller en voir un autre. C’est le gros son qui nous a attirés dans le public pour produire ces quelques clichés. La chaleur est étouffante sous les tentes géantes, mais le public est tout de même rassemblé en masse devant Exciter.
Set List :
Violence & Force
Stand Up and Fight
Victims of Sacrifice
Die in the Night
Iron Dogs
Heavy Metal Maniac
Pounding Metal
Guitar Solo
Beyond the Gates of Doom
Long Live the Loud
Iron Fist (Motörhead cover)
Retour sur la Warzone avec un groupe de punk qui ne date pas d’hier. Au menu ambiance rockab’ et rock garage. L’ambiance est bon enfant, les gens dansent, pas de pogo en perspective, juste de la bonne humeur. Sur scène le chanteur bouge pas mal et va chercher le public du regard, l’ensemble reste sobre avec les cuivres en fond qui débarquent avec des masques de singes. Un moment burlesque et intéressant.
Qui eût cru que tant de monde au Hellfest se masserait devant un groupe de vegans ? Pour se défouler, on dirait que ça ne joue pas. Parce que défouloir il y a eu malgré la chaleur écrasante : pogos, wall of death, slams devant la scène littéralement enflammée et sous le son impeccable de Heaven Shall Burn. Le seul souci de ce concert c’est qu’ensuite il fallait s’en remettre pour continuer de profiter du festival.
Set List :
Hunters Will Be Hunted
Black Tears(Edge of Sanity cover)
Übermacht
Voice of the Voiceless
My Heart and the Ocean
Corium
Behind a Wall of Silence
Awoken (tape)
Endzeit
Après le passage d’Heaven Shall Burn il faut reconnaître que Rival Sons c’est un choix osé. Ça fait un peu eau chaude, eau froide. Le blues rock de ce dernier s’invite au Hellfest et certains pourraient dire qu’il n’y a pas sa place sur une journée où la plupart des groupes bastonnent plutôt fort. Pourtant Rival Sons ça envoie bien plus qu’on aurait pu le penser. Ça passe déjà par la voix du chanteur, mais aussi par l’agressivité de la guitare. On retrouve d’ailleurs le duo chant/guitare si cher au rock des 70’s. Le public est très sage, mais tout le monde écoute religieusement !
Set List :
Keep On Swinging
Open My Eyes
Electric Man
Too Bad
Shooting Stars (Jay solo acoustic)
Feral Roots
Do Your Worst
Nobody Wants to Die
Secret
Si le pays de la gaudriole existait Steel Panther en serait sûrement le porte-parole. On connaissait sur disque mais nous découvrons en live et c’est plus un spectacle qu’un concert auquel nous assistons. Ça parle autant que ça chante (autant dire que si on est là que par amour de leur musique on reste un peu sur sa faim), l’humour est à l’image des disques, toujours en dessous de la ceinture, la parodie du hard rock glam des années 80 est ici poussé à son paroxysme. On notera par exemple la parodie d’Ozzy vieillissant qui articule peu et se déplace avec difficulté sur la reprise de Crazy Train… Les fans apprécieront. Dans l’assemblée, nous avons beaucoup observé la réaction des femmes. Si certaines jouent le jeu, découvrent leur poitrine, montent sur scène et participent, d’autres n’adhèrent pas du tout et attendent que ça passe. La société change et l’humour sexiste de Steel Panther pourrait bien devenir un problème et voir le groupe moins bien accueilli à l’avenir. En tout cas, l’unanimité n’est plus de mise. Mais pour l’instant c’est la grosse fiesta dans la fosse, les fans sont là et c’est le plus important. L’instant présent, demain sera un autre jour.
Set List :
Goin’ in the Backdoor
Tomorrow Night
Asian Hooker
All I Wanna Do Is Fuck (Myself Tonight)
Let Me Cum In
Crazy Train (Ozzy Osbourne cover)
Weenie Ride
17 Girls in a Row
Community Property
Death to All but Metal
Gloryhole
Au sujet des femmes sur scène, il y a clairement deux écoles ; la version Steel Panther évoquée plus haut, où les femmes sont sujets de chansons, objets de désir sur scène et aimants à spectateurs masculins, et sur le même créneau horaire Messa, portant bien son nom de “messe” tant la voix de Sara, accompagnée par la musique ensorcelante de ses comparses vénitiens, ravit les oreilles et charme l’âme. D’ailleurs il est un peu regrettable de constater à quel point la proportion de groupes incluant des femmes est faible à l’affiche du Hellfest, seulement quelques groupes par jour sur une affiche complète. Deux scènes, deux ambiances. Il se dégage une délicatesse ciselée du son Doom, drone et ambient de ce groupe atypique, aux influences diverses et à l’univers mystique et angélique, mais prêt à basculer à tout moment dans une lenteur et une lourdeur radicale. Une mise en scène épurée suffit à mettre en valeur en toute évidence le talent et le potentiel de Messa.
Andreas Kisser, Paulo Jr, Derrick Green. Ces trois-là avec Sepultura ont droit à un chapitre entier dans le livre de l’histoire du metal, et ça n’est pas pour rien. Un chapitre empreint de divergences critiques, certes, raison pour laquelle la setlist ne comporte que des titres des albums Thrash du groupe. Et c’est d’une efficacité incroyable ! La recette Sepultura marche et retourne littéralement l’Altar, avec en point d’orgue sans surprise Roots Bloody Roots, éternel final où le public partage un genre d’explosion commune qui tranche avec la sensation de silence lorsque le groupe quitte la scène.
Set List :
Arise
Territory
Means to an End
Capital Enslavement
Kairos
Guardians of Earth
Machine Messiah
Propaganda
Agony of Defeat
Refuse/Resist
Ratamahatta
Roots Bloody Roots
L’éternel second couteau du Thrash Metal se voit confier non pas un, mais deux concerts. Le premier sur la Mainstage 1 commence sous nos yeux avec un Dave Mustaine souriant et un groupe très dynamique. Kiko en soliste se balade, ça joue dur, ça joue gros, ça joue bien ! Mustaine laisse de la place à tout le monde, alors que le groupe a longtemps donné l’impression d’un projet solo qui ne dit pas son nom ces derniers temps. Le set est implacable et magistral et notre rouquin préféré semble très touché par l’accueil du public du Hellfest. Beaucoup d’émotion au moment de partir.
Set List :
Hangar 18
Dread and the Fugitive Mind
The Threat Is Real
Angry Again
The Conjuring
Sweating Bullets
Conquer or Die!
Dystopia
A tout le monde
Trust
Symphony of Destruction
Peace Sells
Rappel :
Holy Wars… The Punishment Due
Mais qu’est-ce qui fait marcher Deep Purple ? C’est un groupe de papys qui arrive sur scène et il faut reconnaître que le Deep Purple d’antan est mort depuis longtemps. Steve Morse n’est pas là, remplacé par un requin de studio tout aussi doué pour envoyer des soli endiablés, mais on retrouve les increvables Roger Glover, Ian Gillan et Ian Paice. Ils sont en énième tournée d’adieu, mais comme on le dit souvent, un jour ce sera vrai. Alors le public ne boude pas son plaisir de les voir pour la première fois ou une fois de plus et l’accueil est respectueux et admiratif. Après tout qui n’a jamais rêvé d’avoir un papy aussi rock’n roll que ces gars-là ?
Set List :
Highway Star
Pictures of Home
Uncommon Man
Lazy
When a Blind Man Cries
Keyboard Solo
Perfect Strangers
Space Truckin’
Smoke on the Water
Rappel :
Caught in the Act
Hush (Joe South cover)
Black Night
Ce sont d’abord les décors qui nous ont attirés sous la tente qui abrite la scène Temple. Ensuite on a noté l’accoutrement et on a compris qu’on avait devant nous un groupe de folk. Après coup on apprendra que le groupe est français et qu’il existe depuis 2018. Mais surtout on reconnaît Chaos Heidi actuellement en carrière solo, mais qu’on a pu voir dans Funny Ugly Cute Karma et Asylum Pyre) au chant. En effet, elle remplace Justine souffrante pour les prochaines dates.
Ghost a mis les petits plats dans les grands pour répondre à l’invitation du Hellfest. Un chœur de nonnes, des tenues à n’en plus finir et un budget confettis et flammes qui à lui seul permet de comprendre le prix des billets du festival. Dommage donc que la scène soit la plupart du temps plongée dans le noir et que même sur les écrans on ait souvent du mal à voir ce qu’il se passe, surtout lors de la première moitié du concert. Le groupe égraine la plupart de ses titres emblématiques, mais on regrettera un temps de show un peu court. Pas de rappel, c’est un peu court M. Cadbury ! D’autant plus que le feu d’artifice prévu n’aura finalement pas lieu à cause du pic de chaleur du jour et des risques d’incendies qui en découlent. Bref, le contrat est rempli mais ça manque un peu d’extras. On apprendra plus tard que le chanteur avait en fait perdu sa voix en plein concert, d’où la nécessité d’amputer le set de quelques titres initialement prévus ; la hantise de tout vocaliste !
Set Lit :
Kaisarion
Rats
From the Pinnacle to the Pit
Devil Church (with guitar duel)
Cirice
Hunter’s Moon
Faith
Spillways
Ritual
Call Me Little Sunshine
Helvetesfönster (abridged)
Year Zero
Spöksonat
He Is
Miasma
Mummy Dust
Griftwood (Live Premiere feat. Sisters of Sin)
Dance Macabre
Premier passage du quatuor australien à cette édition du Hellfest puisqu’on les retrouvera le weekend suivant.
Airbourne joue la carte de l’efficacité et nous en met plein les oreilles à grands coups de riffs bien rythmés. Le public répond présent et la fatigue de la journée s’envole grâce à l’énergie qui se dégage de la scène. On a tout de même regretté une mise en scène complètement centrée autour de Joel O’Keefe, certes charismatique et énergique à souhait mais qui prend littéralement toute la lumière sur scène.
Set List :
Ready to Rock
Too Much, Too Young, Too Fast
Breakin’ Outta Hell
Girls in Black
Back in the Game
Live It Up
Runnin’ Wild
Photos/report : Elise Diederich, Nicolas chaigneau et Vassago