Ce premier février, je me suis rendu au Théâtre Libre pour y découvrir « Les Wriggles se mettent en quatre », le dernier spectacle de la bande de compères qui a accompagné une bonne partie de mon adolescence (au grand regret de mes professeurs auprès desquels je présente mes excuses pour les refrains entonnés aléatoirement).
Je vais ici vous en parler en prenant bien soin de ne pas divulgâcher le contenu pour ceux qui compteraient le découvrir en personne, puisque contrairement au spectacle précédent qui accompagnait la sortie de l’album « Complètement Red », on a affaire ici à une mise en scène de bon nombre de morceaux inédits.
Si les Wriggles sont surtout connus du plus grand nombre pour leurs chansons légères et délurées, leur discographie contient également une bonne part de chansons engagées ou touchantes… et ces catégories peuvent bien sûr s’entrecroiser au sein des textes.
Car ce que manient avec justesse et précision ces hommes en combinaison rouge, c’est l’art du contrepied. « Les Wriggles se mettent en quatre » est un spectacle imprévisible qui nous fait passer par tous les états. Le twist peut être au tournant de chaque vers, que ce soit la pique brutale qui nous ramène à la réalité lors d’une chanson complètement barrée ou bien la blague qui relâche l’atmosphère au milieu d’une chanson triste ou colérique. Le tout souligné par la merveilleuse expressivité des membres du groupe dont les mimiques sont dignes d’un Michel Courtemanche.
Et si au passage on peut taper dans la fourmilière d’un sujet de société, les Wriggles y vont à pieds joints ! Avec justesse et pertinence.
Alors certes, ce choix du contrepied se fait peut-être au détriment d’une double lecture des textes comme on l’avait plus il y a quelques années mais on y gagne une nouvelle force dans les émotions transmises.
Et impossible de parler de ce spectacle sans mentionner l’excellente mise en scène de Sébastien Lalanne. On y retrouve les codes des Wriggles depuis toujours : scène sans décors, combinaisons rouges et mouvements erratiques des principaux intéressés mais en y ajoutant quelque chose de plus théâtralisé, avec plus d’accessoires et des rôles plus affirmés à chaque morceau pour les membres du groupe. Cette mise en scène accentue à merveille les changements de rythme des chansons, nous permettant de vivre en accéléré les moments barrés mais aussi de retenir notre souffle lorsque tout ralentit, par exemple le temps de dérouler une bobine de fil. Et les Wriggles apparaissent ou disparaissent de notre vue au gré de jeux de lumières simples mais efficaces.
Le résultat est très bien incarné, proche du public et percutant.
Et une mise en scène plus travaillée ne veut pas dire manque de spontanéité, comme nous l’ont bien démontré les blagues qui ont fusé depuis la scène lors de problèmes techniques mineurs qui n’ont fort heureusement pas impacté le déroulement de la soirée.
« Les Wriggles se mettent en quatre » continue donc sur la lancée de « Complètement Red » (également mis en scène par Sébastien Lalanne) dont certains morceaux sont d’ailleurs toujours présents, notamment… celui qui reste dans la tête.
Et pour les aficionados de la période pré 2010, ne vous inquiétez pas, il reste quelques classiques ! Que serait un spectacle des Wriggles sans que le public entonne Poupine et Thierry en chœur avec le groupe ?
Vous en voulez encore ? Il y a des rappels !
Donc si vous voulez rire – mais pas que – avec les Wriggles, ça se passe tous les mardis à La Scène Libre à Paris jusqu’au 19 avril. Personnellement, je recommande chaudement !
Merci à Blue Line Productions et au Théâtre Libre de m’avoir permis d’assister à cette soirée.