Soirée Jazz vocal ce mardi 9 juillet à Jazz à Vienne avec 2 icônes de la scène internationale.
LE FESTIVAL
Tout est parti de cette première nuit du Blues en 1980.
Organisé par Jean Paul Boutellier, cette soirée aurait dû normalement se passer à la roseraie du Parc de la Tête d’Or au centre de Lyon mais n’ayant pas obtenu l’accord de la mairie, c’est à une trentaine de kilomètres de là, dans la petite ville de Vienne, que s’est déroulé cet évènement.
L’affiche était déjà prestigieuse puisque ce soir-là on pouvait voir et entendre Fat Domino, BB King et Muddy Waters : que des géants.
1981 après l’obtention d’un statut d’association sous loi 1901 la première vraie édition de Jazz à Vienne prend officiellement vie.
Elle se tiendra sur 5 jours et se déroulera dans le magnifique théâtre antique de la ville (théâtre construit entre 40 et 50 après JC).
Les artistes, ou devrais-je dire les légendes à l’affiche de cette première édition, étaient McCoy Tyner, Art Pepper, Dizzy Gillespie, Chuck Berry, Herbie Hancock…
Les années suivantes, on est vite passé de 5 jours à 1 semaine et ensuite à 2 semaines comme aujourd’hui avec une dernière soirée qui se termine aux alentours de 7h du matin.
Considéré de nos jours comme l’un des plus grands et célèbre festival de jazz d’Europe, durant ces 43 éditions les plus grands noms du Jazz et du Blues se sont produits sur cette scène avec entre autres :
Art Blakey et les Jazz Mesengers, Stan Getz, Miles Davis, Sonny Rollins, Ella Fitzgerald, Lionel Hampton, Cab Calloway, Chet Baker, Horace Silver, Sarah Vaughan, Stevie Ray Vaughan, Albert King …
Mais en plus des concerts du temple romain, Jazz à Vienne c’est aussi un grand événement dans toute la ville avec des scènes accessibles gratuitement où se produisent de nombreux artistes nationaux et internationaux ainsi que les nombreux conservatoires de musique de la région sans oublier les tremplins et les matinées jeune public, où les élèves des écoles primaires des communes alentours ont la chance de profiter de spectacles de qualité. Au total, pendant les 17 jours de l’édition 2024 cela a représenté 173 concerts avec 1000 artistes sur 48 lieux de programmation et avec un total de 215 000 festivaliers dont 88700 pour le théâtre antique (voir le Bilan de cette année ci-dessous).
20 ans déjà que je parcours cet événement en tant que festivalier, dans un premier temps, puis comme vendeur de partitions musicales sur le regretté stand de la boutique Jazz Amy avant de rejoindre l’équipe de photographes du webzine Jazz Rhône Alpes.com.
20 ans où je garde en mémoire des soirées formidables tel que la prestation du pianiste Oscar Peterson, les magnifiques projets que nous présentait régulièrement le pianiste Chick Corea avec des complices tel que Gary Burton, Bobby McFerrin ou encore avec Franck Gambale, Lenny White, Stanley Clarke et Jean Luc Ponty pour redonner vie au groupe Return to The Futur.
D’autres soirées avec le duo Birélie Lagrène et Sylvain Luc, ou encore les soirées Blues avec BB King, Johnny Winter, Buddy Guy et aussi Santana, Michael et Randy Brecker, Pat Metheny, Georges Benson, Al Jarreau, Hank Jones, Ike Turner, Tony Bennett, Joe Cocker, Quincy Jones, Eric Clapton avec Marcus Miller, David Sanborn et Steve Gadd (en 1997) et tant d’autres.
Malheureusement beaucoup de ces artistes nous ont quittés.
Parmi tous ces grands maitres, on peut rencontrer de grandes générosités et gentillesses tel que Mike Stern qui te serre dans ses bras après qu’en coulisses je lui ai demandé un médiator ou encore Wynton Marsalis que tu as peur d’approcher pour un autographe tellement son Big Band parait droit et discipliné mais qui se révèle d’une gentillesse incroyable : il prend le temps de discuter avec toi en te demandant si toi aussi tu pratiques un instrument. Il y a aussi les frères Belmondo ou Kyle Eastwood qui se prêtent aux selfies avec le public.
Mais il y a aussi des caractères détestables qui brisent des mythes tel que Chuck Berry, après une superbe première partie assurée par Ike Turner, monte sur scène complètement ivre et enchaine fausses notes sur fausses notes se faisant siffler et huer par le public ou alors Seal qui lors du rappel de Yael Naim, en première partie, lui coupe le son à la sono sous prétexte qu’elle avait dépassé son temps et que c’était à son tour.
Puis il y a les caprices de star avec par exemple Nora Jones ne voulant pas que les gens fument dans le théâtre qui rappelons-le, est en plein air.
Et puis, enfin, il y a Diana Krall qui lors de ses précédentes venues a fait privatiser le parc de jeu de la ville pour ses enfants et leur garde du corps et a exigé un service de sécurité autre que celui du festival sans oublier l’interdiction au public de circuler dans le théâtre pendant les 2 premiers titres ce qui n’a pas manqué de créer des tensions car les gens cherchaient à regagner leurs places avec leur verre qu’ils venaient de s’offrir.
Diana Krall
Fidèle à elle-même la canadienne a été exécrable et a vraiment déçu son public (Voir les commentaires sur la pages Facebook du festival).
On ne ressentait aucune émotion, ses phrasés étaient ennuyeux. Elle était de marbre sans aucun échange avec son public, rien à voir avec ses autres apparitions sur cette même scène.
Serait-ce parce que cette fois ses caprices n’ont pas été acceptés ou bien est-ce en rapport à ses plaintes de la soirée sur le fait qu’il y avait trop d’air sur la scène, en tout cas, malgré la présence d’un excellent batteur et d’un tout aussi bon contrebassiste qui ont tout fait pour relever le niveau, nombreux spectateurs ont quitté le théâtre avant la fin du concert.
De plus, c’est sans surprise venant d’elle, que seulement 4 photographes, dont j’ai quand même eu la chance de faire partie (malgré ses caprices de star, je suis assez fan de ce qu’elle fait), ont eu le droit de la photographier sur les 2 premiers titres, à 40 mètres de la scène et avec très peu de lumière, sans manquer de signer un contrat sur lequel il était écrit que nous n’avions pas le droit d’exploiter les photos en dehors de l’article et que l’on devait les faire valider avant parution avec comme retour toutes nos images ont été refusées.
Bref, il en résulte que suite à cette prestation bâclée, le festival a décidé de se passer de Madame Krall pendant un bon bout de temps.
STACEY KENT
Une tout autre personnalité !
C’est la chanteuse américaine Stacey Kent qui était en première partie de cette soirée.
Accompagné par son mari Jim Tomlinson à la flûte traversière et au saxophone ainsi que du pianiste Art Hirahara, la chanteuse nous revient après quelques années d’absence.
Contrairement à Diana, le public est charmé par son bonheur d’être sur scène et par sa générosité.
Au programme, elle nous sert un mélange de titre de Michel Legrand comme : La valse des Lilas, Summer Me Winter Me qui est aussi le nom de son dernier album.
Antonio Carlos Jobim est aussi à l’honneur avec Corcovado et Agua de Maço.
Bien sûr, elle interprète aussi des originales avec Thinking about the rain, Postcard Lovers, A Song That Isn’t Finished Yet dont les musiques sont signées de Jim Tomlinson.
Et pour finir avec des versions anglaises de Ne me Quitte Pas et Sous le Ciel de Paris : If you Go away et Under Paris Skies.
Le rappel se fait sur le titre : Les Voyages de Barbara magnifiquement interprété.
Ce soir, c’était vraiment elle la star de la soirée elle a su partager son émotion et sa gentillesse en emporter le public avec elle.
Madame Krall, vous devriez prendre quelques notes sur elle pour être plus respectueuse envers votre audimat !
Merci à Claire Gaillard et toute son équipe pour leur accueil.