D’une réminiscence refoulée à une transcendance cachée.
Voilà ce que nous offre Changes, premier album du groupe français de Post-Rock, Metal et Prog au fort accent Ambiant, Cløudy Skies. Teinté d’une obscurité certaine, le voyage que dis-je, le périple, vous sera donc périlleux mais nécessaire à cette évolution décidée ; la réminiscence réveillera blessures et refoulements pour une transcendance des plus cachées car intérieure mais emplie de changements.
Un groupe n’a donc jamais aussi bien porté son nom. Telle une chape menaçante, ce ciel nuageux, dit cloudy skies, se retrouve dans l’ensemble de l’album. Another Dream en est le point de départ assuré. Grésillements Black Ambiant à la Amenra ou de leurs amis de Nature Morte, les percussions ne tardent pas à arriver pour que s’ensuivent dépression, désolation voire rêve névrotique – le Doom n’aidant en rien. La voix explose à la quarante-cinquième seconde où s’entremêlent, dans un même timbre, Marilyn Manson et Jonathan Davis ; elle alternera entre chant clair et cri et ce, tout au long de Changes, ouroboros donc. Le départ est plus posé vers les 2/3 du morceau, plus hypnotique encore, suivie de la guitare pour un mélange à la fois brutal mais apaisant. Tout changement a du bon finalement. À 5:53 l’atmosphère est plus tortueuse et la tonalité, essoufflée. La fin est decrescendo, étrange. Le décor est posé, le retour en arrière, impossible, et l’odyssée ne fait que commencer.
Poursuivons alors, dans les méandres de notre esprit, avec Nebulous Reflections à l’aura « alcestienne » de l’album Shelter. Les crépitements radiophoniques nous interpellent, mêlés à ces notes progressives. L’esprit Shoegaze s’entend indéniablement mais le rythme est pourtant plus martial. Les instruments occupent l’espace, au même titre que les cris et chants clairs qui suppléent les moments de repos ; un passage de guitare éclaire l’ensemble à 2:54 avant qu’une voix sinueuse s’y glisse. Retour à des hurlements à 3:30 et des growl davantage Black pour un enchaînement caractéristique de l’œuvre de Cløudy Skies : la clarté supplante la noirceur avant de se faire rattraper par celle-ci et ainsi de suite. La fin résonne et est des plus floues. Serions-nous en plein mouvement ? Les transformations nécessitent de sortir de notre cocon. Currents bouge, le départ est pesant. L’ensemble est pourtant plus mélodieux et la gratte n’hésite pas à aller en profondeur, mais de quoi ? De qui ? De nous. L’écho s’entend, s’étend, et l’aspect atmosphérique voire New Wave et Gothique s’en ressent. Un cri de désespoir se distingue, les métamorphoses sont difficiles. La fin est abyssale, répondant au prochain morceau, Echoes of the Ocean. Gilles Niez le représenta sur la pochette d’une manière simple et sans ambages, comme pour nous confronter impitoyablement à la réalité, à notre réalité.
Les premières notes sont plus claires, joyeuses peut-être ? Les sonorités évoluent peu mais une voix venant des ténèbres se perçoit, saisissante. Le jeu de guitare est particulier, s’appropriant un Death Mélodique qui dénote. Des lueurs sont perceptibles, mais également des fantômes, c’est Gleams and Ghosts. Des chuchotements parsèment l’étendue mystérieuse, quelqu’un bruit, suivie de la guitare douce et aérienne qui reviendra avec un jeu Death avant de repartir de plus belle à 30 secondes. Le reste est archaïque, du Placebo peut se percevoir, mais davantage du The Cure et du Type O Negative. Stars Still Shine pourtant. La renaissance après la mort. Du Doom:VS à du Totalselfhatred pour l’esprit mélancolique qui se voudrait ravageur mais stoppé net par une énergie Rock/Goth’ parfaitement diluée où différentes tessitures se perçoivent, effleurant des euphonies Metalcore. Ne prenons rien pour acquis car l’incertitude subsiste. Aussi présente qu’indicible, la brume pesante nous embrume. Haze on the Way assurément. L’assortiment du trio Rock-Doom-Black avec synthé entendable pour une fin dans les affres clôture Changes.
Œuvre donc mature, Cløudy Skies décide de ne pas suivre l’évolution lambda que l’on attendrait d’une première sortie. Pouvant sembler monotone à la première écoute, les détails de Changes se révèlent par la suite, nous happant parfois douloureusement pour nous exposer à notre for intérieur souvent dissimulé mais jamais oublié. Cela ne sert à rien d’être aboulie, achopper à nous-même, voici la plus grande épreuve à surmonter.
Liste des morceaux :
1. Another Dream
2. Nebulous Reflections
3. Currents
4. Echoes of the Ocean
5. Gleams and Ghosts
6. Stars Still Shine
7. Haze on the Way
Titre(s) emblématique(s) de l’album : Another Dream, Nebulous Reflections, Currents et Stars Still Shine.
Titre original : Echoes of the Ocean.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Aucun, l’album est cohérent.
16/20