Et la singularité continue…
… au sein de votre conscience. Ayant préalablement partagé Banquet Overflow for the Mind House en juin dernier, le groupe français Nature Morte continue son ode particulière et spatiale avec son dernier album en date, Oddity, à la confluence d’un Black Ambient versifié par un Shoegaze de plus en plus présent pour satisfaire les failles mélancoliques de chacun. Que faut-il en comprendre ?
Rien. Enfin, comme vous voulez. Car l’ensemble est introspectif et ne dépend que de vous, et de ce que vous préférez laisser de côté ou, au contraire, affronter. Bruises & Lace débute de manière progressive et énigmatique avant que ne s’élancent les percussions et la guitare à la Placebo. Il alterne entre une instrumentation planante pour s’accélérer par la suite. Les hurlements sont présents. Le décor est donc posé : le bleu, la dentelle, mais avec le noir, la mort et l’agressivité suffocante. Les paradoxes ne cesseront de couler tout au long de l’album. The Pier est du même acabit. L’aspect est sinueux, tortueux mais passible et délicat. L’accélération brutale arrive à la troisième minute. Les 2/3 sont savoureux, le vent s’immisce, il n’y a pas de voix. Néanmoins, la fin est hurlée et des grésillements malsains et étranges apparaissent. La nuance de Nature Morte n’en est pas moins perceptible ; un ovni d’une grande richesse car touchant l’âme humaine. Matthieu Venot a, sur la pochette, su retranscrire ces sons par des couleurs et formes abstraites, une cohérence essentielle à tout album réussi ; observons un léger changement par rapport à leur dernier single, les détails restent importants.
Âme donc sensible, s’abstenir. Oddity est un beau miroir de notre mind house qui, bien que riche et complexe, pourrait paraître itératif et manquant de reflets pour les plus bourrus d’entre nous alors qu’en réalité, il est plus subtile que cela. Here Comes the Rain arrive alors, en collaboration avec Cindy Sanchez du groupe de Dark Folk Lisieux, renforçant l’aspect sombre et éploré mais toujours aussi mystérieux. Le début est calme à la Alcest et une sorte de cri se fait entendre vers la troisième minute. La fin est longue, s’étendant sur presque une autre minute, parsemée de ces mêmes grésillements, bruits radiophoniques venant, peut-être, de l’espace. Mais lequel ? New Dawn est la suite logique de cette interminable particularité avec son introduction posée et expectative. Le rythme se pose dans la première minute pour perdurer sur de l’instrumental jusqu’à 2 minutes et 20 secondes. Une voix lourde s’ajoute par la suite, presque insidieuse, cachée, mais de véritables cris s’imposent à nous vers 4:40. Monday Is Fry Day continue. Ces mêmes grésillements reprennent pour un départ plus direct. La double pédale est là et les deux pôles s’alignent. Le retour à l’introspection est là pour un renouveau des hurlements. Le dénouement est encore le même.
Banquet Overflow for the Mind House est donc là. Comme préalablement écrit, un sentiment de solitude reste omniprésent. « La violence ressurgit à presque 2 minutes de la fin, la guitare est frénétique, comme la batterie et le chant. Nous entendons des supplices qui nous attirent, la fin semble plus apaisante. Vraiment ? ». Quoi qu’il en soit, le supplice perdure. Nothingness jouit d’une « absence présente ». Le néant est là. L’introduction est calme et des oiseaux apparaissent. Sont-ils les porteurs d’un message impénétrable ? Sûrement. La voix grave revient à 2:45 avec un chant presque parlé. Nous entendons le chanteur de Cløudy Skies, Lionel Forest. Un bug est discernable à la fin. Quelle œuvre étrange ! untitled, précisément. Certains bruits d’Électro durent et la guitare est jouée frénétiquement avant de s’arrêter brutalement. Des ondes, encore. L’ensemble reprend, plus aigu peut-être. Aucune voix. La fin est répétitive, serait-ce la réception d’un message qui délire ? Fireal clôture Oddity, enfin, sur le papier. Car dans les ondes, cela continue. Jusqu’à où ? L’espace est infini. Notre esprit aussi. Le début du morceau débute avec la fin du précédent. L’instru et la voix reprennent pour dégénérer et se calmer puis recommencer. Des chuchotements s’entendent alors, avant que la normalité ne resurgisse. Laquelle ? La fin semble se tranquilliser.
Nature Morte perpétue donc son héritage indicible ; un plaisir pour celui ou celle qui tenterait d’y percevoir un fragment de ce qu’il possède de plus intrinsèque…
Pistes :
1. Bruises & Lace
2. The Pier
3. Here Comes the Rain
4. New Dawn
5. Monday Is Fry Day
6. Banquet Overflow for the Mind House
7. Nothingness
8. untitled
9. Fireal
Titre(s) emblématique(s) de l’album : Bruises & Lace, The Pier, Nothingness et Banquet Overflow for the Mind House.
Titre original : New Dawn.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Aucun, l’album est cohérent.
17/20