L’Apothéose
Avec ce neuvième album Epica entre dans le cercle très fermé des groupes qui s’installent dans la durée. Il y a un peu plus de 20 ans, lorsque nous les découvrions avec leur premier album ils faisaient alors figure d’outsiders derrière Within Temptation, Nightwish et After Forever. Force est de constater que le groupe a su s’installer. Mieux ! Il a su se renouveler. Arrivé après les premières batailles, le groupe suiveur est maintenant le fer de lance d’un mouvement qui s’essouffle et dont il est encore le seul à en tirer quelque chose de grandiose.
On ne va pas se mentir, le petit monde du Metal Symphonique a pris du plomb dans l’aile. Le genre tourne en rond depuis un moment et les groupes qui ne se sont pas séparés ont tendance à essayer d’autres voies d’évolution en abandonnant le chant lyrique en route tout en essayant de garder leur identité. On l’a vu dans la chronique du dernier album de Within Temptation, ce n’est pas toujours du goût des fans de la première heure. Epica a choisi une autre manière d’évoluer en ne reniant rien, mais en cherchant des ressorts créatifs dans leurs compositions. Il faut dire que la musique du groupe s’avère nettement plus complexe que celle de la concurrence en incorporant à son lyrisme des influences de Metal Progressif et des incursions ponctuelles dans le Metal plus extrême. Grâce à cette richesse d’influence, Epica arrive à toujours proposer des albums intéressants sans jamais se reposer sur une recette évitant ainsi de trop se répéter.
Aspiral s’ouvre avec Cross The Divide, un titre de pure Heavy Metal où les arrangements lyriques sont peu nombreux. Le refrain est très accrocheur, on sent que ce morceau est calibré pour devenir un single et s’il est en ouverture d’album, c’est pour nous accrocher. Cependant il est loin d’être le titre le plus représentatif de cet album. Il fera corps avec T.I.M.E et dans une moindre mesure Arcana qui constituent les trois singles qui ont pour mission de donner envie aux gens d’écouter le reste. Et croyez nous, il faut aller écouter le reste !
Chez Epica il y’a deux sortes de morceau. Il y a la pièce simple et la pièce montée. Ces derniers sont souvent des titres plus longs avec des structures nettement plus progressives et une richesse orchestrale particulière qui n’est jamais sans faire penser à de la musique de film. Darkness Dies In Light – A New Age Dawns Part VII, mais aussi The Grand Saga Of Existence – A New Age Dawns Part IX ou encore Metanoia – A New Age Dawns Part VIII sont de ceux-là. Les titres parlent d’eux-mêmes, en les lisant on se doute qu’on est face à des masterpieces qu’il va falloir apprivoiser. Et justement la force des Néerlandais, c’est d’être capable de faire passer ces monstres comme une lettre à la poste. A aucun moment, on ne trouve le temps long, il se passe toujours quelque chose. Et si les structures sont nombreuses, les rythmes et les riffs sont toujours à la portée du grand public, ce n’est pas du Dreamtheater. Le reste de l’album est constitué de quelques titres entre ces deux mondes, des chansons moins longues aux structures un peu plus alambiquées que la moyenne. Parmi eux, on notera la onzième piste avec cette ambiance qui n’est pas sans faire penser à des musiques de films composé par Hans Zimmer ou M83 pour le film Oblivion avec un final qui monte en intensité avant de retomber d’un coup et cette dernière note avec le même effet que sur Inception. On notera aussi cet énorme Beat Down sur Fight To Survive – The Overview Effect qui fait tellement de bien pour ponctuer nos oreilles. L’arsenal musical est vaste, on entendra aussi des Blast sur un titre, les voix claires et le growl se tirent la bourre en permanence offrant du relief. Enfin, l’ambiance orientale de Eye Of The Storm démontrera définitivement qu’Epica ne se met aucune barrière.
Mais la véritable force de cet album, et c’est souvent le cas dans les compositions du groupe de manière générale, s’exprime par la mélodie. Epica est un des rares groupes qui arrive à trouver des tournures mélodiques qu’on n’attend pas. Si certains refrains jouent la carte de l’efficacité, d’autres titres vont au contraire chercher l’originalité. Totalement à rebours de la démarche APT (titre de Bruno Mars composé pour Rosé ex-Black Pink totalement calibré, à tel point que le refrain est un pur plagiat d’au moins 5 chansons), les mélodies chantées par Simone cherchent toujours le chemin le moins attendu. Et c’est tellement rare de nos jours que c’est une vraie bouffée d’oxygène.
Le seul regret qu’on pourrait avoir serait sur le son. La production assurée par Joost van den Broek est bonne, mais on aimerait entendre plus de vrais instruments et un peu moins d’orchestration au synthé. On l’entend particulièrement sur l’introduction de la piste 3. Dès que les guitares entrent, c’est moins gênant, mais tout seul un synthé qui imite des instruments classiques sonnera toujours un peu coin-coin.
La pochette de l’album représente une sculpture en bronze réalisée en 1965 par l’artiste Polonais Stanisław Szukalski qui voulait représenter le renouveau et l’inspiration.
Aspiral est prévu sur toutes les plateformes et dans les bacs à partir du 11 avril prochain. Le 12 avril, le groupe sera présent à Paris pour une « Release Experience » qui se déroulera dans un musée éphémère qui prendra place à l’Alhambra. Enfin, pour retrouver Epica en live, rendez-vous au Hellfest le 20 juin prochain et pour ceux qui ne pourront pas y être, le groupe se produira en compagnie D’Amaranthe au Zenith de Paris le 25 janvier, au Bikini de Toulouse le 4 février et il sera le 5 février à Lyon Radiant Bellevue.
Mais pour le moment, vivement le 11 avril !
Tracklisting :
01. Cross The Divide
02. Arcana
03. Darkness Dies In Light – A New Age Dawns Part VII
04. Obsidian Heart
05. Fight To Survive – The Overview Effect
06. Metanoia – A New Age Dawns Part VIII
07. T.I.M.E.
08. Apparition
09. Eye Of The Storm
10. The Grand Saga Of Existence – A New Age Dawns Part IX
11. Aspiral
Titre incontournable : trop difficile de faire un choix. Ecoutez tout.
Titre dont on aurait pu se passer : ça va pas non !?
Titre ovni : Cross The Divide qui est le seul titre qui sonne vraiment Heavy Metal
20/20