Peux-tu présenter Rãgarãja, Qui êtes-vous ?
Rãgarãja, c’est un projet né d’un précédent projet qui s’appelait Dacryma, formation qui s’est séparée depuis, chacun a fait son chemin, et les frères Durand ont fondé Novelists dans la foulée. Nous existons depuis 2014/2015. Nous avons mis du temps pour se mettre sur les plateformes streaming, car à part Youtube pour les clips, nous étions plus à l’aise avec le bon vieux CD, et le face à face, mais nous devions nous rendre à l’évidence qu’il fallait se positionner sur « les internets ». Nous ne sommes pas particulièrement des adorateurs de cette technologie qui, en plus d’avoir modifié en profondeur le rapport des gens avec le contenu artistique, a vraiment un effet pernicieux sur nous en jouant sur les instincts, mais force est de constater qu’il faut avancer sur ces supports. C’est un peu « Intégrer le système pour le critiquer en profondeur », et vu comme on se fait censurer pour nos contenus, je pense qu’on est sur la bonne voie.
Sinon niveau line-up ça n’a pas énormément bougé car même si nous avons changé de batteur plusieurs fois, nous avons fini par trouver notre « perle rare », au final il y à, Leo à la batterie, Stanislas à la guitare et a l’orchestration, Fabien à la basse, Chris à la guitare et moi (Euryale) au chant. Jusque-là j’ai majoritairement proposé les bases de compositions que ce soit sur l’EP Sheitan ou l’album Egosphère mais c’est en train de changer en profondeur.
Pourquoi le nom de Rãgarãja ?
Le nom de Rãgarãja vient du Bouddhisme, c’est le roi des passions sous sa forme irrité. Choisir n’a pas été facile, on ne souhaitait pas un nom anglais car on chante en Français, il fallait qu’il soit disponible, et qu’il ait du sens !
Tu es également membre d’Hexadecibel, peux-tu nous présenter cette association ?
Hexadecibel est un collectif qui regroupe pour le moment 6 groupes ! Exune, Rue de la Forge, Pray for humanity, ASK, waking the sleeping bear et Rãgarãja. L’idée est venu de vouloir rassembler les groupes francophones afin de promouvoir le metal chanté en français dans sa globalité. Nous voulons regrouper vraiment tout cet univers, tous les styles sont les bienvenues, du moment que c’est francophone. Hexadecibel se présente en 4 pôles : Visibilité, booking, partenariat et production. L’idée c’est que les groupes participent activement à l’association et à son développement. Nous voulons que chaque projet apporte quelque chose à chaque groupe et que chaque groupe apporte aussi sa pierre à l’édifice.
Pourquoi d’ailleurs chanter en Français ?
Dans Hexadecibel nous pensons tous que le fait de chanter en français installe une certaine proximité, une vraie complicité avec ton public, mais clairement ça en perturbe encore beaucoup. Ceux qui écoutent du metal écoutent d’abord un style, avant de chercher le sens d’une chanson. On écoute d’abord l’ambiance qui est créée par le groupe, la production, l’instrumental, la texture de la voix, du chant, puis en dernier on essaye de comprendre ce qui se dit. Et ça c’est à cause du chant anglais très répandu. Avec un chant anglophone on n’est pas « capté » par les paroles immédiatement parce qu’on ne les comprend pas inconsciemment, on doit forcément les traduire, faire un effort. Alors que le fait de chanter en français en revanche tu captes tout de suite l’attention, et tu « perturbes » l’habitude d’écoute. C’est plus facile d’ignorer le sens d’une chanson en anglais et de se laisser « porter », alors qu’en français tu es tout de suite attiré par la voix.
Quant à l’écriture pure dans Rãgaraja, j’ai fait le choix d’essayer le plus possible d’écrire des textes qui pourront s’écouter dans 10, 20, 50 ans. J’ai choisi de ne pas mettre trop d’éléments de temporalité. Je fais très attention au vocabulaire, pour choisir chaque mot au mieux. L’idée c’est que peu importe quand tu écoutes la chanson, tu pourras te l’approprier sans forcément un contexte d’époque précis. Par exemple on choisira le terme « écran » car un écran c’est un écran, potentiellement une barrière, et on peut interpréter à sa façon ce terme, alors qu’un smartphone, un pc, une télévision c’est identifiable à une époque et c’est plus difficile de lui donner sa propre interprétation. Je tiens à ce que les gens puissent interpréter avec leur propre ressenti, vécu, et compréhension.
Dans le collectif Hexadecibel, bien qu’on soit uni par l’amour de la langue française, on a une approche tous différentes, par exemple Waking the sleeping bear et ASK, utilisent beaucoup plus de mots que Rãgarãja, et dépeignent avec plus de précision le tableau qu’ils souhaitent montrer. Ils prennent beaucoup plus de place aussi. Ce n’est pas notre façon de faire et c’est un choix totalement voulu. Si on devait faire une comparaison avec la peinture, on ne fait pas du « réalisme » satyrique mais plutôt du « symbolisme », mélangé à de « l’impressionnisme ». Quand tu écoutes une chanson de Rãgarãja, nous voulons te donner envie d’aller t’intéresser au tableau et que peu importe le contexte, tu puisses l’interpréter comme tu l’entends.
Quoi de neuf depuis Egosphère ?
Malheureusement une pandémie. Egosphère est sorti en novembre 2019. Nous avons porté cet album au maximum, jusqu’au confinement. Entre Septembre et Décembre, on a multiplié les concerts et nous avons eu la joie de jouer en tête d’affiche au Bus Palladium pour la release Party, puis on a enchainé notamment à la Maroquinerie avec Sidilarsen, au Chaudron avec Dali Thundering Concept. On devait lancer la tournée 2020, avec la sortie du clip-concept « Egosphère » de 7 minutes, en février, qui au final a été censuré avec une limite d’âge par Youtube (disponible sur Vimeo), puis la tournée a été ravagée par les annulations/reports. Ca nous a mis un coup, mais on peut pas repartir juste avec l’album fin 2021, du coup on a décidé de prendre le temps de revoir notre projet artistique en profondeur, et on va sortir un E.P qui va acter une transformation plus aboutie de notre identité. Nous voulons prendre le temps de faire les choses bien mais sous un format plus court pour nous permettre plus de créativité sur les clips par exemple. Et pourquoi pas ressortir Egosphère dans une version remixée. Ça trotte aussi dans ma tête.
Comment Rãgarãja envisage la rentrée 2021 ?
Nous avons en projet de tourner plusieurs clips, quelques concerts, le prochain E.P va être un gros changement donc on prend le temps on espère qu’on n’aura pas annulation sur annulation, mais quoiqu’il arrive on s’adaptera.
Un grand merci pour cette interview plus qu’enrichissante !