À l’Adidas Arena, Till Lindemann n’a pas cherché à rassurer : pour sa seule date française, le chanteur a déroulé un spectacle cru, fidèle à la trajectoire qu’il s’est tracée en solo.
Pour la seule date française de son “Meine Welt Tour” après le Hellfest en juin dernier, Till Lindemann a livré un show à son image : frontal, théâtral, pensé pour bousculer autant que pour divertir. Connu d’abord comme voix et visage de Rammstein, l’artiste poursuit depuis quelques années une carrière solo qui accentue son goût pour la performance brute, la démesure visuelle et une écriture plus personnelle, parfois plus sombre. Cette tournée accompagne la sortie d’un nouveau disque où il pousse encore plus loin son esthétique provocatrice, devenue sa marque de fabrique autant qu’un sujet de débat. Le concert, interdit aux moins de 18 ans, assumait d’ailleurs pleinement cette dimension.
La soirée avait été ouverte par Aesthetic Perfection, dont nous n’avons malheureusement pas été autorisés à photographier la prestation. Un choix restrictif qui s’est prolongé sur le set de Lindemann : les conditions de prise de vue imposées ne nous ont pas permis de rapporter une meilleure série d’images.
Musicalement, le show repose sur une base lourde et martiale, héritée du Métal Industriel mais resserrée autour d’arrangements plus directs que dans ses productions en groupe. Les guitares massives et les nappes électroniques installent un climat oppressant où la rythmique joue un rôle central. Cette construction sonore contribue aussi à l’impression générale d’un spectacle très mécanique, réglé au millimètre, où peu de place est laissée à la spontanéité.
Pourtant, un moment est venu rompre cette froideur : Tanzlehrerin, ballade guitare-voix qui a offert la parenthèse la plus émotionnelle du concert. Le morceau, aux accents presque flamenco, était accompagné d’une danseuse évoluant dans un registre plus sensuel que provocateur, apportant une respiration surprenante au milieu de la tension permanente du spectacle.
Sur scène, il assume pleinement son rôle de maître de cérémonie dérangeant : chorégraphies mécaniques, humour noir, scénographie industrielle, danseuses suggestives, pole dance et vidéos explicites ont jalonné un spectacle pensé pour provoquer autant que fasciner. Les musiciens participent aussi à cette esthétique : costumes sombres, visages grimés, et un batteur arborant un écarteur de bouche qui renforce le climat oppressant et volontairement dérangeant du spectacle.
Malgré l’intensité visuelle et sonore, aucune véritable communication n’a été adressée au public parisien, renforçant l’impression d’un show impersonnel, presque exécuté comme un rituel immuable, identique soir après soir.
Un concert qui confirme que Lindemann, en solo, continue d’explorer les zones où provocation et spectacle se confondent — une position qu’il revendique et qui, ce soir encore, a trouvé son public.
Nous remercions Handwerker & So Live pour l’accréditation photos, et le personnel de l’Adidas Arena pour son accueil.


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