Le festival Jazz Nouvelle-Orléans à la Goutte d’Or a accueilli samedi soir Cha Wa, groupe emblématique de La Nouvelle-Orléans, pour un concert incandescent au 360 Music Factory.
Le quartier de la Goutte d’Or a vécu tout le week-end au rythme des cuivres et des tambours venus de Louisiane. Depuis plusieurs années, le festival Jazz Nouvelle-Orléans à la Goutte d’Or s’est imposé comme un rendez-vous incontournable, organisé en partenariat avec le New Orleans Jazz Museum. Né du désir de faire dialoguer l’esprit festif et populaire du Jazz louisianais avec la vitalité d’un quartier cosmopolite, il propose des concerts au 360 Music Factory mais aussi la désormais traditionnelle parade Second Line. Dans la rue Myrha, musiciens, danseurs et habitants défilent ensemble, renouant avec l’âme communautaire de cette musique, telle qu’on la connait notamment dans le quartier de Tremé à La Nouvelle-Orléans, berceau des brass bands et haut lieu de la culture afro-créole.
À La Nouvelle-Orléans, la musique est partout : dans les clubs du French Quarter, dans les églises où résonne encore le Gospel, dans les fanfares de rue. C’est là qu’est né le Jazz, au carrefour des cultures africaine, caribéenne, française et américaine, une alchimie unique qui continue de nourrir la scène contemporaine.
C’est dans ce cadre que Cha Wa, flamboyants héritiers des Mardi Gras Indians, a enflammé samedi soir la scène du 360 au lendemain de la soirée d’ouverture avec le renommé trompettiste James Andrews, frère du célèbre Trombone Shorty.
Plusieurs fois nommés aux Grammy Awards, les musiciens s’étaient déplacés en formation réduite, sans leur chanteur Honey Banister, grand chef de la tribu créole du Far West. Mais le batteur et fondateur Joe Gelini et l’infatigable Tajh Derosier au chant et au saxophone ont assuré une prestation aussi brûlante qu’engagée, entourés pour l’occasion des musiciens de Nola French Connection. Vêtu d’un costume traditionnel des Black Indians, Derosier a transformé chaque morceau en célébration collective, lançant l’invocation “Cha Wa” – expression tribale signifiant “on vient pour toi” – comme un cri de ralliement.
Plus qu’un simple groupe, Cha Wa incarne cette tradition née des tribus indiennes afro-américaines qui, derrière leurs costumes colorés et leurs chants guerriers, affirment depuis des générations une identité à la fois culturelle et politique.
Le public a plongé avec délice dans l’univers Funk du dernier album Rise Up sorti il y a quelques jours. Fidèle à l’esprit de La Nouvelle-Orléans, où le Jazz se nourrit autant de Gospel que de Funk et de rythmes caribéens, les morceaux se sont enchaînés comme une déferlante groovy : Wildman, Freedom in the City, Heavy Is the Head, Rise Up, My People, ou encore Music Is My Medicine. La chanteuse louisianaise Sarah Quintana est également venue illuminer la scène de sa voix claire sur deux morceaux : Laissez le bon temps rouler (Let the Good Times Roll), hommage au français créole de Louisiane, puis une reprise des Neville Brothers, formation emblématique d’une ville qui n’a jamais cessé de réinventer son patrimoine musical.
Entre transe collective et instants suspendus, ce concert a parfaitement incarné l’esprit du festival : faire vibrer Paris au son d’une musique née dans la rue, à la fois mémoire et fête. Cha Wa n’a pas seulement joué : le groupe a rappelé avec force et chaleur que le Jazz de la Nouvelle-Orléans demeure une musique vivante, métissée et profondément ancrée dans le présent.
Pour revivre en images les concerts et parades des trois premières éditions, ne manquez pas la rétrospective photographique proposée par Isabelle Mansuy (FreEza Photography) dans le hall du 360 Music Factory !