L’enfer c(e n)’est (pas) les autres.
Dernier album en date du groupe britannique While She Sleeps, SELF HELL se veut étendre davantage les limites du Metalcore : fleurtant avec des ondes nocives, des chœurs fourmillants et une ambivalence nouvelle tout en tentant de garder la détresse créative des sons du quintette. Une fois n’est donc pas coutume dans ce condensé d’entre-soi où l’expression des démons personnels est de mise mais ici, d’une manière 2.0. et ce, à l’aune d’un environnement toujours des plus hostiles et déstabilisants – la pochette donnant un aperçu visuel de cette brisure.
Débutons ce qui se veut être un énième parangon de la détresse intime par PEACE OF MIND. Jouant le rôle d’introduction de l’album tout entier, il nous partage d’emblée, la couleur du recueil : début compressé, sonorités radiophoniques, chœur à la You Are We et une guitare venant clore ce par quoi tout à commencer. LEAVE ME ALONE se place alors dans la continuité d’un album de Metalcore avec un début de voix à la Bring Me The Horizon poursuivant par les hurlements caractéristiques de Lawrence Taylor. Un breakdown suivi d’une démonstration de Rap entremêlée à des sons électroniques avant que n’arrive une instrumentation « core » à la Architects aux ¾ du morceau et qu’un signal radio étiré et groovy ne vienne conclure l’ensemble. Laissons-le. RAINBOWS débute et continue par ce que nous connaissons de WSS – et cela est appréciable à écouter. Alternant entre des chants hurlés, des chœurs bien reconnaissables avec pourtant quelques mélodies plus Alternatives et un solo de guitare vers 3mn 28, le morceau est d’une efficacité certaine.
Arrivant au titre éponyme de l’album, celui-ci surprend dès ses premières notes – sa place ne devant rien au hasard, et où l’enfer de chacun étant une surprise insondable. En effet, SELF HELL débute par un chant simple aux échos d’un Motionless In White et d’un Limp Bizkit mélangés ; en alliant donc à la noirceur d’un Metal, un possible groove d’un Rap tout en revenant sur ce qu’aime à proposer un WSS depuis ses débuts, ce morceau appuie sur l’aspect éclectique de l’album sans en oublier une instru’ maîtrisée pour maintenir une certaine cohérence – heureusement ! Cependant, la radio ne nous quitte jamais, donnant le la à la partie Électro de SELF HELL, l’album, pouvant décontenancer les moins enthousiastes, il est vrai ; cette mouvance étant bien trop souvent utilisée par des groupes de ce sous-genre de Metal. WILDFIRE n’y change rien, proposant la même nouveauté entendue depuis le début au sein d’un While She Sleeps pourtant présent et d’une gratte s’affirmant d’une manière fort agréable et très à-propos pour SELF HELL. Continuons de suivre le lapin blanc dans cette découverte musicale avec le titre NO FEELING IS FINAL et son début cyber dark à l’atmosphère éthérée, en parfaite harmonie avec leur featuring Aether. Par une introduction Ambiante, ce morceau de transition est une pause évidente où l’introspection s’impose, le cœur se repose et les esprits, somnolent. Perpétuant cet effet translucide avec un début acoustique non sans rappeler les Red Hot’, DOPESICK enrichit le panel musical de cette seconde partie d’une manière prometteuse ; continuant d’entremêler les genres, c’est avec du Rock, du Nu, de l’Électro mais également de la Britpop – rarement plaisante pour moi, que la composition rend étonnamment bien. Sa fin apocalyptique parfait le morceau se voulant malade. La sirène résonne, on entre dans le vif. DOWN beugle, crie, nous y retrouvons WSS. Pourtant, le temps de repos revient un court instant. L’introduction lointaine de TO THE FLOWERS, par cette voix de femme, nous le fait savoir. Il y a une instru’ électronique, encore, avec le clavier et le chant qui s’ajoutent à davantage de rapidité. OUT OF THE BLUE, et confirmant que la fin est proche, est un titre calme, du même acabit que le premier et le sixième. Tensions, grésillements et départ retardé à plus de 2mn, le téléphone continue de sonner et la musique, à bien déconner. ENEMY MENTALITY ne change pas la donne. Puis arrive enfin, RADICAL HATRED / RADICAL LOVE, et son début plus serein. Le refrain se marie avec l’ensemble et nous comprenons que l’incompréhension reste prégnante.
De sorte que vous l’aurez sûrement compris, mais ce dernier album de While She Sleeps est à prendre ou à laisser. Étonnant sur bien des aspects, il est à double tranchant et surprend. Pouvant être décomposé en deux parties, l’album tend pourtant à rester cohérent dans sa manière d’appréhender la nouveauté et quoi que déroutant, reste un exploit dans sa maîtrise des nouvelles données, que l’on aime ou pas. Ainsi, l’enfer n’est peut-être pas les autres, c’est à vous de choisir.
Listes des morceaux :
1. PEACE OF MIND
2. LEAVE ME ALONE
3. RAINBOWS
4. SELF HELL
5. WILDFIRE
6. NO FEELING IS FINAL (feat. Aether)
7. DOPESICK (feat. STONE)
8. DOWN (feat. Malevolence)
9. TO THE FLOWERS
10. OUT OF THE BLUE
11. ENEMY MENTALITY
12. RADICAL HATRED / RADICAL LOVE
Titre(s) emblématique(s) de l’album : RAINBOWS, SELF HELL, WILDFIRE et DOWN.
Titres originaux : SELF HELL, NO FEELING IS FINAL et DOPESICK
Titre(s) dont on aurait pu se passer : ENEMY MENTALITY.
14,5/20