Le concert de ce soir au Badaboum dans notre capitale française est un passage incontournable pour sa majesté Kamijo dans sa tournée The Anthem, actuellement démarrée depuis le 6 juin dernier, et qui se déroule à travers l’Europe jusqu’au 16 juin.
KAMIJO
Kamijo est un acteur majeur du mouvement Visual Rock japonais. Actif depuis une trentaine d’années sur cette scène, dont l’émergence s’est fait principalement entre les années 80 et 90, il fait partie des piliers ayant largement influencé la montée et l’évolution du mouvement. Il démarre sa carrière en 1994 en fondant le groupe LA REINE, participe à d’autres petits projets qu’il fonde plus ou moins également, avant de créer son dernier projet collectif, Versailles, dont les orientations musicales se feront plus dures que précédemment. Aujourd’hui détaché du groupe, c’est en solo que sa carrière continue et se développe au Japon comme à travers le monde, avec son propre fan club, les “Rose-Croix”. Son personnage emblématique imaginé à ses débuts puis conservé et étoffé au fil des années et projets est facilement reconnaissable. Inspiré du baroque et de l’aristocratie française, il tire également ses influences dans le personnage de Lady Oscar, personnage principal du manga éponyme La Rose de Versailles, auquel il emprunte particulièrement la magnifique chevelure blonde et bouclée. Avec à son actif actuellement 5 albums studio dont un format mini et plus d’une dizaine de single, Kamijo continue de porter sa voix à travers le monde et ne semble pas décidé à s’arrêter de sitôt.
C’est à guichet fermé que s’ouvrent les portes du Badaboum pour une soirée qui s’annonce déjà inoubliable. En arrivant sur place, ce qui interpelle immédiatement mais nous rappelle que nous sommes au bon endroit, c’est la quantité impressionnante de personnes habillées et accessoirisées dans les dress-codes du mouvement du Visual Kei et ses sous-genres, tel que inspirations Kawaii, Gothique ou Lolita par exemples. Diverses langues sont parlées un peu partout (anglais, hollandais, japonais,…), fruit de la dévotion que lui portent certains fans prêt à parcourir de longues distances pour suivre leur idole à travers sa tournée. En termes d’âge, le public est également très éclectique même si parmi les doyens il est possible de constater des parents accompagnant leurs jeunes adolescents. Une fois à l’intérieur, la salle est bondée, et les quelques 300 personnes présentes font vite monter la température, impliquant un bar rapidement pris d’assaut. Avant un démarrage quelque peu tardif quant à l’heure initialement annoncée, le ton est donné par un speaker : interdiction pour tous de prendre photos et/ou vidéos de la soirée, sous peine de se voir exclus du concert. Les photos accompagnant cet article sont les photos officielles du photographe de la tournée, toute autre demande d’accréditation ayant été refusée. C’est que notre Rockstar tient à maîtriser son image au maximum, parole du speaker.
Dès l’extinction des lumières annonçant le démarrage imminent, ce qui saute aux yeux, ce sont les lightsticks, produit officiel, en forme de roses qui clignotent au travers de la salle. La scène est petite mais tous les artistes sont acclamés à leur arrivée et trouvent leur place, jusqu’à l’arrivée du roi Kamijo. C’est sous des cris hystériques que le titre Yamiyo no Lion est entamé, donnant musicalement le ton royal et épique de la soirée. Le public déjà préalablement en ébullition est immédiatement en alchimie avec les instrus et la voix du maître, qui se meut dans des gestuelles et des appels aux interactions, tel un parfait chauffeur de salle. Sa voix, comme à l’accoutumée lorsque l’on connaît le personnage, est hypnotique. Chaude, puissante, ronde et pleine de grâce, impossible de résister au charisme de Kamijo. Globalement, on pourrait presque discerner une petite ambiance boite de nuit, mais les passages et riffs un peu plus lourds nous rappellent régulièrement à la réalité. Entre deux chansons, il se présente brièvement comme Kamijo “de Versailles”, laissant en suspens si cette appartenance se veut à son groupe ou à la ville du même nom. L’osmose entre la scène et le public laisse entrevoir un semblant d’ambiance de concert japonais où toute la salle suit les mêmes mouvements au même moment, mais c’est sans compter sur sa majesté qui orchestre tout cela régulièrement au cours du set. Par moments, le premier rang fera l’objet d’échanges tout particuliers avec Kamijo. Certains fans verront même leur rose embrassée, le rêve ! Musicalement, tout se veut épique, symphonique, et lumineux, ce qui se ressent également sur la scénographie tout aussi lumineuse, parfaitement calculée et soignée. Mais Kamijo laisse tout de même de la place à ses compères autant musicalement que dans le déroulé, et il prend soin de présenter chacuns d’entre eux, à plusieurs reprises. HIRO, ancien guitariste du groupe mythique La’Cryma Christi complète à merveille la place de guitariste et soliste, à l’instar de YOHIO sur la seconde ligne de guitare. A la basse, IKUO, déjà bassiste de session pour Kamijo lors du live à Paris en 2014, gère également très bien sa partition et accentue l’ambiance par ses influences Metal qu’il tient de son groupe BULLZEICHEN 88. Tous trois participent d’ailleurs aux chœurs et à quelques screams lors du set. Côté batterie, c’est USHI qui tient les rênes et qui assure. Lui aussi plutôt influencé Metal par son groupe VORCHAOS, il apporte une lourdeur plutôt bienvenue qui accentue les passages les plus sombres et bourrins. Globalement, les musiciens qui accompagnent Kamijo sont loin d’être des novices et nous le font bien savoir. Le public, conquis, crie et bouge régulièrement au son des différents riffs. Certains passages se veulent toutefois plus doux, et les élans a cappella donnent des frissons tant la performance vocale est à couper le souffle. Le mieux alors est encore de fermer les yeux pour mieux les apprécier. Bien que quelques passages se font en anglais et que BEAUCOUP de ses titres soient en français, le chant se fait principalement en japonais. Mais pas de panique, le public est prêt et entame régulièrement la chansonnette, comme sur Vampire Rock Star par exemple. Les intermèdes d’échange avec le public sont les bienvenues et Kamijo nous rappelle qu’il a bien travaillé son français, même si quelques passages en japonais sont traduits en anglais par USHI. L’ambiance globale se veut dansante, épique et chaude, surtout lorsque l’on voit tout ce monde sur scène se rapprocher les uns des autres par moment (les yaoistes, rangez vos doujin !) même si quelques ballades durant le set nous laissent le temps de souffler un coup avant de repartir de plus belle. Avant le rappel, Kamijo est acclamé par des “vive le roi” dans le public, et les 3 derniers titres de la soirée ne nous laisseront pas sur notre faim. The Anthem, attendu durant toute la première partie arrive enfin, et l’avant dernier morceau Nobless oblige est présenté avec émotion comme un hommage à Louis XVII dont ce 8 juin rappelle l’anniversaire de sa mort. Nosferatu termine la session aussi grandiose qu’elle avait démarré.
Setlist :
Yamiyo no Lion
Conspiracy
Beautiful rock’n’roll
Habsburg
Eye of Providence
Crimson Family
Castrato
Vampire Rock Star
Moulin Rouge
Bara wa Utsukushiku Chiru (Hiroko Suzuki Cover)
Avec toi ~Kimi To Tomoni~
Twilight
Louis (Enketsu no la Vie en Rose)
Encore :
The Anthem
Nobless oblige
Nosferatu
Les crédits photos reviennent au photographe officiel du tour.
Merci à Envol Prod d’avoir permis cette date !