Dans les abysses insondables d’un Seether mélancolique…
Neuvième opus studio pour Seether, The Surface Seems So Far est sorti le 20 septembre dernier. Après un bon mois d’écoute voici venu le moment de décrypter ce 11 pistes tout droit venues d’un autre temps.
Si jusque-là les connaissances musicales concernant des groupes musicaux Sud-africains se limitaient personnellement à Vulvodynia (Slamming Deathcore) et Die Antwoord (Hip-Hop-Rave), Seether fait désormais partie de cette liste très intime. Pourtant, le groupe de Rock existe déjà depuis la fin des années 90 et connaît depuis une carrière plutôt honorable au regard des 7,3 millions d’écoutes mensuelles sur la plateforme Spotify. Zoom donc sur ce dernier album dont l’artwork est signé Shawn Coss.
Avec le 1er titre Judas Mind, l’album s’ouvre sur un air de guitare calme, mais tout de même vibrant, jusqu’à l’explosion qui lance vraiment les hostilités. La voix arrivant, les instruments reprennent leur calme, mais le tout semble empli d’émotions et d’énergies prêtes à jaillir… ce qui finira pas arriver dès l’arrivée du refrain, peu après. Le titre entier vogue entre ces sentiments à la fois doux et irritants -merci la guitare- qui tient l’auditeur tout au long du titre. Vocalement, l’agressivité par les screams vient s’inviter et passer la moitié du morceau avec ce refrain qui vient rechercher dans la nostalgie et la mélancolie et qui restent présents tout du long, de manière bien efficace. Et puis on nous lâche l’air de rien sur un méli-mélo de scream alterné avec des clairs proches d’un état dépressif. Cette première approche peut paraître étonnante, mais avec l’enchaînement sur Illusion, on comprend que cet état d’esprit sera le fil rouge de l’album. Quoique, on peut trouver à ce morceau un peu plus de hargne dans les couplets, mais les refrains répétant doucement avec écho et reverb les quelques lignes “You create the illusion (Ah-ah-ah)/Desecrate all the faith left in my mind/You create the confusion (Ah-ah-ah)/Desecrate all these well-intended signs” qui peuvent, preuve personnelle à l’appui, rester plusieurs HEURES dans votre tête et ce dès la première fois ! Cela faisant, il est donc très facile de revenir souvent à Illusion, quitte à le faire tourner en boucle pour quelques heures, un peu comme une souris allant appuyer de plus en plus souvent sur un bouton qui fait autant de mal que du bien. Il finit donc humblement dans le top 3 personnel des titres 2024, rien que ça ! On dit d’ores et déjà un grand merci à Seether pour ce “banger” comme diraient les plus jeunes. Musicalement, on pourrait se croire pris entre Korn et Pleymo, de quoi rappeler tout de même de bons souvenirs aux moins jeunes… Vient ensuite Beneath the veil, et là surprise le groupe semble changer d’air sonore en allant chercher dans un esprit plus Punk-Rock, un peu à la Sum 41. Là encore, l’esprit drama-mélancolique énervé est au rendez-vous, sans grande surprise. En tout cas les années 2000 sont de retour dans nos oreilles et les autres morceaux ne nous en sortirons pas. Semblance of Me donnerait presque un peu plus de couleur a ce qui est déjà passé auparavant, mais rien n’y fait l’ambiance est toujours la même. On apprécie les riffs à la guitare et l’envie de chanter et de crier avec Shaun Morgan est prenante. Mais si vous avez envie de chanter, je vous invite au titre suivant Walls Come Down. Moins énervé que tous les autres jusque là, c’est LE titre qui invite à chanter du début à la fin. Il finit ainsi également sans suspens dans les coups de cœur ! Try to Heal arbore ensuite un peu d’agressivité instrumentale, du moins au début. Bien qu’il y ait une alternance avec des passages plus doux, les screams répétés avec les guitares grungy appuient très bien le sentiment viscéral de la haine ambiante et font plutôt Metal ! Paint the world semble presque être une balade après ça. En tout cas, au premier abord. On repart bien vite sur du bien énervé et les effets de guitares donnent presque l’impression de voir des étincelles électriques piquantes à vif. Same Mistakes, bien que toujours dans les sonorités annoncées au départ, sonne comme l’un des titres les moins accablants de l’ensemble des propositions jusque là. Un peu comme une lueur d’espoir au bout d’un tunnel. Lost all control reprend le flambeau tout en nous ramenant un peu plus dans les profondeurs sombres de l’album. Solo de guitare et basse tonitruante agrémentent habillement la descente aux abysses. Dead On The Vine ramène au Rock-Grunge de garage presque avec sa tristesse, mais toujours agrémenté de riffs plus virulents toujours aussi appréciables. Regret vient mettre un coup de massue final avec des basses prenantes aux tripes, des guitares résonantes à souhait et des répétitions en boucle de phrases avec un rythme ralentissant à mesure de l’avancement de la musique… Une sorte de lassitude mêlée à de la résilience qui nous amène à une fin douce et amère, toujours parfaitement accordée.
Pour résumer, The Surface Seems So Far n’est ni un album pour faire la fête, ni pour emballer. Pourtant, il n’est décevant à aucun moment. Le fil rouge bien tendu de la mélancolie est palpant tout du long et l’on comprend bien que quoi qu’il en tient pour sujet à chaque instant, la positivité est difficile à atteindre. Un goût doux et amer flotte en arrière-plan mais n’en est pas moins désagréable à l’oreille. Musicalement, c’est bien ficelé, les propositions sont cohérentes entre elles et l’équilibre entre les instruments et la voix est respecté. Les riffs et textes restent en tête, signe de choix habiles de composition qui raviront tous types de musiciens. On aura rarement connu à Seether une telle sensibilité et volupté, bien que l’esprit Grunge et lourd de l’ambiance soient des constantes générales du groupe.
Tracklist :
1. Judas Mind
2. Illusion
3. Beneath the Veil
4. Semblance of Me
5. Walls Come Down
6. Try to Heal
7. Paint the World
8. Same Mistakes
9. Lost All Control
10. Dead on the Vine
11. Regret
J’ai aimé : Illusion, Walls come down
J’ai moins aimé : aucune
18/20