Le Canada a investi le Café de la Danse le temps d’une soirée qui nous a plongés au cœur de la culture des Inuits du Canada, rien que ça, avec une artiste authentique et un projet des plus surprenants entièrement chanté en langue Inuktitut.
BEYRIES
La soirée est 100% canadienne, avec en première partie la québécoise Beyries. A la veille d’un concert en tête d’affiche aux 3 Baudets, la montréalaise est venue nous présenter quelques extraits de son univers, notamment ses chansons en français issues de son tout nouvel album Du feu dans les lilas sorti il y a quelques semaines, son troisième, après deux premiers entièrement en anglais. Elle est accompagnée du guitariste Thomas Semence, bien connu des scènes francophones puisque l’on a pu le voir aux côtés de grands noms comme Jean Louis Aubert. Une belle entrée en matière avant de laisser la place à Elisapie.
ELISAPIE
Elle a sa terre dans la peau et le chante haut et fort. La canadienne Elisapie porte avec fierté ses origines Inuk, ce peuple de l’extrême Nord du Québec. C’est dans cette région arctique du Nunavik, dans le petit village de Salluit, qu’a grandi Elisapie Isaac (ᐃᓕᓴᐱ en Inuktitut). Si dans sa langue maternelle, l’Inuktitut, le mot « artiste » n’existe pas, c’est bien une vraie artiste qu’est devenue Elisapie au fil des années, plus qu’une simple ambassadrice de la culture Inuk.
Multi récompensée, reconnue depuis de nombreuses années comme l’une des plus importantes artistes du Canada, elle connait un succès international avec la sortie de son troisième album The ballad of the runaway girl en 2018, dans lequel elle alterne chansons en anglais et chansons dans sa langue natale.
2023 marque pour Elisapie un tournant dans sa carrière, puisqu’elle a décidé de consacrer un album entier à sa langue maternelle, l’Inuktitut. Peut être son projet le plus sérieux, avoue t-elle. Et c’est cet album du même nom qu’elle est venue défendre le temps de quelques dates françaises, notamment à Paris au Café de la Danse.
C’est le son du bois qui brûle qui nous fait patienter pendant le changement de plateau…Déjà un air de grands espaces nous envahit avant même l’entrée d’Elisapie sur scène. Assister à un concert entièrement chanté dans un dialecte Inuit, à Paris, cela peut avoir de quoi surprendre. Mais là où Elisapie nous surprend, c’est que cet album Inuktitut est entièrement composé de reprises de tubes des années 80 et 90 traduits en Inuktitut et totalement réarrangés. Elisapie s’est totalement réapproprié ces morceaux qui l’ont accompagnée depuis son enfance, tout en conservant les mélodies qui nous permettent de replonger dans les morceaux et de les redécouvrir autrement. Une belle façon de nous faire découvrir cette langue qui lui chère et de mettre en avant sa culture Inuk.
La canadienne prend le temps de nous raconter son histoire, celle de sa famille, de ses ancêtres, nous partage un peu de sa culture, nous glisse quelques phrases en Inuktitut, et nous fait écouter les paroles d’un homme Inuk en introduction de certains morceaux. Fermons les yeux, laissons nous porter, nous voilà presque réunis tous ensemble dans ce petit village de Salluit, autour d’un feu qui nous réchauffe en écoutant Elisapie nous conter ses histoires dans son dialecte. On s’y croirait presque, le froid en moins.
Heart of Glass (Blondie), The Unforgiven (Metallica), Time after Time (Cyndi Lauper), Going to California (Led Zeppelin), Dreams (Fleetwood Mac) ou encore I want to break free (Queen) semblent prennent une dimension presque incantatoire, entre Folk et Rock. Alternant reprises et compositions, Elisapie et ses trois musiciens nous enchantent de ses morceaux les plus connus, issus du précédent disque, notamment Wolves Don’t Live by the Rules et l’incontournable Arnaq avec en invitée spéciale sa célèbre compatriote Mélissa Laveaux. Elle chantera également un titre en français, Moi, Elsie, écrit par le poète québécois Richard Desjardins et composé par le chanteur québécois Pierre Lapointe, tous deux présents dans la salle. Elle termine son concert en apothéose avec un Born to be alive qui fera bouger le public venu en nombre remplir le Café de la Danse pour ce concert exceptionnel en tous points.
Elisapie nous a offert une magnifique parenthèse enchantée qui nous a fait voyager très loin à la découverte d’une culture méconnue que l’artiste canadienne nous partage avec une grande sincérité. On en redemande. Nakurmiik !*
Inuuniaravit – Born to Be Alive (Patrick Hernandez)
Merci à Bonsound Concerts pour l’accréditation photos, ainsi qu’au Café de la Danse pour son accueil