Le retour des deux monstres
Après un premier opus particulièrement réussi en 2019, Al’Tarba et Senbeï étaient très attendus pour leur nouvelle sortie. Après avoir chauffé leur public avec quelques morceaux ces dernières semaines, les deux comparses ont enfin lâché, vendredi 17 novembre 2023, leur Rogue Monsters II, signé sur le Banzaï Lab.
Si vous ne les aviez pas encore croisés, c’est l’occasion de faire connaissance avec ces deux artistes iconoclastes. Parmi les producteurs les plus actifs de la scène Électronique française, tous deux ont commencé par sillonner le Hip-Hop avant d’aller explorer un large spectre de la musique Électro. Seul ou accompagné, chacun d’eux signe près d’un projet par an depuis une dizaine d’années.
Le toulousain Al’Tarba, profondément marqué par ses racines Punk, n’hésite pas à tirer ses productions initiales vers le Horrorcore, notamment avec la Droogz Brigade. Il produira par la suite de nombreuses figures de la scène Hip-Hop française puis états-unienne, pour venir se forger une réputation internationale. Senbeï, tantôt seul tantôt avec l’une de ses nombreuses équipes, porte avec lui ses influences asiatiques pour agrémenter des productions Hip-Hop aujourd’hui largement reconnues. Avec le Banzaï Lab, il s’est imposé comme un acteur incontournable de la scène Électronique urbaine indépendante française.
Dans leur nouvel album, davantage encore que dans le premier volet, les univers respectifs des deux artistes s’entremêlent, parfois s’unissent, parfois s’expriment pour eux-mêmes. Puisant ses sources tant dans le Hip-Hop des nineties, que dans le Punk-Rock et l’Électronique la plus contemporaine, le style de l’album ne se laisse pas définir, et ose aller jusqu’aux expérimentations musicales. Poussant au paroxysme l’imaginaire artistique d’Al’Tarba et Senbeï, le pari de Rogue Monsters II semble bel et bien réussi pour les deux artistes iconoclastes.
L’album nous met une claque dès le premier track avec le brutal King’s Head, embarqué dans l’univers du manga gore Berserk. Il nous laisse ensuite nous balader au gré de l’humeur des deux artistes. On vogue ainsi, au fil des tracks, vers différents styles, chaque son ne se laissant toutefois jamais définir aisément dans une catégorie précise. On sera embarqué vers le Dub (Dum Dum, Not Ready), le Rap old-school ou récent (Monsters, Back Again, Mauvais Sang), quelques pointes de Swing (Wanna Be Bad) ou Blues (Nameless Man). Les envolées aériennes (Tourner la page, Not Ready, Sun Prayers), les délires psychédéliques (Strain City) et les phases Punk ou Rock (Interlude part. 2, Back Again, Give & Take) finiront de nous perdre. Quoiqu’il en soit, les beats violents et l’Électro plus ou moins puissante nous rappelleront toujours à quel duo nous avons à faire. Quelques collaborations bien senties ponctueront l’enchaînement des sons — Swift Guad et Brandon Koss d’un côté, Bella Blair et Blackout JA de l’autre.
Enfin, que serait un projet d’Al’Tarba et Senbeï sans son univers visuel ? La pochette de l’album est psychédélique et nous avertit de l’épreuve à passer. Les racines tentaculaires d’un arbre branche les deux artistes à l’horreur des monstres qu’ils vont nous livrer pendant les 13 titres qui composent cet album.
Tracklisting
1. The King’s Head
2. Dum Dum
3. Monsters (ft. Bekay)
4. Wanna Be Bad
5. Tourner la Page
6. Interlude part. 2
7. Back Again
8. Not Ready (ft. Bella Blair & Blackout JA)
9. Sun Prayers
10. Strain City
11. Mauvais Sang (ft. Swift Guad)
12. Nameless Man
13. Give & Take
Titre le plus apprécié de l’album : Dum Dum
Titre le moins apprécié de l’album : aucun, tout se déguste progressivement
Titre ovni : Interlude part. 2 (comme d’habitude, ça part toujours en vrilles à un moment !)
19/20