Une effusion de barbaries… pour un album sanglant et cohérent.
Révulsant les moins aventureux mais captivant les habitués du genre, et particulièrement de l’ancienne formation du groupe australien Thy Art Is Murder, Godlike, dernier album en date, est une pépite effrénée qui se déchaîne d’une manière à vous happer jusqu’à la fin. Alternant entre folie douce et furieuse domptée par une voix omniprésente, l’ensemble est d’une cohérence certaine pour un rendu sanglant à la pointe d’un Deathcore mélodieux et saisissant.
Et en effet, l’œuvre débute son déferlement de moins d’une heure par le titre Destroyer Of Dreams annonçant déjà la couleur. Départ binaire où guitare et percussions prennent leur place principale qui leur siéra parfaitement. Le chant arrive ensuite, alternant entre différentes tessitures et usant d’une juste profondeur où la guitare vient se placer en filigrane ; la cohorte musicale déboîte vers la première minute pour un retour davantage martial avec une focale sur la double pédale. Ce qui s’ensuit est plus mélodieux encore, avant que la structure ne se répète. La fin boucle la boucle, le tour est joué et les rêves, brisés. Nous arrivons sur Blood Throne au titre plus qu’annonciateur car rendant grâce au savoir-faire du groupe par une introduction loin d’être pusillanime. Le départ est donc mortel avec un growl de plusieurs secondes rythmé par le duo guitare-batterie. Le tempo ne change pas avant que l’ensemble n’explose à 2:36 pour repartir sur la lancée précédente. Le morceau est régulier et bruyant, tout c’qu’on aime en somme.
C’est alors que dans cette frénésie apocalyptique, surgit Join Me In Armageddon. Précédemment partagé par Thy Art Is Murder, à l’instar de Keres et Godlike, ce titre est une pépite entremêlant un esprit Deathcore Blackened. Le calme est furtif vers 2:30 avant de repartir sur des breakdowns pour que ne s’agglomèrent harmonieusement les instruments. De retour au calme vers 4mn avec une guitare concluant progressivement la déchéance ; cela permet à l’œuvre de respirer… cet air aux relents de cendres et métaux. Quel camp choisirez-vous pour la bataille finale ? Faites attention, un lutin maléfique pourrait vous fourvoyer. Keres est là. Pour la faire courte et éviter d’être itérative, le tout se veut percutant et parsemé de riffs poignants. Advient Everything Unwanted de manière graduelle avant que ça n’éclate à la trentième seconde. Les voix sont écorchées et la guitare suit pour faire frémir un solo à plus de 2 minutes. La cohérence est toujours de mise avec une batterie donnant un la plus que frénétique à la majeure des parties. La gratte nous livre une sonorité abyssale sur le dernier tiers du morceau. Les supplications sont là, entendables jusqu’à la fin. Lesson In Pain poursuit, violemment. Un esprit dérangeant se répand dans l’ensemble du morceau. Quelques effusions plus sombres sont également présentes ; alternance entre la guitare, la voix, les hurlements et la batterie avant d’être entrecoupée par un solo à 2:25 pour repartir de plus belle.
Arrive enfin le titre éponyme de l’album, Godlike. Sans plus ni moins, il rassemble ce qui constitue l’album. Une question se pose alors, sommes-nous divins ? Ce dernier opus est-il un bréviaire musical ? L’artiste Billelis a su retranscrire, sur la pochette, le tourment qui nous habite face à cette finitude de nos corps mortels. Mais pas l’temps d’y songer plus que cela, Corrosion s’impose par une introduction rapide. Mise en lumière des percussions, et notamment à 1:07, avec plusieurs changements de rythmes. Retour au calme vers 2:29 où le ton se fait plus faible avant de se réinjecter. Arrêt brutal pour départ farouche. Anathema est incisif. La double pédale se fait entendre, accompagnée d’un growl ferme et d’une guitare frémissante ; passage obligé à 1:20. Retour plus binaire vers 2:26 pour recommencer. La pulsion vient se clore avec Bermuda et une introduction pour le moins énigmatique, au fond légèrement Indus sur du bon gros Death. La guitare, tout comme la batterie, se veulent plus calmes et s’étendant dans des affres langoureux et étouffants. La voix ne fait que rajouter une once de ce mal-être palpable. La fin est progressive, comme la nôtre finalement.
Vous l’aurez donc compris, Godlike est purement et simplement un très bon album. Restant cohérent du début jusqu’à la fin sans jamais perdre son auditeur, il dégage avec fureur et ferveur, ce que renvoie (renvoyait ?) le groupe australien. Encore du grand art, à la Murder !
Pistes :
1. Destroyer Of Dreams
2. Blood Throne
3. Join Me In Armageddon
4. Keres
5. Everything Unwanted
6. Lesson In Pain
7. Godlike
8. Corrosion
9. Anathema
10. Bermuda
Titre(s) emblématique(s) de l’album : Blood Throne, Join Me In Armageddon, Keres, Lesson In Pain, Godlike.
Titre original : Bermuda.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Aucun, l’album est cohérent.
19/20