Lourdeur : n.f. Impression de poids, de pesanteur, douleur sourde, diffuse x 10
Il me semble que tout est dit, ou presque. Après de précédents partages de single et d’EP préparant ce dernier album intitulé Make Them Beg For Death, le groupe de Brutal Death Metal américain, Dying Fetus, nous a concocté un agglomérat de supplices déroutant et sans ambages. Pas moins de 10 titres parsèment ce chambardement voulu avec une œuvre décortiquée au scalpel mais anesthésiant par des riffs qui lacèrent et un growl cadenassé.
Tout commence alors par Enlighten Through Agony. Le départ est forcément brutal et batterie puis guitare ne cessent de composer ensemble, part belle à cette dernière dès la deuxième minute. La double pédale est là, le blast beast aussi, et la voix se veut plus grave, profonde et grasse à partir des 2/3 du morceau. Ce qui suit ne fait que prolonger l’esprit de l’album avec une once de mélodie plus Groove à la Machine Head dès l’introduction. Compulsion For Cruelty ne lésine donc pas sur les moyens d’estampiller son auditeur, notamment grâce aux percussions qui martèlent à moins d’une minute trente pour des passages plus martiaux et binaires. Arrive alors Feast Of Ashes avec un solo de guitare amené à moins de trois minutes. L’artiste Daniel McBride a réussi à représenter cet effroi démesuré sans que la victime présente puisse répliquer ni le voir, littéralement, par un artwork aux nuances sombres, non sans rappeler l’esthétique des films d’horreurs visibles chez d’autres groupes de Death, core ou non, mais avec un accent mis sur la douleur intense et sans retour possible d’une mort cruelle, sanguinolente et extrêmement bruyante exécutée par une main impitoyable, déterminée.
L’aspect dérangeant à la Grindcore continue de s’immiscer avec le morceau le plus court de Make Them Beg For Death, Throw Them in the Van. Rassemblant d’une manière presque incohérente la brutalité de l’œuvre, ce titre est nécessaire pour en saisir la pulsion destructrice initiée dès le départ. Arrive Unbridled Fury qui suit de près ce qui se faisait alors avec une guitare insidieuse explosant à la fin grâce à son swipping. La fureur est à son paroxysme, complètement débridée, à l’instar de la seconde partie de When The Trend Ends et de son avancée enivrante mêlée à des percussions qui infligent. Undulating Carnage débute avec la même volition continuelle partageant Technical Death Metal et Groove à la The Black Dalhia Murder puis continués par un growl qui perdure. Raised In Victory/Razed In Defeat se veut encore plus belliciste dès 1 minute et 22 secondes en révélant, encore, à gorge déployée et instruments aiguisés, le savoir-faire de Dying Fetus. Hero’s Grave façonne cette fin avec un solo de guitare qui reprendra le pas accompagnée de la batterie dans les derniers instants disséminés d’hurlements à 2 minutes 51. La fin est donc fatale par ce Subterfuge reprenant ce que l’album nous propose depuis le début de cette longue agonie.
Dès lors, et ne reculant pas devant l’adversité car y allant avec plaisir et délectation malsaine, Dying Fetus nous propose une œuvre putride avec des morceaux à la structure similaire mais affirmant la maîtrise technique de chaque membre. Alternant entre différentes tessitures gutturales, un trio guitare-basse-batterie et une habileté à manier un certain aspect mélodieux mais sans jamais oublier leur férocité caractéristique en restant donc cohérent tout du long, Make Them Beg For Death est un très bon album de rentrée… mortuaire et sadique.
Pistes :
1. Enlighten Through Agony
2. Compulsion For Cruelty
3. Feast Of Ashes
4. Throw Them in the Van
5. Unbridled Fury
6. When The Trend Ends
7. Undulating Carnage
8. Raised In Victory/Razed In Defeat
9. Hero’s Grave
10. Subterfuge
Titre(s) emblématique(s) de l’album : Feast Of Ashes, Compulsion For Cruelty et Undulating Carnage
Titre ovni : Aucun, l’ensemble est cohérent.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Idem.
17/20