Rencontre au Hellfest Corner avec Gubs et Louis du groupe de Fusion bien connu de nos radars et alliant différents genres, Monnekÿn, pour parler de leur dernier album, Ape Home !
Bonsoir les gars ! J’espère que ça va !? Commençons par une question très simple : qu’est-ce que la musique pour vous ?
Gubs : Ça fait partie de ma vie, tout simplement ! (rires) C’est clairement 80% de ma vie. C’est important pour moi, à la fois dans ma vie personnelle comme dans ma manière de voir les choses. Vois-tu, j’ai beaucoup de mal avec les musiques dites caricaturales. Les personnes qui font de la musique pour rigoler, j’ai du mal à comprendre. Je ne crache pas dessus mais je ne comprends pas car pour moi, la musique est un vecteur d’expression particulier, qu’il soit positif comme négatif.
Louis : Ouais mais après, la musique, il en faut pour tout le monde ! Et ce qui est cool est que la musique est un langage universel. C’est-à-dire que tu peux écouter une musique sans forcément comprendre les paroles et être touché par celle-ci car toi, tu en fais ton histoire, c’est un des avantages de la musique. Et je pense que l’on a la même approche de la musique dans le groupe, elle nous permet de nous exprimer. C’est bateau ce que je dis mais en vrai, quand t’as un instrument dans la main, un micro, ce que tu veux, c’est wow !
Justement, je voudrai revenir sur Harambe, y’a quelque chose ! Ça m’a pris aux tripes !
Gubs : Si tu veux une anecdote, les voix ont été faites dans ma cuisine, c’est Louis qui a fait la prise et en fait, on voulait vraiment une intro où l’on se met à la place du gorille, où nous sommes sa voix. Et pour me mettre dans le « personnage », à savoir que j’ai fait du théâtre pendant 15 ans (rire), je me suis accroupi sur une chaise…
Louis : On l’a faite en une prise !
Gubs :.. là, comme ça (mime), j’avais le son dans les oreilles et j’ai tout lâché. C’était que de l’impro, du feeling. Et à la fin, j’avais les larmes aux yeux et lui aussi (montre Louis), comme Alex (a.k.a. Nash, le bassiste, et mon ancien moniteur d’auto-école !)…
Louis : En fait, cette musique, on l’a vraiment commencée par l’intro et sans avoir le reste ! On a mis les violons etc. et j’ai dit à Gubs : « Mec, t’sais quoi ? J’te vois trop bien en train de crier, qu’tu lâches tout comme un singe en cage ! » et puis après avoir hésité pendant quelques secondes, on l’a faite. Franchement, c’était de l’acting ! Autour de nous il n’y avait plus un bruit !
Oui donc la catharsis totale !
Louis : Ah oui oui !
Gubs : C’est vrai qu’il y a eu un vrai silence planant et Alex, qui était juste à côté de moi, m’a regardé en étant impressionné !
Louis : Les oiseaux ont arrêté de chanter, les voitures aussi. J’ai donc rappuyé sur le bouton, dit à Gubs que ce qu’il avait fait était juste in-cro-ya-ble et qu’en rajoutant de l’écho et d’autres effets, ça serait parfait.
Gubs : A savoir que quand on l’a refaite devant l’ingé son, il a gardé la version démo, enfin ce passage.
C’est bien car c’est un gage d’authenticité qui se ressent.
Gubs : C’est ça. Tu vois, j’suis un gars du Grunge donc bam ! Il faut qu’ce soit frontal ! Et il fallait donc qu’il y ait toujours un peu de défaut, moi j’aime quand c’est comme ça. J’adore Nirvana et Alice In Chains où c’est propre mais où sur certains passage, ça gratte un peu, c’est un peu brouillon sur certains trucs et c’est ça qui fait toute la beauté du genre. Et avec Louis qui a une voix beaucoup plus travaillée, c’était nickel ! Il faut y voir une sorte de cathédrale avec les gargouilles…
Louis : Oui, moi j’aime quand c’est propre et en soi, je trouve que ta métaphore sied à merveille ! (rire)
Ceci étant dit, pourquoi avez-vous voulu former un groupe ? Qui plus est, rassemblant différents styles ?
Louis : En fait, on a toujours été dans la musique, même chacun de notre côté, et notre premier groupe s’appelait Aya. Mais après un split avec des années de pause, le Covid nous a permis de nous reformer car nous sentions qu’il y avait quelque chose à faire, à remonter. Nous étions restés sur notre faim avec l’ancien groupe donc on a (re)formé Monnekÿn dans l’optique d’avoir un son qui se démarque des autres groupes qu’on connaissait en rajoutant du synthé, de l’instrument analogique etc.
Et justement, votre côté atmos m’a fait penser à des groupes de Black Metal que j’apprécie beaucoup avec cette impression de survoler, de planer, notamment comme le début d’Ego Trip.
Gubs : C’est marrant car toi ça te fait penser à du Death ou du Black, musique que je n’écoute pas, et pour ma part, les samples me font penser à Deftones ou Slikpnot. Donc c’est drôle quand arrive le sujet des samples car les gens viennent toujours te parler de trucs différents (rire) et jamais forcément à ce que nous, on a pensé ! Mais c’est bien car on a tous notre interprétation et on peut toucher des personnes qui kiffent le Black ou qui écoutent de la Pop ! C’est trop cool ! Donc on a été content car c’est vraiment une histoire d’amitié. On se connaît tous depuis longtemps, on a commencé nos premiers groupes ensemble, on a dû malheureusement se séparer et nous n’étions pas assez matures car lorsque notre ancien batteur s’est barré, on a baissé les bras. Mais là on s’est dit qu’on avait 30 piges, qu’on avait envie de faire de la musique et comme on s’entend sur ce que l’on fait, on y va ! Mais si on y va, on y va vraiment ! Et à l’heure actuelle, on se rend compte qu’on y va !
Bah faire sa promo au Hellfest Corner, c’est pas mal du tout !
Gubs : Oui, totalement ! Et ce sont eux qui nous ont demandé en plus ! On a bluffé en leur demandant s’ils voulaient écouter ce qu’on faisait et ils ont adoré ! On n’en revenait pas !
C’est génial ! Et du coup, comment et pourquoi êtes-vous passez d’Aya à Monnekÿn ?
Gubs : Alors sans être redondant, Aya, à la base, était une idée de Stéph’ et c’était le nom d’une déesse aztèque puis les années ont passé et le problème était qu’au fil du temps, le nom avait une connotation très, trop proche de la chanteuse Aya Nakamura, sans compter des autres marques qui portent le nom d’Aya donc ça ne le faisait pas du tout !
Louis : Sans parler du fait que la formation avait changé donc il fallait tourner la page, histoire de nous dire qu’on recommençait à zéro.
Gubs : Et puis on avait l’idée de vouloir intégrer le côté simien, les singes etc. On a vraiment cherché un nom, on ne l’a pas pris au hasard. Maintenant on a le nom, le visuel et tout ce qui va avec donc c’est parfait ! A savoir que la dernière fois, un mec a cru qu’on l’avait pris sans réfléchir et fut surpris de découvrir que non, qu’on avait bel et bien potassé dessus !
Louis : On a vraiment voulu que tout soit travaillé pour, au final, avoir une œuvre cohérente.
Gubs : On s’y retrouve tous. Tu sais, d’après Darwin, l’Homme descend du singe et dans les singes tu en as de plusieurs types et c’est donc à l’image de notre groupe ! Aucun ne se ressemble, à part des deux frangins, l’exception qui confirme la règle ! (rire) C’est un peu comme chez Macdo, « Venez comme vous êtes » !
Pourquoi cette esthétique alors ? Parlez-nous de votre dernier album !
Louis : Donc voilà, les primates etc., et c’était quelque chose qui me touchait aussi car on se considère comme des « sauvages » et ça nous tient à cœur. Et puis, mine de rien, ils restent nos cousins donc c’est la famille ! L’esprit famille quoi !
Oui et puis cette imagerie n’est pas si courante que ça.
Gubs : Non, et justement, c’est comme je te le disais l’autre fois, on a davantage un état d’esprit orienté Hip-Hop que Metal. On vient un peut tous de là, que ce soit dans la danse, le Rap et tout, y’a cette mentalité d’échange, de partage et donc quoi de mieux que les singes pour le représenter ? Ne serait-ce que pour nos mimiques sur scène et nos « Oh oh ! », c’est entertainment ! Tout le monde peut le faire ! Donc imagine quand on a commencé à le demander au public, les gens se lâchaient ! C’était impressionnant ! Tout le monde s’y retrouve et c’est facile. Donc bien que nous ne voulions pas faire des structures simples, par ce cri de ralliement, les personnes arrivent à s’y retrouver. Nous n’avons rien inventé mais là, ça s’y prête donc c’est super. Quand tu vois notre pochette, tu comprends !
Et justement, par rapport à ta pochette, instinctivement elle m’a faite penser à l’affiche d’Amadeus avec un côté très spirituel, qu’est-ce qu’elle représente en définitive ?
Gubs : C’est bien l’ensemble de la tribu qui est représenté par le singe mais il faut savoir qu’un autre point nous unie, l’ésotérisme, les choses mystiques. Le but était donc d’avoir une divinité de singe et ce que j’aime dans les religions, est que certaines ont des divinités avec des dégaines vraiment stylées ! Et, parallèlement, j’avais envie de faire quelque chose rendant aussi hommage au Hip-Hop. Donc j’adore voir des gens étonnés, lorsque tu montres la pochette, quand tu leur dis que c’est aussi du Metal ! Effet de surprise garanti !
Un peu comme Mr. Fastfinger et ses visuels toujours très originaux !
Gubs : Oui, puis le singe est fédérateur, il est nous, nous somme lui, l’homme-animal et inversement. Et encore, nous sommes moins disciplinés qu’eux ! Et c’est aussi pour cela que je voulais une représentation animale, nous sommes assez engagés sur la cause animale et il faut qu’on les respecte, on ne les mérite pas, on les massacre. C’est donc un ensemble de tout cela.
Je comprends, et étant végétarienne et non spéciste, votre message me parle énormément.
Gubs : Oui, et cela en vient à nous poser la question sur l’intelligence, quel genre d’intelligence ? La technologie O.K., mais elle ne fait pas tout.
Vous voulez savoir la suite ? Rendez-vous dans les prochains jours !
Retrouvez le groupe sur leurs réseaux :
Retranscription & photos 2 et 3 : Sartemys
Photos 1 – 4 à 6 : envoyées par Gubs