Rêver de voyage ou voyager en rêvant ?
Qu’importe, tous les chemins mènent au même univers quand vous emportent sonorités progressives et chant éthéré. Et c’est ce que nous dévoile Wedingoth, groupe français alliant différents styles, avec son dernier album auto-produit Five Stars Above qui sortira le 10 janvier 2023. Il est un projet musical basé sur l’ouverture et dont le credo revendiqué est l’éclectisme. Il mêle, dans une harmonie particulière, la puissance du Rock et du Metal servit par une voix féminine chargée d’émotion à des nuances atmosphériques invitant au voyage alors soutenues par une technique orchestrale.
Commençons donc cette ode musicale avec le morceau Dear Universe qui embrasse d’emblée, le fil directeur de l’album. Plongez alors dans un cosmos mystérieux où l’influence du genre Progressif raisonne dans un lieu pourtant sans bruit. Le titre s’ouvre et se ferme par une guitare emplissant l’espace-temps, dira-t-on céleste, à laquelle s’ajoute un chant envoûtant, peut-être moins résolu, où s’ensuit un jeu de batterie bien entendable grâce au jeu de Stéphane Rochas. L’entrée en matière est donc apaisante mais énigmatique. Continuons. La structure est simple et répétitive pour le prochain titre mais reste efficace. L’introduction est plus forte et puissante en ce début de Masterpiece of Life. La guitare donne le la à l’ajout graduel des autres instruments. Le chant vient ponctuer le voyage par un solo de guitare ensorcelant. Nous parlons d’Ibanez, marque favorite du guitariste, Steeven Segarra, et particulièrement du modèle RG6PPBFX pour cet album. Un côté épique ressort donc de cette démonstration. La cadence s’accélère dans Dear Man On Earth avec une impression désordonnée voire incohérente, serait-ce un état, un instant de démence conscient ?
Quoi qu’il en soit, le temps nous rattrape toujours. Éveillé ou non. Mais qu’est-il concrètement ? De simples mouvements bergsoniens ? De la transformation physique au simple bruit d’une horloge parfaitement réglée, Time s’immisce progressivement par un piano et un chant annonciateurs. L’influence à Céline Dion est quelque peu entendable. Roadtrip donc musical et (hors du) temps qui nous transporte au gré des étoiles. L’artiste de la pochette, Stan V Decker, a notamment su subsumer la particularité de Five Stars Above dans un et même format, réussissant à transformer le temporel en intemporel, ou l’inverse ; faisant ressortir des coloris froids en ajoutant une déesse illuminée et des sculptures antiques à la Polydore sur un fond de galaxies. The Spaceman est donc présent, ici et là, nous y sommes. Il avance avec un rythme régulier sur la longueur. Mais arrêtons-nous. L’entrée est fracassante, la batterie et la guitare avancent ensemble dans une cadence presque militaire. Le timbre de voix se fait grandiose, encore, I Don’t Care est imperturbable. Mais que se passerait-il si Caroll avait raison ? Cross The Mirror est inquiétant. La batterie s’annonce sans vergogne. L’aspect mélodieux ressort par la voix. Le voyageur stationnaire de Camel observe l’ensemble, mais de loin.
C’est alors que se lance le dernier acte de l’album avec My Own Sacrifice. Faisant plus de 15 minutes, une aubaine pour les amoureux de morceaux transcendantaux, il est l’épitomé de Five Stars Above. Débutant par un chant plus éveillé, il se poursuit avec l’arrivée grandiose d’une basse orchestrant l’ajout de la batterie et de la guitare à la John Petrucci. Il met à l’honneur l’ensemble des instruments sans les dénaturer dans un ballet spatial où se rencontrent deux univers parallèles. Le propre du Prog’ pourrait-on dire. Un son marooned apparaît aux ¾ du morceau avant que le rythme ne redevienne plus régulier et martial grâce à une basse jouée en décalé. De retour avec un solo enivrant réaffirmant la portée et la profondeur de ce qui est en train de se dévoiler avant de reprendre sur un ton plus brutal. Le climax est modulé avant de retourner sur une atmosphère plus apaisée où chaque instrument, outil, reprend sa place initiale pour en finir calmement. Love serait donc la fin, l’atterrissage de ce voyage extraordinaire. Le chant s’entremêlerait avec une guitare mais surtout une batterie plus prudente avant de repartir de plus belle. L’ambiance est à la fois stressante mais invite à la contemplation. L’espace est-il si inquiétant ? Mais l’espace de quoi ? De la voie lactée ou de nous-même ? Les 20 dernières secondes nous laissent donc seul à méditer au sein d’une immensité se voulant paradoxalement glaciale, impitoyable mais parfois, compréhensible.
Tableau symbolique d’un voyage intérieur, intime, secret, Five Stars Above nous rappelle donc à quel point l’ensemble reste étrange mais incroyablement riche pour des mortels souhaitant comprendre. Rêver de voyage ou voyager en rêvant, qu’importe, tous les chemins mènent au même univers quand vous emportent sonorités progressives et chant éthéré.
Tracklisting :
Dear Universe
Marsterpiece Of Life
Dear Man On Earth
Time
The Space Man
I Don’t Care
Cross The Mirror
My Own Sacrifice
Love
15/20
Morceau(x) le(s) plus représentatif(s) de l’album : Dear Universe, Time et My Own Sacrifice, Love.
Morceau(x) sortant du lot : Cross The Mirror et My Own Sacrifice.
Morceau(x) dont on peut se passer : Dear Man On Earth.