Habitué des bains foules, nous retrouvons Daniel Winter-Bates dès sa sortie de scène au Cabaret Sauvage, pour des photos et un câlin bien humide. Ayant croisé la moitié du groupe dans les backsatge après l’interview organisée avec August Burns Red plus tôt dans la soirée, on tente alors notre chance pour réitérer le processus avec nos amis britannique. On nous répond un grand oui et c’est Tom, l’un des derniers arrivés, qui s’y colle une fois la soirée terminée.
Comment définissez-vous votre musique ? (Tom seul)
Tom: Sans aucun doute comme du Metalcore. Je suis nouveau dans le groupe comparé aux autres qui jouent ensemble depuis longtemps. Par exemple, la dernière musique que nous avons sortie, About Us, prend son inspiration dans plusieurs styles directement liés aux goûts musicaux très divers des membres.
A-t-elle évoluée ces 15 dernières années ? (Tom seul)
Tom: D’un point de vue extérieur, chaque album a poussé le curseur de l’intensité un peu plus loin. J’ai suivi l’évolution du groupe depuis 2006 avant de le rejoindre en 2021. Les musiques sont devenues plus matures au fil des années et ça se voit aussi après le 1er changement de membre en 2012. C’est devenu à la fois plus mélodique et plus lourd. J’espère également que les nouveaux morceaux iront plus loin, notamment avec l’apport de son électronique. Je ne sais pas comment cela se passait avant, mais l’environnement de création est vraiment agréable ce qui aide à faire évoluer le groupe
Avez-vous le sentiment que votre arrivée dans le groupe a apporté quelque chose de différent ?
Tom: J’ai été très bien accueilli. Je connais Kris depuis très longtemps. Nous avons eu un groupe ensemble. Nous avons la même vision avec les autres, autant d’un point de vue processus de création que sur notre créativité en elle-même. Je suis aussi producteur et j’espère apporter ce que je sais dans la création.
Comment avez-vous vécu la période du Covid ? (Tom et Adam)
Arrivée providentielle d’Adam, Tom indiquant que la question est difficile à gérer pour un nouveau membre qui plus est qui n’était pas encore dans le groupe au plus dur moment de la crise.
Adam: Évidemment, ça a été une période difficile pour tout le monde. Le groupe a été forcé de faire un break, parce qu’il nous était impossible de tourner, d’enregistrer et même de composer. Il était donc irréalisable de conserver le rythme des sorties. La manière dont les gens consomment la musique aujourd’hui n’inclut pas la possibilité pour un groupe de faire des pauses dans la production. Ils attendent des nouveautés régulièrement et seuls de très gros groupes peuvent se permettre de prendre leur temps. Le covid nous a forcé à ne rien faire. Cela nous a permis de réfléchir à la manière de faire avancer le groupe, ce qui nous a amené à un tournant avec le changement de line-up (départ de Jason Cameron et arrivée de Tom et Ed). En quelque sorte, c’était le bon moment pour le faire, car en temps normal cela a pour conséquence de rompre le cycle de composition, enregistrement et tournée. Individuellement, nous avons tous eu des moments compliqués, mais en y réfléchissant bien, nous en sommes sortis plus forts et revigorés pour rattaquer. De nouveaux membres, de nouvelles musiques. En réalité, cela est arrivé à bon nombre de groupes, mais c’est particulièrement vrai pour nous.
(Tom: Je suis content que tu sois arrivés pour répondre à cette question (rires collectifs). En me posant la question, je me suis retrouvé … euh … et tu as ouvert la porte.)
Adam: Vous savez, cela nous a donné le temps de bien intégrer ces changements, ce qui aurait nécessité du temps et des sacrifices habituellement. Nous n’avions pas fait de réelle pause depuis plus ou moins 10 ans et c’était agréable de ne pas se prendre la tête avec le groupe, avoir le temps de faire d’autres choses. Nous en avions besoin.
Vous avez repoussé la sortie de Cannibal, comment avez-vous vécu cette décision ? (Tom et Adam, puis Daniel)
Tom: Nous n’avons pas eu le choix car toute la partie production (CD, Vinyle) était à l’arrêt. (Arrivée de Daniel) Bien sûr aujourd’hui il y a les plateformes de streaming qui permettent d’écouter notre musique, il était donc possible de faire une release uniquement dématérialisée, mais dans ce cas-là, les supports physiques arrivant plus tard ne se seraient pas vendus. Repousser donc la sortie et ne faire qu’une seule date de sortie était la bonne chose à faire. Nous avons travaillé dur sur cet album et cela avait du sens pour nous de faire cela correctement.
Donc les supports physique sont important pour vous ?
Tom: Oui bien sûr. En fait, beaucoup de gens précommandent leurs albums et donc payent à l’avance et cela nous ennuyait de sortir l’album sans que ces derniers puissent avoir leur produit.
The Seventh Sun sort l’année prochaine. Vous présentez le 1er titre, Abandon Us, comme viscéral et lourd et définissant la nouvelle vision du groupe. Pourquoi avoir fait ces choix ? Ce sera le 1er depuis le départ de Jason Cameron. Cela a-t-il eu un impact ? Quelles ont été les contributions d’ Ed et Tom ?
Daniel: Nous avons eu beaucoup de changements ces derniers temps et on peut considérer les singles Life et Death comme une phase de transition qui nous a amené à expérimenter des choses et on s’est dit “c’est le moment de faire ça”. Avec cette pause et ces évolutions, c’était le moment d’essayer des choses, d’explorer dans tous les sens. Nous avons enregistré cet album en se disant “Ne faisons que ce qu’on a envie de faire”. Un peu comme si nous arrêtions de vouloir être BT et de juste profiter de l’instant, d’être en studio pour s’amuser et de se connecter les uns avec les autres à un autre niveau. Je pense qu’Abandon Us est le parfait exemple. Il est fun, différent, brutal, mais aussi aérien. Le reste de l’enregistrement est un voyage. Certaines musiques sont très mélodiques et d’autres beaucoup plus heavy que l’on peut apprécier de la première à la dernière note. C’était également important pour nous que chaque morceaux se suffisent à eux-mêmes, car dans la société actuelle les gens écoutent beaucoup de single ou des morceaux par ci, par là. Nous ne voulions pas spécialement nous conformer à un genre ou décider si nous voulions être violents ou légers, juste apprécier le moment et obtenir le meilleur son, donner le meilleur de nous-même.
Adam: C’était l’occasion pour notre musique de changer et de sonner différemment, notamment avec l’arrivée des gars, particulièrement Tom au chant. Vous savez, il y avait beaucoup de chose que nous souhaitions explorer, comme cette atmosphère propre à l’électro que Tom nous a apportée. Nous avons eu l’occasion de tenter des trucs que nous n’avions jamais pu réaliser auparavant. Tom et Ed ont apporté beaucoup de nouveauté , notamment sur le plan technique, et nous voulions en profiter au maximum, passer à un autre niveau. Cela allait forcément changer, entre l’atmosphère, les sons électroniques, mais c’est surtout une étape qui nous a amené à progresser, car nous ne voulions pas non plus donner l’impression qu’il s’agisse d’un groupe totalement différent, il fallait que l’on conserve les codes qui font que nous sommes qui nous somme et que l’on reste reconnaissable.
Daniel: Au-delà de l’aspect musical, la grosse différence concerne le groupe en lui-même. Nous abordons le quotidien plus positivement, on prend plus plaisir à jouer. Nous ne voulons plus nous forcer à faire des choses qui ne nous plaisent pas. Nous voulons apprécier les choses qui nous arrivent. Voyager à travers le monde, rencontrer des gens qui apprécient ce que nous faisons et leur donner le goût de faire de la musique. C’est la meilleure des récompenses. C’est aussi cette positivité que nous ont apporté Ed et Tom dans notre quotidien bien établi. En étant depuis longtemps dans un groupe, on peut passer d’un concert à un autre, sortir un album, … presque par habitude et monotonie. Et maintenant, ce n’est plus le cas. C’est nouveau. Même avec les anciens morceaux, ça sonne différemment et on aime ça. Et c’est avec ça que je veux finir, ce que nous voulons c’est apprécier l’instant et continuer avec l’objectif de devenir le plus grand groupe au monde. Oui c’est notre but, devenir le plus populaire possible, jouer pour toujours plus de gens, être un groupe inspirant, mais surtout de pouvoir apprécier le voyage. A chaque date de cette tournée nous nous demandons comment cela se fait-il que nous arrivions toujours à être sur scène après ces 2 années compliquées. Et nous apprécions d’autant plus aujourd’hui d’être sur scène, concert après concert. C’est ça le nouvel esprit de Bury Tomorrow.
Vous n’avez jamais été lassé de jouer et de chanter les mêmes chansons toutes ces années?
Daniel:… c’est une très bonne question que l’on nous pose parfois. D’un point de vue extérieur, les gens peuvent se dire “jouer les même musiques pendant 10 ans…”, mais chaque concert est différent. Ce n’est pas les chansons qui changent, c’est le public. Ils sont différents chaque soir. De voir que les chansons, qu’il s’agisse d’anciennes ou de très récentes, soient toutes appréciées, de voir que notre musique est acceptée même en évoluant. Je ne suis jamais monté sur scène en me disant que cela allait être chiant. Si tu en arrives là, il faut s’arrêter.
Adam : Je vais rester sur l’idée du retour du public. L’important ce n’est pas nous qui jouons encore les mêmes chansons, c’est les sentiments que les gens nous transmettent tous les soirs, de les voir passer un bon moment sur tes chansons, qu’elles aient 10 ans ou 10 jours. En plus, de pas avoir joué depuis un certain temps en live, cela rend la chose encore plus intense. Tom a également fait un énorme travail pour réinventer certains vieux titres, avec de nouveaux éléments, qui ont été bien reçus par le public.
Tom: Je n’ai pas la même expérience sur le sujet, mais par exemple en voyant au travers des années que les gens continuent de chanter “Black Flame”, c’est des moments privilégiés que l’on crée et c’est dans ces moments que l’on voit ce qu’on donne et ce qu’ils nous rendent; c’est ce qui fait que ce n’est jamais ennuyant. J’ai une voix différente ainsi que mon interprétation, mais le retour positif des fans est vraiment appréciable.
Voulez-vous ajouter quelques chose ? Pour les fans français ?
Daniel: Les remercier de continuer à nous transmettre leur énergie comme ce soir avec la sortie des nouveaux morceau, le hellfest, Motocultor,... C’est vraiment excitant de faire partie aujourd’hui de Bury Tomorrow parce qu’il est temps de se débarrasser de ses 3 dernières années de merde et d’en garder que le positif. Nous nous devons de revigorer notre musique….
La tournée s’est terminée en novembre dernier ainsi que leur année 2022.
Les prochaines dates européennes :
- Impericon Festival 2023 les 08/04 (Leipzig), 15/04 (Oberhausen) et 16/04 (München)
- Rock am Ring/Rock Im Park (du 02/06/2023 au 04/06/2023, Allemagne)
- Nova Rock 2023 (du 07/06/2023 au 10/06/2023, Burgenland – Autriche)
- Alcatraz Metal Festival 2023 (du 11/08/2023 au 13/08/2023 West-Vlaanderen – Belgique)