Ayant pris place à Tunis il y a maintenant deux ans, ce rassemblement de passionnés n’est ni plus ni moins que le premier festival de Rock et Metal de Tunisie. 

Reprenant l’acronyme anglais « MENA » pour « Middle East and North Africa »  afin de désigner une région du monde comportant le Maghreb, l’Égypte et le Moyen-Orient, il fait la part belle à cette partie du globe qui ne nous vient pas directement à l’esprit lorsque nous pensons au décorum du Metal. Mais qu’à cela ne tienne car sous des airs de premières éditions, ce sont révélées de belles découvertes méritant d’être entendues à l’international.

De sorte qu’en réalité, le festival ne commença pas par des concerts, mais par une introduction mêlant échanges et débats autour de l’industrie musicale. Après quelques balances, il était question pour nous, Mehdi El Jai, directeur du label Verycords et manager du groupe Mass Hysteria, Eric Perrin, directeur de la communication du Hellfest, Romain Le Discot, chargé de développement commercial du Hellfest, Émilie Ruiz, docteur et chercheuse en management de l’innovation et créativité et moi, en tant qu’ici, journaliste indépendante, de prendre place dans l’amphithéâtre de l’Institut français de Tunisie afin de donner une conférence relative au sujet suivant : « Le l’album à la tournée ». Nous avons pu échanger sur le processus de création d’un album, sa mise en avant puis en valeur par un label et les médias afin d’être consacré, in fine, lors de sa programmation live. La soirée se termina par un set de DJ Mike Rock qui passa en boucle des airs bien connus de tous, classiques parmi les classiques, afin de nous préparer à rentrer dans le vif du sujet dès le lendemain…

DJ MIKE ROCK

SAMEDI 18 OCTOBRE
Et justement !  Pour ce début de week-end, les premières notes revinrent à deux groupes tunisiens répondant aux doux noms de Crimson Ruh et Thy Seven Synth. Officiant respectivement dans le « soft et groovy » Rock pour le premier et la Darksynth, l’Aggrotech mais plus généralement, le Metal Fusion pour le second, l’ambiance était à son comble et le public, enchanté, était présent dès les premières lueurs du soir… attendant patiemment de pouvoir soutenir ces premiers courageux désireux de faire entendre leur voix devant une assemblée faussement disparate.

CRIMSON RUH

THY SEVEN SYNTH

Arriva ensuite pour les plus virulents d’entre nous, le groupe brésilien de Thrash Metal : Kamala. Dégainant guitare, chant saturé et percussions, le trio outre-atlantique emporta la foule en liesse et impatiente d’en découvre. Ce fut chose faite ! Ce qui suivit leur permis d’assouvir davantage leur pulsion. En effet, et quelque peu surprenant au regard de l’affiche, le groupe français de Drillcore Freehowling continua la marche. Mais cessons ces élucubrations car il suffit d’observer la mouvance actuelle pour comprendre que le syncrétisme Metal-Électro se développe massivement à l’orée de nos frontières musicales devenant plus poreuses que jamais. Que l’on aime ou pas, force est de constater que le mélange fonctionne ! Technique, savoir-faire et émotions, quoi de mieux ? Cet écho résolument moderne perdura avec une formation belge de la même veine et évoluant dans le Metalcore : j’ai nommé Ice Sealed Eyes.

KAMALA

FREEHOWLING

ICE SEALED EYES

Pour finir, ce fut au tour de la tête d’affiche hexagonale, Klone, de clôturer cette première journée de festival. Réputé pour son Metal Atmosphérique et Progressif, c’est en nous happant intensément que la formation française réussit à captiver l’auditoire…

DIMANCHE 19 OCTOBRE
Ainsi, le premier groupe à venir fouler la scène du Mena Rock Festival en ce second et dernier jour fut Parabola. Né de la rencontre de plusieurs jeunes musiciens au sein de l’école de musique Paradiddle de Tunis, il est un condensé d’énergies nouvelles. Reprises mais aussi compositions originales, la relève est présente et n’a pas froid aux yeux. Continuons avec un quatuor tunisien du nom de Not Dead Yet – le message est clair. Évoluant dans le spectre du Metal avec un grand « M », c’est entre créations personnelles et échanges avec les spectateurs que le concert passa en un instant !

PARABOLA

NOT DEAD YET

Et justement, parlons-en du public ! C’est avec le groupe français Muhūrta qu’il fut intéressant à observer – mais levons toute ambiguïté pour ne pas tomber dans une pseudo analyse occidentale potentiellement erronée en nous focalisant ici, sur leur manière de vivre et ressentir le concert. A travers le poignant mélange de Metal et de Musiques indiennes ancestrales avec des apparitions allant de Shiva et Sarasvati proposées par le quatuor parisien, la musique nous transporta tous. Subjugués donc, nous le fûmes davantage à travers le partage de bâtons d’encens au sein de la foule, et c’est là que je vis quelque chose d’assez extraordinaire : chacun, chaque personne de tout genre confondu et quel que soit l’âge, vécu une sorte de béatitude. Ils avaient le sourire aux lèvres, heureux d’être là, de vivre et ressentir l’essence même de cette musique en pogotant sans presque se toucher, en respectant la sphère de chacun tout en restant en communion avec l’ensemble, artistes confondus. Vous me direz qu’il n’y a sûrement rien d’exceptionnel mais je peux malgré tout vous assurer, que nous étions en osmose et que c’était particulier.

Cependant, ils ne furent pas les seuls car dans un registre quelque peu différent, le groupe togolais Arka’N Asrafokor fit une performance marquante. Fusionnant Metal « extrême », percussions africaines et chants en ewe et anglais, c’est surpris que nous découvrîmes cette catharsis à l’état pur. Tout le monde en redemandait ! Notamment lorsque que se joignit à la fête, les membres du groupe Kamala, intervenus la veille.

Mais posons-nous quelques instants avant de reprendre avec un groupe tunisien, Nawather, qui fit son grand retour après des années d’absence en partageant de nouvelles compositions et un set alliant profondeur, sensibilité et pugnacité.

ARK’N ASRAFOKOR

NAWATHER

Et terminons cette deuxième édition avec un groupe jordanien de Rock Alternatif, Akher Zapheer. Ce fut la première fois que le groupe joua en Tunisie et permis de clôturer sur une note plus légère.

Dès lors, et rassemblés autour d’une même musique, ce week-end en terres tunisiennes nous aura permis de découvrir une nouvelle manière de ressentir les choses, la musique, le Metal dans son acception la plus complète ; unis donc, et rassemblés par cette même connexion, par ce lien fort qui nous traverse à travers ondes et émotions…

Je souhaiterai remercier personnellement Nabil Boubaker ainsi que Corentin Charbonnier et l’ensemble des équipes du Mena Rock Festival pour leur confiance et invitation.

Crédits photos : Corentin Charbonnier, Moujahed Modjo et Artisto.

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