Au cœur du béton, le Jazz s’invente au présent. La Défense Jazz Festival s’impose depuis près de 50 ans comme un événement majeur du Jazz en France. Entre légendes et jeunes pousses, entre Soul, Reggae, Musiques du monde et explorations électroniques, l’édition 2025 a une nouvelle fois affirmé la vitalité d’un genre en perpétuel mouvement. Retour sur une semaine de concerts intenses et ouverts sur le monde.

Au pied des tours de verre et d’acier, La Défense Jazz Festival résonne chaque mois de juin comme une respiration libre et gratuite au cœur de l’urbanité. Créé en 1977 comme concours et devenu festival en 1992, il s’est imposé comme un rendez-vous à part dans le paysage musical français. Sa situation géographique atypique – sur le parvis même du quartier d’affaires avec la Grande Arche comme décor – en fait une scène à ciel ouvert, fréquentée aussi bien par les cadres pressés que par les mélomanes, familles ou touristes de passage.

Mais au-delà du décor, c’est bien sa ligne artistique ouverte et généreuse qui marque les esprits : un festival gratuit, populaire et exigeant, entièrement tourné vers les formes contemporaines du Jazz dans toute leur diversité – du Free au Reggae-Jazz, de la Néo-Soul aux Musiques du monde.

Une programmation foisonnante et audacieuse
Cette édition 2025 a vu défiler une vingtaine d’artistes français et internationaux, midi et soir, dans une ambiance conviviale et éclectique. Le festival s’est ouvert avec force : le projet Black Lives du contrebassiste Reggie Washington a donné le ton, précédé par le jeune groupe Wet Enough!? Mardi, place à la Soul avec deux têtes d’affiche très attendues : Joel Culpepper et Jalen Ngonda, entre élégance rétro et groove contemporain.

Mercredi soir, la chanteuse franco-grecque Dafné Kritharas a séduit le public avec ses ballades méditerranéennes, avant un Dhafer Youssef magistral, mêlant oud, Jazz mystique et textures électroniques.

Le lendemain, le charisme du poète-musicien du Trinidad Anthony Joseph a préparé le terrain pour Groundation, groupe culte de Reggae-Jazz, dont le groove spirituel a soulevé le public.

Vendredi soir, Célia Kameni, étoile montante du Jazz vocal français, a livré une prestation raffinée, suivie par La Chica & El Duende Orchestra, projet hybride et envoûtant mêlant Spoken word, Flamenco et musique électronique.

Un final éclatant
Le week-end a tenu toutes ses promesses. Samedi, entièrement consacré à des artistes féminines, a été marqué par la puissance scénique de la zambienne Sampa The Great, entre Rap militant et Zammrock, avant l’entrée en scène de la célèbre Angélique Kidjo monument de la scène Afro-Jazz aux cinq Grammy Awards, avec un concert incandescent qui a fait vibrer le parvis au rythme de l’Afrique.

Enfin, pour clore en beauté, le dimanche a vu le retour d’une légende : Herbie Hancock, 85 ans, toujours aussi virtuose, a offert un concert suspendu, tout en élégance et en liberté accompagné d’autres légendes comme le trompettiste Terrence Blanchard et le guitariste Lionel Louéké. Il a régalé le public, venu en très grand nombre, avec une setlist condensée en forme de best of de son immense carrière, dont un hommage à son ami disparu, Wayne Shorter, autre légende, avec son fameux Footprints. Herbie Hancock terminera son concert en apothéose, son mythique synthé en bandoulière, avec un arrangement spécial de ses tubes légendaires Rockit, Spider, Hang Up Your Hang Ups et Chameleon. Légende parmi les légendes, Herbie Hancock aura pour sûr marqué les chanceux spectateurs présents qui pourront dire, « j’y étais« , gratuitement de surcroît !

En ouverture, Gauthier Toux, ancien lauréat du Concours national de Jazz (2016), a livré un set d’une grande intensité avec son nouveau projet Electro-Jazz, Photons.

Le Concours national de Jazz 2025 : tremplin d’excellence
Moment fort du festival, le Concours national de Jazz a, cette année encore, révélé les talents de demain. Sur six formations finalistes, c’est le trio AMG mené par la pianiste Aline Moureaux qui a remporté le Grand Prix (5 000 € à la clé). Le « Prix d’instrumentiste » a été attribué au saxophoniste Keïta Janota (AMG), et le « Coup de Cœur du Jeune Jury » au groupe grenoblois Moustik Haterz, qui bénéficiera d’une résidence de création à La Seine Musicale.

Porté par le Département des Hauts-de-Seine, La Défense Jazz Festival continue d’explorer les multiples visages du Jazz d’aujourd’hui. Sa programmation illustre un Jazz en mouvement, ouvert aux influences africaines, caribéennes, électroniques ou poétiques. Entre tremplin pour jeunes talents et légendes du Jazz, le festival assume pleinement son rôle de carrefour artistique et citoyen, à la fois exigeant et grand public.

 

Pour visualiser l’ensemble des photos de cette édition, rendez-vous sur cette galerie de notre photographe.

DERNIÈReS PUBLICATIONS