Calva Louise. Derrière ce nom étrange se cache un trio qui frappe comme une déflagration. Pas de frontières, pas de limites : Venezuela, France et Nouvelle-Zélande réunis à Londres depuis 2016 pour cracher une musique qui refuse les cases. En sept ans, quatre albums, et à chaque fois une marche de plus gravie vers un chaos organisé.

Avec Edge of the Abyss, le groupe poursuit son entreprise de démolition sonore. Pas seulement avec des riffs ou des beats : tout l’univers de Calva Louise respire le DIY armé jusqu’aux dents. Clips conçus, tournés et post-produits par Jess Allanic elle-même, apprentissage des effets spéciaux pendant le Covid pour repousser les limites visuelles… Ici, chaque détail est pensé pour frapper aussi fort à l’œil qu’aux oreilles.

Musicalement, c’est un champ de bataille. Tunnel Vision ouvre l’album comme un assaut en règle : riffs nerveux, tension immédiate, refrain qui te colle au cerveau comme une balle perdue.

W.T.F plonge ensuite dans un état suspendu et hypnotique. Sa trinité guitare-basse-clavier tisse des mélodies lancinantes, entêtantes, relevées d’un refrain catchy au possible. Le contre-pied parfait arrive avec Aimless : véritable volonté de faire voler l’auditeur en éclats, changements de tempo constants, et couplets en espagnol qui crachent un refus d’autorité et de croyance dans des institutions supérieures.

Lo Que Vale poursuit en espagnol, mais cette fois à la vitesse supérieure : tempo plus violent, refrains scandés «cazador, cazador poder», cri de guerre taillé pour la scène, entre la rage viscérale des Deftones et la hargne des Refused. Plus loin, Impeccable ose les beats Techno et les refrains indus, avant que The Abyss n’entraîne tout le monde dans des ténèbres Electro-gothiques : claviers spectraux, samples inquiétants, ambiance suffocante. Rien n’est interdit, tout est possible.

El Umbral souligne cette liberté totale : beats Electro qui intensifient l’urgence, basse écrasante, arpèges nerveux qui cherchent leur place dans le chaos ambiant. Tout paraît incontrôlable, mais tout sonne juste.

Quand le trio bascule plus frontalement dans le Metal conventionnel avec La Corriente, c’est une pièce d’artillerie lourde : double pédale ravageuse, claviers hypnotiques, mur du son digne des cadors du genre. Moins extrême que d’autres morceaux, mais terriblement efficace.

Au centre de cette tempête, il y a Jess Allanic. Frontwoman possédée, caméléon vocal capable de passer d’un chant Pop accrocheur à des hurlements screamo qui lacèrent l’air. Une intensité qui évoque Karen O sous amphétamines ou les fulgurances vocales d’Enter Shikari. Chaque morceau devient une montagne russe émotionnelle, où chaque rupture de ton sonne comme une attaque surprise.

Hate in Me en est la démonstration parfaite : un exercice périlleux d’alternance vocale entre voix vocodée, cri primal et accents Pop dignes des reines des charts. Plus loin, Under the Skin se pose en pièce maîtresse de clôture, synthèse idéale de tout ce que le groupe déploie ici. Un pont aérien au piano apporte une respiration, avant que la tension ne remonte inexorablement pour replonger dans le chaos organisé.

Edge of the Abyss est une déclaration de guerre. Un disque qui refuse la retenue, qui mélange les styles comme on mélange les armes dans un arsenal. Un chaos contrôlé, une avalanche sonore qui confirme que Calva Louise n’est pas juste un nom étrange sur une affiche : c’est une machine prête à renverser la scène, à coups de rage, de créativité et d’énergie brute.

15/20

Tracklisting :
1 – Tunnel Vision
2 – W.T.F
3 – Aimless
4 – Lo que vale
5 – Impeccable
6 – Barely a response
7 – The Abyss
8 – El umbral
9 – La corriente
10 – Hate in me
11 -Under the skin

Titre le plus apprécié de l’album : Lo que vale
Titre le moins apprécié de l’album : The Abyss
Titre ovni : El Umbral

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