On est dimanche et demain, il y a école et en plus il pleut ce matin. C’est surement pour ça qu’il y a un peu moins de monde aujourd’hui sur le festival. Les plus téméraires sont toujours là, décidés à en profiter jusqu’au bout et tant pis pour les cernes lundi matin. Les autres profiteront de la journée et bouderont la soirée pour préserver leur sommeil.
Moi quand il pleut je fais toujours un peu la gueule sur un festival. Non pas que je ne sois pas étanche, mais le matos photo c’est toute une gestion lorsque l’humidité s’invite. Du coup, c’est en surveillant la météo que j’ai décidé de venir un peu plus tardivement pour cette dernière journée. D’autant plus que les premiers groupes ne me parlent pas des masses. C’est journée Metalcore ce dimanche. Je trouve que c’est un genre musical qui tourne beaucoup en rond ces derniers temps, même si on note une sorte de revival par rapport à la première vague, la recette n’a que trop peu changé pour être réellement intéressante. Certains groupes tirent quand même leur épingle du jeu en mettant une personnalité plus marquée dans les ingrédients mais la plupart du temps ils se ressemblent un peu tous. C’est le truc à la mode du moment quoi…
Du coup sorry but not sorry. On aura surement d’autres occasions.
C’est avec les Belges d’Ice Sealed Eyes que la journée commence vraiment pour moi. A titre perso, musicalement, je n’en ai pas retenu grand-chose car c’était une totale découverte et vous savez ce que c’est, quand on ne connaît pas déjà quelque chose il faut un peu de temps et de réécoute pour l’apprivoiser. On va s’y employer. Tout ce que je peux en dire c’est que ça balance bien sa maman, c’est hargneux, c’est précis, c’est sans concession et ça va mettre tout le monde d’accord. La pluie fait une pause, du coup on peut shooter sans prise de tête. Une bonne claque pour démarrer donc.
Il pleut encore un peu, mais on aura le temps de shooter les trois premiers titres de Revnoir avant d’aller suivre le concert à l’abri d’un arbre. Revnoir est totalement dans le thème de la journée avec ce Metalcore racé plein de mélancolie et de sombritude. Petit à petit, marche après marche le groupe français trace son chemin au milieu de la multitude en sortant du lot. Et malgré la pluie, le public répond présent, on mouille le T-shirt pour profiter de cette prestation tout en nuances de puissance.
Je n’en démords pas, lorsqu’un groupe débarque sur scène sans bassiste il manque un truc. C’est le cas avec Future Palace qui va balancer son Post-Hardcore fortement teinté Metalcore. Autant musicalement ça fonctionne, on suppose que les basses sont sur bandes, autant scéniquement l’équilibre n’y est pas. D’autant qu’un seul guitariste soutient la chanteuse pour occuper le devant de la scène malgré le fort engagement des deux protagonistes la scène fait un peu vide. J’avais fait exactement le même constat lors de leur passage sur la mainstage du Hellfest.
Siamese est un groupe danois qu’on connaît finalement assez peu en France. Sans surprise, vu que c’est le thème de la journée, ils produisent du Metalcore. Si on peut saluer le savoir-faire du groupe, je reste dubitatif sur l’intérêt artistique de leur démarche tant ça ressemble à du déjà entendu. Une partie du public semble bien les connaître, peut être que je suis simplement “trop vieux pour ces conneries” comme le dit si bien Danny Glover à Mel Gibson dans l’Arme Fatale (encore une réf de vieux). Une fois mes photos dans la boite, je profite de leur passage pour remplir mon estomac avec du gras local.
Un bon gros rototo plus tard, je retourne dans le pit pour shooter Boston Manor. Les Anglais font office de tête d’affiche de ce dimanche et c’était clairement la meilleure surprise de la journée. Le mélange de Néo Punk, de Post Hardcore et de Metal est un vrai régal. Ça groove pas mal, c’est nettement plus puissant qu’un groupe de Néo Punk classique, c’est une sorte de revival de la Fusion des années 90 mais avec une grosse touche de modernité. Sur scène, on a des gens très mobiles qui vont défendre chaque titre comme si c’était le dernier. Côté public en revanche, il se passe un truc un peu étrange. La sécurité pète un plomb et encourage les gens à monter à l’assaut. Ensuite, ils participent eux-mêmes au mouvement en se faisant porter jusqu’aux collègues. Il ya com me une ambiance de contre soirée dans laquelle le groupe fait office de musique d’ambiance, surtout pour le centre de la fosse. D’un côté l’ambiance est énorme, mais le groupe est un peu dépité par moment de voir qu’ils ne sont plus que les figurants de la journée. De mon côté, je ne sais pas trop quoi penser de tout ça. Je suis partagé entre le côté cool que la sécurité soit saluée pour son travail et l’humeur bon enfant générale et bienveillant et en même temps je suis un peu ennuyé qu’un groupe de ce calibre se retrouve à faire un concert pour les derniers rangs. Il y a un petit manque de respect pour les artistes sur ce coup-là, mais finalement je suis sûre qu’ils ne nous en voudront pas trop. Ça semblait plutôt les amuser en fait.
Pendant le changement de plateau, on aura droit à une queue leuleu géante. Voilà encore un exemple de la nocivité sataniste et violente du public Metal haha. Dans le lot, on note des habitués qui viennent là tous les ans et qui sont partant pour en profiter jusqu’au bout. J’aurai d’ailleurs le plaisir de discuter avec certains qui me raconteront un peu l’histoire du Kave Fest depuis les débuts dans le jardin jusqu’à Gisors et son château. Quel parcours ! Vu que la veille tout le monde n’était pas dispo pour la photo, Selim viendra une fois de plus sur scène pour inviter tous les bénévoles à venir se faire un beau souvenir.
Bob Vilain étant out parce qu’il a eu une trop grande gueule sur un sujet sensible et possiblement dangereux pour une manifestation publique (la mairie et la commune ont demandé l’annulation de sa participation pour des raisons de sécurité après des déclarations au sujet du conflit Israélo Palestinien), c’est Alternight qui va clôturer la journée. Sur le moment, je n’avais pas compris le concept de ce groupe. Et pour cause, après quelques recherches sur internet, j’ai découvert qu’il s’agissait en fait plutôt d’un collectif emmené par Arthur Alternatif (un youtubeur à priori). Le propos est de réunir des gens de la nouvelle scène Metal (beaucoup de copains youtubeurs j’ai l’impression et quelques membres de groupes émergents) et de faire des reprises et balancer quelques compositions. Je ne vais pas dresser la liste des invités de ce soir parce que je n’en connais aucun et que je risque de raconter de la merde, j’ai juste reconnu le guitariste de Ice Sealed Eyes (facile il a joué le même jour) et quelques vidéastes un peu trop voyants sur scène qui cette fois avait bien leur place dessus. Maintenant que les présentations sont à peu près faites, intéressons-nous au contenu. Sur scène c’est la guerre ! Ça bouge énormément, ça saute, ça se déplace, ça descend et remonte de scène etc. Arthur est quelqu’un de manifestement très énergique et le reste du collectif et des invités de ce soir n’en font pas moins. Dans le public, ça slame encore pas mal même si les rangs sont un peu clairsemés (dimanche soir oblige). L’ambiance est au top.
Voilà, c’est la fin de cette édition 2025 du Kave Fest, la première pour ma pomme. J’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir ce petit festival qui monte. Si l’année prochaine vous n’avez pas le budget pour les grosses machines, sachez qu’il existe ce fest qui pour un prix défiant toute concurrence vous permet de passer un bon moment en écoutant du bon Metal. Certes, les grosses têtes d’affiches ne sont pas là, mais justement, c’est aussi l’occasion de découvrir des groupes locaux, des espoirs de la scène française et des groupes plus confidentiels qui n’ont pas moins d’intérêt artistique. Moi en tout cas je compte bien y retourner l’année prochaine si c’est possible.