Le temps se couvre, il fait moins chaud, l’ambiance du festival est toujours aussi agréable et pourtant il y a plus de monde que la veille. Dans la cour du château, une équipe de reconstitution médiévale ajoute un peu d’animation. Il y a peut-être quelque chose à creuser dans ce sens afin de plus remplir cette partie du festival qui reste un peu vide la plupart du temps. Peut-être penser à un vrai village médiéval avec plus d’asso présentant la manière de vivre façon fête médiévale de Provins (toute proportion gardée). Pour la seconde journée on est toujours un peu plus en confiance et c’est aussi à cause de ça qu’on arrive un peu en retard sur le début de la programmation…

C’est ainsi que j’ai bêtement raté BrokenFace. Compte tenu des retours que j’ai réussi à glaner des plus courageux et organisés arrivés à l’heure, le groupe à fourni une prestation bien supérieure à ce qu’on peut attendre d’un groupe d’ouverture. 

Il en sera de même avec Eiga que rien n’arrête. On a un groupe souriant, très mobile et qui va balancer du gros son, affublé d’un look très décalé (vêtements clairs, bandana dans les cheveux). Voilà donc un Metal qui sent bon le soleil. Le groupe s’était déjà fort bien illustré lors de sa participation au Warm Up du Hellfest à Nîmes. Il confirme au KaveFest tout le bien qu’on en pense. Malheureusement je n’ai pas de photo de leur set, elles ont disparu dans le crash de mon disque dur (voir report du jour 1)

Suite à tout ce Metal plus ou moins Core, il était temps d’aménager une respiration et c’est Witchorious qui va s’en charger à la mode Doom. Je ne vais pas vous mentir, le Doom ce n’est pas trop ma came. Pas forcément quelque chose de désagréable, mais après deux ou trois morceaux je m’ennuie assez rapidement généralement. Là ça n’aura pas été trop le cas. Peut-être grâce à l’alternance des chants entre la bassiste et le guitariste ? Ou bien c’est l’intervention de Thérémine sur un titre qui a insufflé un petit relent d’originalité, mais le show est passé crème.

Le temps de prendre un amuse-bouche plein de gras et une bière et il est déjà l’heure du groupe qui à lui seul a été la principale motivation me concernant pour couvrir cet évènement. Mirabelle, j’en ai déjà parlé deux fois sur Melo, je vous invite à lire ou à relire le report de leur passage au Forum notamment où ils m’ont littéralement scotché alors qu’ils n’étaient que la première partie! Du coup forcément mes attentes étaient grandes et elles n’ont pas été déçues. Déjà parce que la dernière fois l’un des deux guitaristes étaient en fauteuil roulant à la suite d’une blessure (imaginez, ils m’ont scotché avec un membre dans le plâtre!) Cette fois il était bien debout et même s’il n’est pas forcément le plus mobile, il ne se laisse pas effacer par les autres pour autant. Ensuite, j’aime tout particulièrement comment le groupe communique avec le public, beaucoup d’autodérision, une apparente détente comme si on était en répétition avec des potes alors que scéniquement le show proposé est carré et d’une efficacité redoutable. On n’est pas dans la gaudriole pour masquer un manque de savoir-faire, bien au contraire. Musicalement pour ceux qui ne connaissent pas, on est proche de The Used. C’est à dire un Néo Punk qui n’hésite pas à faire des incursions dans le Metal plus velu afin de mettre un peu de relief. Le groupe va très vite se mettre le public dans la poche et ça va sautiller sévère. Mirabelle confirme donc toutes les bonnes impressions que j’en avais eu et c’est un groupe que je compte bien suivre autant que possible.

Je n’attendais rien du tout de Stellvris puisque je ne connaissais pas du tout de quoi il s’agissait. Et il faut reconnaître que le groupe m’a scotché. Musicalement, on reste dans un mélange de classique de plusieurs sortes de Metal, du coup on va appeler ça du Metalcore, mais ça reste réducteur. En revanche, scéniquement, on sent un énorme engagement de la part des Tchèques. La chanteuse est partout, elle va aller chercher le public par tous les moyens, jusqu’à aller se mélanger à eux en plein circle pit. Sur scène le reste du groupe bouge comme un diable. C’est, je crois, leur premier passage en France, ils sont contents d’être avec nous et ils nous le montrent.

Pour la suite on va continuer avec Hrafngrimr (démerdez-vous pour la prononciation, j’ai déjà eu du mal à l’écrire). C’est une journée sous le signe de l’éclectisme, car il s’agit cette de Pagan. Bienvenue dans le petit monde des incantations envoutantes et de la méditation transcendantale. Moi j’ai surtout apprécié le soin apporté à la mise en scène, aux costumes et l’attitude générale du groupe, même si la coiffe de la chanteuse ne voulait pas tenir au vent. J’ai passé un bon moment avec un temps calme pour mes oreilles.

C’était ambitieux de placre un groupe comme Klone entre du Pagan et le Heavy sauce vinking d’Ensiferum. Mais rien ne fait peur à ce groupe qui se joue de tous les obstacles pour toujours faire mouche auprès de n’importe quel public. Pourtant les Français ne pratiquent pas un Metal forcément accessible. Ça navigue entre Rock et Metal Progressif avec des titres plutôt longs aux ambiances travaillées et il n’est pas évident aux non-initiés d’apprécier cette musique à sa juste valeur. Je m’attendais à voir une partie du public branché messe noire se tirer pour bouffer, mais je me suis trompé, tout le monde est resté là pour voir cette démonstration de sobre charisme. Car contrairement à Mirabelle, on a très peu d’échange avec le public, tout va passer par la musique. A ce titre, on est assez proche de l’univers Pagan et pas si loin de la force de frappe des Vikings. Pas si bête que ça finalement ce running order…

Petit changement de plateau durant lequel j’irai profiter de la seconde scène réservée aux spectacles folkloriques médiévaux. On avait, au choix, selon le moment de la journée entre un hypnotiseur, un tour de chant médiéval ou un spectacle de danse de feu. Ces intermèdes méritent d’occuper le temps des balances sur la scène et à titre perso ça me rappelle le temps où moi-même j’allais faire le zouave en cucul (vous chercherez sur internet ça va vous “culturer”) lors d’animations médiévales bien sympathiques avec la compagnie de la Rose & L’Epée (pour ceux qui ont connu).

Mais il ne faut pas rater le début d’Ensiferum et pour cause, on n’a que trois titres pour shooter leurs tronches, ce serait dommage de manquer d’immortaliser la hargne du chanteur, la placidité du guitariste, la bravoure du bassiste, la gouaille du claviériste qui chante quelques titres et la discrétion du batteur. Scéniquement c’est toujours un plaisir d’assister au show des Finlandais, leur Heavy Metal Folklorique invite à faire la fête, de préférence bien arrosée à la cervoise fraîche. C’est ainsi que mû par une tradition systématique, le public va se mettre à ramer simulant un énorme drakkar et se bousculer dans la bonne humeur lors de circle pit furieux. Ils méritent largement leur place en tête d’affiche eux qui habituellement doivent se contenter des co-têtes d’affiche dans des salles de moyennes contenances. Il est possible de capitaliser sur Ensiferum, il faut le savoir.

Il y a une tradition au KaveFest, le samedi soir après la tête d’affiche, tous les bénévoles montent sur scène pour faire une photo. C’est l’occasion pour moi de mettre des visages sur certains noms et de constater que l’ambiance est excellente au sein de l’organisation. On sent que Selim est très soucieux de mettre un peu de lumière sur ceux qui œuvrent au bon déroulement du festival. C’est aussi un aspect que j’apprécie car il fait écho à des valeurs que je partage comme ne jamais oublier les petites mains sans qui rien n’est possible.

Pour rester dans le même type d’ambiance on va demander à Eihwar de retenir encore un peu le public sur place. J’étais très curieux de voir ce que donne ce duo qui mélange le Folklore médiéval avec le Metal et l’Electro et je crois que j’ai été un peu déçu car je m’attendais à quelque chose de plus ambitieux. Pour la photo, même si l’ambiance est très sombre, on va vite trouver à mettre la plastique de la chanteuse en valeur et pour moi c’est le principal atout de la formation. En effet, scéniquement Mark porte un casque qui masque complètement son visage, il reste au fond dans la fumée et actionne ses machines et tape des rythmes technoïdes vaguement tribaux. Son rôle est musicalement primordial car c’est quasiment lui qui joue tout, mais en terme de présence ça reste de la figuration. Reste donc Asrunn la chanteuse. C’est elle qui assure tout le show et ça donne un peu l’impression d’assister à une exhibition. Le chant est sympa, mais assez peu présent pour n’être autre chose qu’un prétexte sur certains titres pour venir danser avec un bendir sur lequel elle va reprendre le bit techno, toujours un peu le même d’ailleurs. Musicalement c’est très pauvre et répétitif et ça n’a pas beaucoup d’intérêt. Je me laisse porter par les charmes de la dame en essayant de mettre de côté qu’après une belle vocalise elle s’adresse au public avec la voix d’une vendeuse de poisson à la criée ce qui ruine un peu l’ésotérisme de la prestation. Bref, vous l’aurez compris je n’adhère pas des masses au concept que je trouve trop indigent musicalement, pas assez sincère et qui joue un peu trop sur la (les ?) forme au détriment du fond. Mais le concept fonctionne, ça tourne beaucoup, je suppose donc que je suis trop exigeant et qu’il y a un public pour ça dont je ne fais pas partie. J’aurai au moins fait de belles photos…

Je ne resterai pas jusqu’à la fin décidant de rentrer plus tôt. Les journées sont longues et à peine 15 jours avant je me suis coltiné le Hellfest avec 37 degrés à l’ombre pendant quatre jours. On n’a plus 20 ans ma bonne dame. Le bilan de cette journée de Kave Fest est indubitablement positif et même fatigué, je rentre ravi de ce temps passé en excellente compagnie. A noter que le pit est majoritairement féminin ce week end là, du coup c’est plus calme, voire plus courtois. Pas désagréable comme expérience, merci mesdames.

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