Tous les ans, je fais le Hellfest et… ben niveau festival c’est quasiment tout. Quand on m’a proposé de couvrir le KaveFest qui est à 40 minutes de chez moi, je n’ai pas hésité longtemps, même si celui-ci arrive 15 jours après le premier nommé qui me donne déjà beaucoup de travail. Et comme pour toutes les premières fois, il y a parfois des couacs. Le souci du jour, c’est que le disque dur sur lequel j’avais sauvé mes photos a rendu l’âme avant même le premier traitement. J’ai pu récupérer partiellement mes photos du J2 et 3 sur mes cartes, mais j’en avais déjà formaté une donc je n’ai pas tout. Mais que ça ne nous prive pas la lecture de ce report car l’équipe du KaveFest me propose généreusement de fournir les photos pour illustrer le premier jour. Donc je vais commencer par remercier Thomas Riquet et toute l’équipe du KaveFest.

Comme pour toutes les premières fois, quand on arrive sur un festival, on commence par découvrir l’environnement. Ici on se trouve à Gisors, une petite ville à la frontière de la Normandie (Eure) et du Vexin (Oise). La ville est à une petite heure de Paris (quand ça roule) ou on peut aussi prendre les transports (Ligne J à St Lazare). Sur place on a un parking et un camping proportionné à la taille de l’évènement. Donc aucune excuse pour ne pas venir.
A l’intérieur, on entre dans une grande allée bordée de chaque côté par des stands commerciaux qui vont du fabricant d’objets en cuir au tatoueur en passant par le sponsor Monster et le Merchandising officiel du festival et des groupes. Un petit marketplace bien sympathique. Les deux jours suivants, on aura aussi une troupe de reconstitution médiévale proposant des animations. Surplombant le site, le château médiéval de Gisors domine l’ensemble du lieu. Au bout de l’allée, un espace aménagé dans les remparts proposera des animations pour occuper les festivaliers pendant les changements de plateau. Sur les trois jours, on aura un hypnotiseur, des musiciens médiévaux et des cracheurs de feu par exemple. Ces petits spectacles sont récurrents, on peut donc en rater un et revenir plus tard.

L’espace scénique quant à lui se trouve vers le fond du site, nous avons une scène unique de belle taille (plus grande que les années précédentes si j’en crois les échos que j’ai eu sur place des habitués), avec une fosse confortable pour la taille du festival. Dans le fond, le coin restauration/binouse avec un espace sur le côté pour manger assis sur des grandes tables. Voilà maintenant que le décor est planté, on peut parler musique ! 

Le tout premier groupe de la toute première journée s’appelle Ring Scabs, il s’agit d’un trio originaire de la région de Caen qui pratique un Rock Alternatif qu’on peut qualifier de burné. Lorsque j’arrive sur place ils sont déjà en train de jouer. Je prends le temps de faire quelques photos (que vous ne verrez jamais donc haha) et je profite un peu du concert. On note une belle attitude de la bassiste qui est l’élément le plus mobile du groupe. De l’autre côté de la scène, le chanteur maîtrise bien son chant écorché et au fond ça tient bien la route. Voilà un groupe qui paraît sérieux et que j’espère retrouver un peu plus tard dans sa carrière pour voir comment il évolue.

C’est le duo Bad Situation qu’on commence à bien connaître chez Melo, qui prend le relais. Assister à la balance et à l’installation des musiciens fait qu’on se demande comment Aziz va enchaîner pour passer de l’installateur à l’artiste. En effet, c’est compliqué de préserver la magie quand on est déjà sur scène alors qu’on devrait monter dessus pour démarrer le set. Et c’est là qu’on voit que le monsieur commence a avoir de la bouteille. A chaque concert on le voit en mode “même pas peur” que ce soit en première partie de Skip The Use au Douze ou en première partie de je ne sais même plus qui au Forum, le mec va chercher le public un par un et ne s’excuse pas d’être là. Musicalement, ça fonctionne toujours aussi bien, le gros Rock des familles légèrement sautillant façon KO KO MO survolté sauce Metal fait mouche rapidement sur un public un peu difficile à sortir de sa torpeur surchauffée. Seule ombre au tableau, Bakared qui se présente sur sa page Insta comme un photographe discret ne l’aura pas été assez pour se faire oublier en prenant les photos et des vidéos pour le groupe ce jour-là. Mais ça ne sera pas le seul de la journée puisque c’est une pratique qui tend à se généraliser. J’y reviendrai, mais on peut résumer les choses comme : Sur scène la star n’est pas le photographe ou le vidéaste. Ou alors, il faut chanter les chœurs quitte à coller le chanteur comme une vieille sangsue, autant participer. Bien entendu, on pourrait croire que je m’en prends au technicien qui ne fait la plupart du temps que ce qu’on lui demande, mais c’est aux groupes que je soulève cette réflexion. Les groupes devraient faire attention à ce détail. A l’heure où la mode est de demander au public d’éteindre le portable pour réapprendre à profiter d’un concert, il est mal venu que les artistes pensent plus à faire des images pour leur réseau qu’à produire un show pour le public qui se déplace. En plus ça fait groupe amateur… On ne verra jamais Metallica avec Ross Halfin sur scène en train de prendre un gros plan du nez de James Hetfield avec un 10 mm. Le mec monte sur scène (je le sais pour l’avoir effacé de mes photos) en essayant d’être le plus discret possible, il ne dépasse jamais les amplis de fond de scène, en d’autres mots il reste à sa place. A bon entendeur.

Cette journée à la thématique très Rock va voir Saint Agnes nous faire un set très convaincant comme à son habitude. Avec un Rock écorché qui tire sur le Punk dans certaines attitudes. On présente le groupe comme faisant du Metal Indus, personnellement je trouve ça très réducteur, mais pas faux pour autant. Saint Agnes c’est bien plus que cette case étriquée. C’est un melting-pot d’influences qui se digèrent de composition en composition. On notera que, sur scène, nous avons la parité avec deux filles et deux gars. Ça n’apporte rien à la musique, mais c’est rare. Là encore on a un technicien un poil trop présent pour faire ses images. Ce problème va être assez récurrent à tel point que je me demande si les festivals ne devraient pas penser à mettre en place des règles en la matière que le photographe soit avec le groupe ou pour un media, il reste sur les côtés où au fond mais ne vient pas danser avec les artistes.

Avec Planet Of Zeus c’est la première grosse découverte de cette édition du Kave. Les Grecs vont littéralement me scotcher avec leur Heavy Rock. Il faut dire que scéniquement on ressent une grosse présence avec un chanteur/guitariste très à l’aise pour balancer le gros son. Typiquement, le genre de groupe que j’enrage d’avoir perdu avec mon crashdisk. Du coup, il va falloir que je recroise leur route ! Perso je pense qu’ils auraient leur place en Main au Hellfest. Si j’en ai l’occasion je ne manquerai pas de leur pousser l’idée.

A peine le temps de manger un bon burger produit localement avec des frites succulentes (alors oui ce n’est pas diététique, mais quitte à mourir d’une crise cardiaque autant bouffer de bons produits qui font du bien au moral) et c’est déjà l’heure de Coheed & Cambria. J’avais déjà eu une première expérience au Hellfest et ça ne m’avait pas laissé un souvenir impérissable. Peut être simplement parce que mon attention n’était pas 100% disponible à ce moment-là. Comme quoi il faut faire attention au contexte aussi. Parce que, ce soir, j’ai trouvé le groupe très convaincant en live et ça m’a donné envie de me pencher sur les albums. N’étant pas un grand fan du terme Progressif dans la longue liste des genre musicaux, je pensais que j’allais me faire chier. Mais non en fait, les Américains arrivent à mettre la prog suffisamment digeste pour qu’on arrive à presque oublier qu’ils en incorporent quelques codes à leur Metal. Sur scène, règne une vraie bonne humeur, le groupe est heureux d’être là même si sur ce premier jour la jauge du festival n’est pas pleine.

Pour clôturer la journée, le français de Carbon Killer va jouer de malchance. A la base il s’agit d’un groupe de musique instrumentale mêlant les grosses guitares et la musique électronique. Mais depuis quelque temps, le show se limite au guitariste seul en scène qui joue sur des samples qu’il lance lui-même. Visuellement, on dirait un DJ qui joue par-dessus la musique qu’il mixe. Le concept est original d’autant qu’il s’accompagne d’écrans et d’effets visuels qui permettent de faire le show et remplace un peu la présence d’un vrai groupe. Et lorsque le show démarre on a bien 4 écrans sur scène qui passent en boucle de fausses publicités japonisantes. Mais à un tiers du show, plus d’images, plus d’effets non plus (exit la guitare qui s’allume par exemple). Ne reste que la musique et quelques spots car l’artiste étant 100% autonome, personne n’est là pour venir le dépanner pendant qu’il joue. Et force est de constater que sans le décor, le show manque un peu d’attrait. Le guitariste est plus souvent derrière la platine de profil, limite dos au public que devant. Heureusement dans le public, ceux qui sont encore là en profite pour danser un peu histoire de s’ambiancer. De mon côté, je préfère couper court et rentrer à la maison afin d’être en forme demain.

Si on devait faire un bilan de cette première journée on pourrait dire que, pour un vendredi, compte tenu de l’affiche le public était au rendez-vous, les groupes ont majoritairement réussi à me faire regretter d’avoir perdu leurs photos, ce qui veut dire qu’ils ont grave bien fait le taff et j’ai pu apprécier les conditions d’un festival à taille humaine.

Crédits Photo : DeuskinPhotography

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