La Salle Pleyel devient de plus en plus une référence pour un certain type de Rock là où il n’y a pas si longtemps, on n’y jouait que de la Musique Classique ou du Jazz. Mais attention, les groupes qui s’y produisent répondent à un cahier des charges, leur musique doit avoir un certain standing, soit avoir eu une longue carrière et s’adresser à un public assez posé, soit proposer une musique qui s’apprécie pour les qualités sonores et non pour l’énergie que la musique dégage. Il faut également des groupes capables de remplir une salle de cette taille sur son seul nom, car souvent y sont joués des sets en deux parties sans groupe d’ouverture. Steve Wilson à Pleyel ça tombait donc sous le sens.
Pour son concert à Pleyel, Steven Wilson se plie aux usages en coupant son spectacle en deux. Et de son propre aveu, l’artiste semble soulager de s’offrir une pause après un premier set très intense et concentré. Pour le public aussi l’entracte est salvateur, il permet d’aller boire un coup avant de se replonger dans le show. Et quel show ! Steven démarre par deux titres très long. Le premier fait 23 mn. Sur ces titres l’artiste et ses musiciens nous emportent littéralement dans des ambiances tantôt Électro, tantôt plus Rock/Pop à la manière d’un Pink Floyd sauce moderne. Ici pas de démonstration technique ou de poudre aux yeux, mais plutôt une parfaite maîtrise de chaque note avec un jeu précis et un soin particulièrement pointu accordé au son. Derrière le groupe un écran s’occupe d’ajouter des images spatiales ou biologiques comme des invitations philosophiques visuelles de synthèse.
A la reprise pour la seconde partie du spectacle Steven plein d’auto-dérision se moque du côté élitiste de la musique qu’il joue ce soir. Il demande dans un premier temps qui est venu comme accompagnant et n’est pas du tout fan. Quelques mains timides se lèvent et il se veut rassurant en annonçant que le prochain titre ne dure pas plus de 4mn. Il se réclame autant influencé par Pink Floyd que par Prince. Tout au long des deux sets, Steven Wilson va passer de la guitare acoustique à la guitare électrique puis délaisser les six cordes pour s’accorder une récréation sur divers claviers et machines électroniques. Les transitions sont mégas soignées. Mention spéciale au guitariste soliste Randy McStine qui possède un touché incroyable et nous régalera de quelques envolées sans jamais tomber dans l’outrance. Craig Blundell à la batterie n’est pas manchot non plus, son touché oscillant entre pure Rock et Jazz colle parfaitement. Au début du second set, Rotem Wilson, la femme de Steven, donne de la voix avant de repartir en toute discrétion.
On aura droit qu’à une seule reprise de Porcupine Tree ce soir, le reste de la setlist faisant la part belle à la discographie solo de l’artiste. Il faudra attendre Home Invasion pour entendre des applaudissements dès les trois premières notes. En revanche, chaque fin de titre est saluée très activement par le public qui n’hésite pas à se lever pour montrer un respect presque religieux envers les musiciens. Les remerciements ne sont pas de simples politesses, ils sont sincères, le sourire et les yeux pleins de reconnaissance pour le cadeau que Steven et ses musiciens nous font.
Autre marque d’un respect immense, là où Ghost emprisonnait les téléphones portables dans des pochettes pour inviter le public à s’en passer pour profiter du concert à 100%, Steven se contentera de poser quelques affiches demandant poliment de ne pas filmer ou prendre des photos du concert. Force est de constater que pour le public de ce soir, la simple demande aura suffi. Pas un seul téléphone n’a été utilisé à notre connaissance. La concentration et l’attention était totale. Il faut reconnaître que contraint ou non, un concert sans téléphones c’est vraiment une expérience agréable.