Suspendu entre l’ombre et la lumière, Solitaris révèle son abîme le plus profond avec Nahar.
Sorti le 17 avril dernier, le nouveau mini-album Nahar de Solitaris a rapidement été suivi d’une release party dont la couverture avait été faite ici. Ce troisième opus autoproduit vient explorer en huit titres et une vingtaine de minutes un doux chaos musical, dont certains extraits avaient déjà teasé une ambiance sombre et introspective.

L’ouverture se fait sur Nihil Obstat, signifiant “rien ne s’oppose” en latin, qui donne une allure déjà très sombre mais ambivalente au tableau. L’ambiance se veut lourde, lente, avec une voix féminine pourtant flottante et tourmentée. Vala vient immédiatement casser ce flottement latent pour proposer quelque chose de rapide et d’agressif, à la limite colérique. Pourtant on retrouve cette double voix que l’on connaît bien qui apporte ici une légèreté amère sur ce qui semble être une sorte de refrain. La puissance qui s’en dégage est tout aussi palpable sur Ignis ainsi que sur les autres titres de l’album et c’est d’ailleurs ce qui fait tout l’attrait de cet opus ainsi que du groupe en général, pour le plus grand bonheur de votre rédactrice et d’ailleurs de tous les fans ! Les titres d’Ignis et Vala sont d’ailleurs au même titre que Nahar et Aira les morceaux qui étaient déjà disponibles à l’écoute en single un peu avant la sortie de l’album, mais Nahar semble marquer un pivot et laisse une sensation toute particulière à l’écoute. Voix plus en retrait, ligne de basse qui semble presque la remplacer et deuxième voix qui flotte sur la même hauteur sur une partie du titre, nul doute que cela fait partie de la descente aux abysses amorcée.

Vae Soli est surtout un interlude musical qui ramène un peu sur un flot calme, mais dont on sait qu’il ne dure que peu. Au final l’album permet de nous faire découvrir les deux titres Erase et Opal qui ont l’air d’avoir été fait pour embarquer la basse sur les devants des pistes. Erase est sans nul doute le titre le plus sombre et grave de toute leur discographie actuelle, à l’inverse d’Opal qui semble presque venir ramener le tableau global vers la surface, avec une voix uniquement flottante voire presque chuchotée. Le chant énervé est ici quasi absent ou tout du moins très en retrait sur cette voix habituellement bien plus secondaire, qui amène un sentiment proche de la tristesse. De quoi laisser songeur mais tout de même admiratif, au même titre que la voix féminine que l’on retrouve régulièrement qui intervient juste à la fin du titre. Aira vient clôturer proprement le tout, avec un son que l’on pourrait plus leur connaître d’ordinaire mais avec cette seconde voix qui s’est faite sa place et qui sonne désormais comme constante. 

In fine, l’album se veut magistral dans les propositions et le renouvellement. La noirceur est systématique et en escalade, avec une dissonance à la dimension à la limite du mystique. La puissance musicale toujours présente est clairement la force maîtresse du groupe et de Nahar dans son intégralité. Si vous venez chercher des titres chantants passez votre chemin, mais si vous cherchez de quoi vous prendre au trip et vous accrocher pour un retournement de cerveau instantané, vous êtes clairement tombés sur la pépite qu’il vous faut ! Avec tout cela, les 20 minutes semblent bien trop courtes et il faudra patienter jusqu’à la prochaine sortie pour reprendre une nouvelle dose. Sinon vous pouvez juste vous aussi passer l’album en boucle. 

Tracklist : 
1. Nihil Obstat
2. Vala
3. Ignis
4. Nahar
5. Vae Soli
6. Erase
7. Opal
8. Aira

Titre incontournable : Nahar
Titre dont on aurait pu se passer : Vae Soli, à la rigueur si on n’aime pas les intermèdes
Titre ovni : Opal

18/20

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