Ce soir-là, le Baiser Salé affichait complet. Une cinquantaine de chanceux, serrés juste ce qu’il faut, venus découvrir la première d’un projet original porté par le pianiste et orchestrateur Benoît Sourisse, aux côtés de Jean-Marie Marrier: Frank Sinatra and the French Songbook, dont l’âme est de revenir aux racines françaises de certaines chansons popularisées par Sinatra, souvent méconnues du grand public. Un clin d’œil transatlantique, joué avec élégance et bonne humeur par un quintet au groove aussi fluide que généreux.
Sur scène, Benoît Sourisse est au piano, discret mais essentiel, véritable moteur de la soirée. À ses côtés, Jean-Marie Marrier, voix charismatique et un brin cabotine, mène le concert avec humour et décontraction. Entre deux couplets, il partage des anecdotes – notamment sur My Way, l’adaptation bien connue de Comme d’habitude. Il glisse malicieusement que Maria, la patronne du Baiser Salé, a failli interdire la chanson: « C’est pas du jazz ! ». Mais comme elle n’est pas là ce soir, on en profite… cela restera entre nous. Et puis, même si Sinatra prétendait ne pas aimer ce morceau, il devait l’apprécier un peu quand même: « elle lui a payé quelques appartements », lance Jean-Marie en riant.
La setlist déroule des perles: The Good Life (La Belle Vie de Sacha Distel), I Wish You Love (Que reste-t-il de nos amours de Charles Trenet), ou encore The Summer Knows (Un été 42 de Michel Legrand). Mention spéciale à What Now My Love (Et maintenant de Bécaud), qui prend une dimension presque tragique. L’orchestre est au diapason, précis et plein de nuances. Frédéric Loiseau apporte à la guitare un son feutré et élégant; Jean-Michel Charbonnel assure la contrebasse avec profondeur, tandis qu’André Charlier, à la batterie, insuffle un swing léger, tout en respiration.
Le public, de tous âges, embarque sans effort. Même un couple d’Américains de Seattle s’était glissé dans la salle, ravi de retrouver des échos de Sinatra revisités avec autant de classe que de malice. C’est toute la réussite du projet: donner un nouveau souffle à ces standards en rappelant leur origine française, sans les dénaturer.
Ce quintet ne se contente pas de jouer ensemble: il respire ensemble. Et cette première au Baiser Salé a prouvé qu’entre jazz, patrimoine et plaisir de scène, l’alchimie fonctionne. À suivre de près.
Setlist
The good life
What are you doing
summer me
I wish you love
the summer knows
c’est magnifique
what now my love
sand and sea
I love Paris
I will wait for U
My way
Leroy brown
Un grand merci au Baiser Salé pour l’accréditation et l’accueil et à Jean-Marie Marrier et ses musiciens pour leur disponibilité.