Nouvelle continuité
À la suite du concert de la veille, nous voilà invités à écouter le tout nouvel album de Linkin Park en avant-première. Trois titres avaient déjà été dévoilés sur la toile provoquant un évènement planétaire, il nous restait donc 7 morceaux pour compléter le tableau et nous faire une idée de cet album avant sa sortie prévue le vendredi 15 novembre prochain.
Premier créneau
Le rendez-vous était à Communale Saint-Ouen. Il s’agit d’une ancienne halle industrielle qui appartenait à Alstom et qui a été réhabilitée en immense lieu de festivité dédié aux arts en tout genre. Une pièce sans fenêtre avec une multi-projection sur les murs nous attendait. Pour y entrer, chaque participant doit enfermer son téléphone dans une pochette hermétique afin qu’aucun enregistrement ne fuite. Il ne sera possible de filmer qu’un titre, le single déjà sorti pour garder une trace de cette journée. Après un court laïus de l’organisation pour nous expliquer deux ou trois choses, l’écoute peut commencer.
From Zero se décline en 10 titres pour une durée totale de 35 mn. C’est relativement court, mais Linkin Park a toujours privilégié les morceaux courts avec des refrains qui arrivent très tôt dans le morceau, pas de solo, des breaks également très brefs et des conclusions cuts. From Zero est un pur produit Linkin Park, du genre qui renoue avec les fondamentaux et c’est exactement ce que les fans attendaient. Outre l’approche majoritairement Électro qui remisait les guitares au placard, on assiste au grand retour du graouh et le côté électronique reprend son rôle de soutien et d’enrichissement. Car ce disque est un vrai album de Néo Metal et nous ramène plusieurs années en arrière.
Évidemment, nous avons beaucoup d’attentes vis-à-vis d’Emily qui prend la place de Chester. On avait été rassuré par l’accueil des fans hier soir au concert, sur album c’est également un énorme oui ! Mais faisons rapidement le tour des titres.
- Emptiness Machine : On passera vite dessus car il s’agit du single déjà archi connu que toutes les radios diffusent en boucle depuis sa sortie. On y retrouve le Linkin Park des débuts avec le calibrage qui a fait son succès. Un titre qui n’est pas sans faire penser à Crowling dans sa construction ;
- Cut The Bridge : Sur ce second titre, on balance tout dès le début. On retrouve les grosses guitares et les infra basses, c’est l’autoroute de la simplicité en termes de composition, mais il faut reconnaître que c’est méchamment efficace ;
- Heavy Is The Cronw : Second single de l’album, troisième morceau. Ce titre est l’hymne officiel des mondiaux League of Legends de 2024, ce que confirme le clip diffusé sur les murs. Le Hip-Hop prend plus de place sur cette composition, Emily prend tous les refrains et s’arrache la voix sur un break bien badass ;
- Over Each Other : Troisième single. Sur ce titre Emily Armstrong prend le lead, Mike est quasiment absent au chant. Il s’agit d’un titre plutôt mélodique et mélancolique. Le sujet porte sur les rapports humains et le clip diffusé raconte une histoire plus figurative avec un accident et des disputes ;
- Casuality : Second titre de l’album totalement inconnu, dès le départ ça démarre très fort en voix saturée avec une Emily très puissante. On ressent tout de suite des influences plus Punk, ça permet au titre de contraster avec les trois premiers avec des rythmes limite Thrash par moment ;
- Overflow : Cette fois c’est l’Électro qui ouvre le morceau comme ça arrive souvent avec Linkin Park. L’ambiance est plus Dub sur ce titre avec des basses très présentes et bien renforcées par le système d’écoute très flatteur de la salle. Sans être aussi Pop que certains titres passés du groupe, le morceau est surement celui où la guitare est la plus discrète ;
- Two Faced : Comme pour Heavy Is The Crown on va avoir une alternance de couplets chantés par Mike et des refrains plus mélodiques repris par Emily. C’est du très classique avec un petit break très court pour ponctuer et repartir sur le refrain final. Tout arrive comme on l’attend, c’est du fan service et ça fonctionne très bien ;
- Stained : Une approche rythmique légèrement plus déstructurée, on ressent une envie plus Pop sur cette composition. Le refrain fait un peu penser à du Sia en plus rugueux ;
- IGYEIH : Là on est sur du pur Nu Metal avec une distribution des voix à la Evanescence, Mike ne fait que quelques ponctuation derrière les lead d’Emily. Les phrasés sont répétitifs et linéaires ;
- Good Things Go : Après une introduction plutôt Pop, le morceau reste sur un mid tempo plus reposant et sert la mélancolie sur un plateau avec le refrain. Sur ce titre Emily démontre son savoir-faire au chant.
Avec From Zero Linkin Park renoue avec ses origines Néo Metal. Emily apporte énormément à ce disque avec son timbre de voix en même temps assez proche de Chester dans les intentions mais avec toujours avec un peu plus d’outrance. En voix clair elle est moins larmoyante et la voix saturée, même si elle n’a pas ce déphasage qu’on appréciait tant chez Chester, envoie le bois à s’en faire exploser la rate. Cet album est un petit concentré du savoir-faire du groupe, nous c’est bien simple, c’est la première fois où on n’a quasiment pas besoin de faire de tri dans un album de Linkin Park. Tous les titres possèdent la même intensité et même si From Zero s’éloigne des expérimentations passées, il n’oublie pas pour autant d’introduire de la diversité. Mélodiquement c’est une réussite sur toute la ligne, on a la sensation d’être en terrain connu et pourtant, il y a toujours un choix de note à la marge moins évident, à laquelle on n’aurait pas pensé et qui fait toute la différence. Au fond c’est peut-être là que réside la force de Linkin Park, cette capacité à introduire de la finesse dans une construction simple. En définitive, il se pourrait bien que cet album soit le meilleur album de Linkin Park, ni plus ni moins !
Second Round
Comme on s’attarde un peu en discutant entre collègues, on nous invite à venir réécouter le groupe avec les fans qui ont acheté un billet de concert en mode premium qui leur donne droit de découvrir l’album avant tout le monde. Le single démarre et tout à coup, la musique se coupe. Une personne de la technique passe une porte et essaye de comprendre d’où vient le problème, semble tourner en rond… En fait, il s’agit d’une mise en scène. Car une surprise attend les fans. En effet, Mike Shinoda (chant/guitare/clavier), Brad Delson (guitare) et Dave Farrell (basse) passent la porte pour le plus grand étonnement des fans présents. Instantanément les rangs se resserrent autour d’eux. Le groupe échange quelques mots de remerciements pour le soutien qu’on leur apporte, quelques personnes posent des questions, nous avons même deux Indiens qui ont fait le voyage spécialement pour le concert à la U Arena (et peut être aussi en profiter pour visiter Paris ? Parce que bon… quand même). De notre côté, on regrette deux choses : la première c’est qu’Emily n’est pas là et on aurait aimé pouvoir lui témoigner nos encouragements parce que reprendre la place de Chester n’est clairement pas simple et elle s’en sort tellement bien qu’on parle de phase 2 pour le groupe. Les fans d’ailleurs le disent clairement, il faut continuer ! Emily est déjà adoptée par beaucoup et le concert d’hier l’aura confirmé définitivement. La seconde c’est que notre téléphone est sous scellé, on aurait bien pris une photo ou deux de notre rencontre.
Tracklisting :
1. Emptiness Machine
2. Cut The Bridge
3. Heavy Is The Crown
4. Over Each Other
5. Casuality
6. OverFlow
7. Two Faced
8. Stained
9. Igwyeih
10. Good Things Go
Titre emblématique de l’album : Emptiness Machine
Titre dont on aurait pu se passer : Overlow
Titre ovni : Overlow
18/20