Êtes-vous prêts à voyager ? Je vous pose cette question car Steven Wilson vient de sortir, le 29 septembre dernier, son septième album, The Harmony Codex.
Dès les premières secondes d’Inclination, premier titre de l’album de Steven Wilson, nous sommes charmés par une douce mélodie qui nous ouvre les portes vers une autre dimension. Ce moment de calme est éphémère et nous sommes très vite emportés dans un autre état psychique avec l’apparition des percussions rythmées. Je pourrais comparer ce morceau à une série de vagues arrivant sur la plage. Rouleaux mouvementés et eaux calmes s’affrontent (se confrontent) autant que les pensées narrées par le chanteur en quête de sincérité. L’artiste semble plus serein dans le deuxième morceau, What Life Brings. Il s’agit d’une balade à l’aide d’une guitare Les interrogations se ponctuent par une note d’optimisme ou une façon de se rassurer, en chantant à haute voix le discours suivant « Love it all (Lovе it all) and hold it in your hands (hold it in your hands) ». Telle une routine, l’accompagnement de la chanson Economies of Scale est redondant et semble en boucle. Est-ce une façon de nous signifier que l’économie d’échelle nous hypnotise ? Dans Impossible Tightrope (Funambule impossible), la contemplation est suivie par une réaction de la part de notre « fil-de-feriste » musical n’arrivant pas à trouver un parfait équilibre dans ses énergies. Les onze minutes s’écoulent très rapidement. La musique est rythmée et entraînante. Malgré leur nombre, chaque instrument trouve sa place et s’harmonise avec le précédent.
Je vous laisse définir les rôles que tiennent le violon, la guitare, les percussions,le saxophone et le clavier dans cette chanson aux courtes paroles : « Harmony little sister / Find your way through the fog / A bed of silence. The howl of the wind ». Puis, avec la chanson Rock Bottom, nous arrivons à la moitié du livre des harmonies. Le souffle de la chanson précédente donne place à de nouveaux horizons. Il s’agit d’un puissant duo avec la chanteuse Ninet Tayeb parlant de ne pas perdre espoir, de rester en vie, qu’elle ressent dans ses os qu’une nouvelle vie vers l’inconnu reviendra. Beautiful Scarecrow : le bel épouvantail imaginaire coupe les ailes et les jambes, asphyxie l’air de la pièce et invite le doute dans le codex. Le morceau suivant est aussi le titre de l’album : The Harmony Codex.
Je crois que c’est l’un des titres qui me déstabilise le plus. Avec la musique au synthétiseur un peu angoissante mais addictive, j’ai cru faire un retour dans les années 90 du temps de Vangelis, Mike Oldfield, Enigma ou Faithless. Je ne sais en revanche pas si ce clin d’œil est volontaire. Une voix douce et féminine raconte une histoire par-dessus l’instrumentale en boucle. Difficile de savoir si la narratrice était en train de méditer ou dans sa phase d’endormissement. Tel un big bang, la conjugaison de la boucle initialement stressante et des notes de guitares donnent naissance à un morceau harmonieux. Time is running out : non, Steven Wilson n’a pas repris le célèbre titre de Muse ! J’ai essayé de trouver un sens aux paroles de la chanson, avant de lire les deux dernières phrases, « Cause it’s just rock’n’roll with no quality control / And time is running out… » et de déduire que le temps passe trop vite pour chercher des significations à tout ce qui nous arrive !
Dans Actuals Brutal Facts, le ton est agressif. Les paroles sont-elles à prendre comme argent comptant, ou la phrase « Misdirection from the actual brutal facts » nous pousse-t-elle à lire les paroles à l’envers, qui refait que la chanson deviendrait finalement un hymne à la simplicité et à l’authenticité ? Il est maintenant temps de parler de la chanson finale : Staircase. A vouloir toujours plus (d’argent, de technologie, de sentiment d’appartenance), nous oublions l’essentielle : vivre !
Hypothèse à propos de la couverture du CD, conçu par Carl Glover, présentant les superbes illustrations de Hajo Mueller : l’album comporte dix titres. Le même nombre de carrés est présent représentant un escalier. Assembler ses dix chapitres indépendants nous donne-t-il le chemin à suivre pour accéder à l’harmonie ?
J’espère que ce voyage en compagnie de Steven Wilson et ses compagnons de route Ninet Tayeb, Craig Blundell, Adam Holzman, Jack Danders ou Sam Fogarino vous aura plu.
Tracklisting :
1. Inclination
2. What Life Brings
3. Economies of Scale
4. Impossible Tightrope
5. Rock Bottom
6. Beautiful Scarecrow
7. The Harmony Codex
8. Time is Running Out
9. Actual Brutal Facts
10. Staircase
Titre(s) emblématique(s) de l’album : Impossible Tightrope et Bottom
Titre ovni : Il n’y a pas forcément d’ovni. C’est un album de Rock Prog explorant plusieurs styles.
Titre(s) dont on aurait pu se passer : Aucun.
18/20