Chaud & Froid
C’est à croire que le chanteur hyperactif s’ennuie, non content de jouer avec deux groupes à la notoriété internationale, Slipknot et Stone Sour, voilà qu’il nous présente CMF2, son second effort en solo. Dès la première écoute, on retrouve la patte du chanteur mais sur des titres qui n’auraient pas tous pu être joués par les deux groupes suscités. Les récentes déclarations du chanteur font état d’une motivation égotique liée à un manque de reconnaissance personnelle dans les deux groupes. Serait-on en train d’assister à une émancipation ?
L’album se présente sous deux aspects principaux, un côté doux avec des ballades limites Folk et un côté plus énergique sur des titres plus Metal. Pour autant, même si on reconnaît le côté clinique de la production et la manière de composer les titres (précision de jeu, arrangement efficace et voix variées du grawl à la vocalise mélodique) on va trouver sur cet album, des morceaux qu’on aurait du mal à imaginer dans Stone Sour ou Slipknot. Et c’est tout à l’honneur du chanteur d’utiliser son nom pour proposer des titres neufs et plus personnels, on avoue n’avoir jamais compris les artistes qui partent faire un disque en solo pour pondre exactement la même musique que ce qu’ils font dans leur groupe.
Alors du coup, qu’est-ce qui change vraiment avec ce CMF2 ? Si on prend les ballades, on note qu’elles sont nettement plus dépouillées, avec des arrangements plus simples où la voix prédomine et la guitare acoustique s’avère être le principal élément du morceau. Ça va du Folk irlandais à la balade Country à souhait. On a même droit à une touche de ukulélé sur The Box qui ouvre l’album. Les chansons plus énergiques sont, elles-aussi, assez variées, avec des relents de Punk comme sur We Are The Rest ou Talk Sick. On retrouve aussi des morceaux plus classiques sur un album chanté par Corey Taylor avec Beyond très Rock US à la Stone Sour ou encore All I Want Is Hate qui recolle avec les influences de Slipknot. On est même en droit de se demander s’il ne s’agit pas de chute d’album de ces deux groupes. Enfin, Someday I’ll Change Your Mind représente une curiosité et c’est sûrement pour cette raison qu’il a été placé vers la fin de l’album. On retrouve le chanteur sur un registre un peu inattendu avec ce titre aux allures plus positives. On pense immédiatement à de la Pop anglaise à la U2 ou Coldplay.
On a donc dans les esgourdes un album tout plein de relief, Corey Taylor tape assez large pour plaire à l’ensemble de son public et ajoutant de petites touches personnelles afin de les inviter à aller encore un peu plus loin avec lui. Si la démarche est intéressante artistiquement parlant, on n’est pas sûre que les fans les moins ouverts suivront le chanteur dans cette voie. Mais la perte sera sûrement compensée par de nouvelles oreilles qui n’attendaient pas forcément Corey sur de nouveaux registres. Si l’ensemble parfois manque de cohérence, le côté récréatif conviendra aux plus éclectiques.
Corey Taylor sera de passage à Paris au Trianon le 19 novembre 2023, on a hâte de l’entendre défendre tout ça en live.
Tracklisting :
1. The Box
2. Post Traumatic Blues
3. Talk Sick
4. Breath Of Fresh Smoke
5. Beyond
6. We Are The Rest
7. Midnight
8. Starmate
9. Sorry Me
10. Punchline
11. Someday I’ll Change Your Mind
12. All I Want Is Hate
13. Dead Flies
Titre emblématique de l’album : Beyond
Titre dont on aurait pu se passer : The Box en ouverture d’album est un choix curieux, on l’aurait placé plus loin dans la setlist, mais il reste un titre très agréable à écouter
Titre ovni : Someday I’ll Change Your Mind
15/20