GUNS N’ ROSES : Les Derniers Géants – Mick Wall [Hachette Heroes]
Lorsqu’on lit une biographie sur un artiste ou un groupe d’artiste, il est toujours intéressant d’en savoir un peu plus sur l’auteur. S’il s’agit de l’artiste lui-même ou d’un proche de l’artiste, on peut être un peu prêt sûr que l’histoire conservera un point de vue assez peu objectif, même si des exceptions existent. Ce manque d’objectivité s’exprima à décharge ou à charge, mais on sait qu’il s’agira d’un récit exposant un regard personnel et non d’une démarche journalistique.
Mike Wall est un journaliste anglais très reconnu dans le milieu. Il est connu pour avoir travaillé au sein du magazine Sounds où il a traité principalement de la scène Punk et New Wave dans un premier temps, puis il s’est tourné vers le Rock et le Heavy Metal. Par la suite il diversifiera ses activités en créant une entreprise de relation publique au service d’artistes très connus, il travaillera aussi pour Virgin Records en tant qu’attaché de presse. C’est ensuite qu’il intégrera Kerrang ! où il tiendra la place du reporter principal pendant 9 ans. Depuis il a fondé le magazine Classic Rock et présente des émissions sur divers médias radios et télévisuels. Il a écrit de nombreuses biographies dont celle de Black Sabbath, Iron Maiden, Bono et donc ce livre sur les Guns. Beaucoup de ses livres n’ont pas été traduit en Français, il semble que l’auteur a déjà écrit au moins deux livres consacrés aux Guns N’ Roses. Du coup, ce dernier effort sur le sujet se veux être l’ultime bafouille de l’auteur concernant ses rapports avec les Guns et son leader.
Car Mick Wall a été un proche du groupe à ses débuts. Il les a suivis de plus ou moins prêt et a côtoyé régulièrement ses membres dans le cadre de son travail, il a développé une vraie relation avec eux. Mais Axl le fait tomber en disgrâce à la suite d’une interview ne lui convenant pas (tout est dans le livre pour les détails). Pour autant le journaliste n’est pas dans une démarche de revanche comme il est précisé au dos de la couverture.
Le livre démarre sur une note mélancolique sur Sunset Strip et la période qui a vu naître un nombre de groupes impressionnant avec des grosses pointures comme Mötley Crüe, Poison et les Guns en tête de pont. On y découvre l’ambiance à Hollywood et on se rend compte que tout était fête, excès avec la musique en toile de fond. La suite va rapidement se concentrer sur les Guns en commençant par détailler d’où sont issus chacun des membres originels, puis en suivant l’évolution de leur rencontre à leur grand retour en 2015 en passant par la séparation. Le récit est sans complaisance mais également sans animosité. On sent que Mick Wall a tenté de raconter les choses les plus factuellement possible en parlant des bonnes choses et des mauvaises sur un ton égal avec beaucoup de recul. Beaucoup de détails sur la vie privée et sur les intervenants mêlés au business apportent énormément d’indications sur ce que représentait la vie du groupe. On y apprend beaucoup sur la psychologie d’Axl Rose qui n’est absolument pas présenté comme un simple connard qui a pris la grosse tête (même si c’est tout de même un peu le cas), mais plutôt comme quelqu’un de profondément malheureux et qui gère difficilement le succès et son passé. Pour autant rien ne lui est épargné, rien n’est caché, simplement tout est expliqué dans le détail tordant le coup à pas mal de rumeurs qui circulaient à l’époque de l’apogée du groupe ou de son silence radio.
Le style littéraire est très journalistique. Parfois le cheminement est quelque peu décousu avec des allés/retours sur des anecdotes qui font perdre un peu le fil du récit. L’auteur fait également quelques cliffhangers qui tombent parfois à plat car sans réelle suite. Certains passages sont difficiles à suivre quand la vie du groupe va à 100 à l’heure, mais tout se calme à la moitié du livre. On peut dire que le rythme du bouquin suit le rythme du groupe. Pour écrire tout ça, Mick a puisé dans son vécu avec les Guns, mais il a aussi été à la pêche aux informations en parlant avec les différents protagonistes ou en puisant dans les autobiographies comme celle de Slash ou de Steven et divers autres sources écrites.
Guns N’ Roses – Download Festival 2017
Alors qu’est-ce qu’on apprend finalement de plus dans ce livre qu’on ne trouve pas déjà dans les précédents ? Pas énormément de faits nouveaux il faut bien l’avouer. L’histoire, dans ses grandes lignes on la connait déjà. Mais avec Mick Wall, on entre un peu plus dans l’intimité du groupe, on ne cache rien des détails, même les plus sordides. Les membres des Guns ne sont pas présentés comme des demi-dieux du Hard Rock même si on sent énormément d’admiration de la part de l’auteur, mais comme des êtres humains souvent dépassés par ce qu’ils sont en train de vivre. Idem avec l’Entertainment, la guerre des managers, les petites amies, la drogues et les excès etc. Axl reste un connard, mais on comprend mieux pourquoi, Slash, Duff, Adler et Izzy restent des toxicomanes à la coolitude apparente. On rencontre aussi les tiers qui ont compté comme Niven ou Goldshtein, les managers. Le premier étant le bon stratège du groupe alors que le second faisait plus figure de « yes man » d’Axl. Mais surtout on prend conscience que les membres des Guns n’ont pas été heureux. Lorsqu’ils étaient au sommet pour nous divertir, le groupe était une prise de tête impossible à vivre principalement à cause de son leader, un Axl en réalité terrifié par ce qu’il était et tellement dépendant du regard des autres qu’il était capable d’annuler des concerts pour ne pas avoir à les affronter, mais aussi parce que le reste du groupe ne vivait qu’à travers les substances interdites laissant Axl seul pour affronter ses démons et la direction du groupe. Malheureux aussi loin les uns des autres dans leurs carrières solos, ressentant un manque certain que les égos empêchaient de soigner. On ne peut s’empêcher de penser que la carrière des Guns aura été un immense gâchis avec au moins 20 ans de perdu (voir plus) à cause d’égos et de défauts de communication entre les deux figures incontournables du groupe. Combien de bons albums auraient pu voir le jour durant cette période ? Tout ça pour finir par se reformer et devenir un groupe de scène qui ne produit plus rien de nouveau.
On ne va pas se mentir, même si le style est parfois compliqué à suivre, c’est une excellente biographie qui donne un regard plus neutre sur l’aventure Guns n’Roses et qui complètera parfaitement la lecture des autobiographies ou des biographies des membres pour la diversité des points de vue qu’elles apportent. S’il ne fallait lire qu’une seule bio sur ce groupe, c’est assurément celle qu’on vous encourage à lire pour son regard extérieur et passionné.
« Guns N’ Roses cherchait à faire carrière. Ils ne voulaient pas de votre amour. Ils n’avaient pas besoin de devenir d’abord des rock stars pour être accros à l’héroïne, ils n’ont pas attendu l’accord de la presse Rock pour vous pisser sur la jambe. Ils ne demandaient pas la permission, et vous pouvez aller vous faire mettre. »
GNR : Les derniers géants
Mick Wall
17/20
Date de sortie : Août 2020
Livre broché format 152 x 230mm – 544 pages ou dispo en Ebook.
Vassago